À Rennes, l'attaquant argentin de l'OM a été transparent, et ce n'est pas la première fois. Inquiétant ?
Il y a les avants-centres qui n'ont besoin de personne pour se créer des occasions, et ceux qui ont du mal à exister sans alimentation extérieure. La première catégorie est idéale dans un 4-3-3, un schéma à une seule pointe où ils brillent par leur puissance physique ou leur jeu de tête. On peut citer, pour ne prendre que la Ligue 1, Moussa Dembélé (Lyon), Victor Osimhen (LOSC) ou Habib Diallo (Metz), dont les caractéristiques physiques et techniques sont adaptées à un certain isolement en pointe au milieu des rugueuses défenses centrales du championnat. Et puis, il y a la deuxième catégorie. Celles des joueurs de ballons, fins techniquement et amateurs d'échanges collectifs dans les petits espaces. Pipa Benedetto en fait partie, et on peut même ajouter Valère Germain. Il ne vous a pas échappé que ces deux attaquants axiaux sont les seuls dont l'OM dispose aujourd'hui, et qu'il ne jouent que rarement côte à côte. "Le système en 4-3-3 n'est pas le meilleur système pour Benedetto, c'est évident, estime le technicien marseillais Bernard Rodriguez. Le jeu offensif de l'OM favorise les milieux qui se projettent, comme Payet bien sûr, mais aussi Rongier et Sanson. L'OM n'est pas une équipe qui centre beaucoup et très bien. Dans ce système, Benedetto sert plus de point d'appui que de finisseur, ce qui ne le met pas toujours en valeur".
Il est bien plus à l'aise avec Germain ou Payet à ses côtés
Évidemment, il n'est pas question ici de parler d'échec concernant l'ancienne idole de Boca Junior. Au contraire, dès ses premiers matches, il a réussi à devenir celle des supporters olympiens avec déjà sept buts et une allure sur le terrain qui ne trompe pas. Le problème est plutôt de savoir pourquoi Pipa est capable d'être transparent de plus en plus régulièrement, à l'image du match Rennes-OM vendredi soir (1-0). La réponse est simple : que ce soit au Mexique (CF America) ou à Boca, Benedetto a toujours évolué aux côtés d'un deuxième attaquant et, dans ce contexte, il est capable aussi bien de finir que de faire briller son partenaire. Cet échange technique, il peut l'avoir à l'OM lorsque Dimitri Payet réussit à dézoner un peu plus dans l'axe, ou lorsque Villas-Boas passe en 4-4-2. C'était d'ailleurs le cas lors de la victoire de l'OM à Toulouse (0-2) où le changement de schéma avait débloqué la situation, et surtout permis à Pipa de sortir d'une traversée du désert de près de deux mois sans marquer. "Benedetto était trop esseulé pour pouvoir faire la différence, expliquait au Phocéen l'ancien buteur olympien Daniel Xuereb. Il a besoin d'un joueur à ses côtés pour combiner, et le but qu'il marque en est la preuve dans sa construction. Ce changement était absolument nécessaire, je m'énervais devant ma télé en me demandant quand Villas-Boas allait faire entrer Germain !".
On ne voit pas pour autant AVB changer de système
Encore une fois, le transfert de Pipa Benedetto à l'OM est une véritable réussite, avec déjà sept buts au compteur et un engagement contagieux. Mais on se doit aussi de souligner ces matches où l'Argentin semble seul au monde et incapable de faire parler son talent face au but. André Villas-Boas le sait plus que quiconque, lui qui a appuyé sa venue à l'OM. Reste à savoir si le Portugais est prêt à modifier un 4-3-3 qui, pour le moment, donne pleine satisfaction en terme de résultats. Ce serait très étonnant, et Pipa devra s'y faire...