Urgent : cherche pilote pour enfin décoller
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 23/09/2016 à 07:00
Né il y a cinquante ans à Bergerac, Franck Passi a été un bon milieu de terrain de Ligue 1, d'abord à Montpellier, puis à l'OM (1986-1988), Toulouse, Toulon et Monaco, avant de terminer en Espagne (Compostelle) et en Angleterre (Bolton). Un CV de joueur bien rempli, sans plus, qu'il prolongera avec une carrière d'adjoint, toujours à Compostelle puis à l'AS Cannes (National). Survient alors un retour à l'OM, où ses relations lui permettent de décrocher un poste de superviseur à la cellule recrutement. Un parcours finalement assez commun pour un ancien Olympien et que l'on ne voyait pas forcément aller plus loin. Mais le terrain le rattrape quatre ans plus tard, avec la prise en charge de la réserve en 2010 et une descente en DH qu'il ne parvient pas à éviter. Il remontera finalement en CFA2 la saison suivante. Mais c'est à la suite du départ de Didier Deschamps que l'ami Passi met un pied chez les pros. Il sera l'adjoint d'Elie Baup et enchaînera avec Marcelo Bielsa, puis avec Michel. Fidélité, discrétion et maniement de la langue espagnole sont alors les trois mamelles de sa longévité à l'OM. Mais quelques mois plus tard, l'incapacité de Michel combinée à la fermeture des vannes financières par l'actionnaire feront de lui l'entraîneur de l'Olympique de Marseille. CQFD.
Malheureusement pour lui, l'incroyable histoire de l'adjoint couronné de succès ne marche pas à tous les coups. N'est pas Gérard Gili qui veut. Si l'ancien gardien réserviste des années 80 a eu la chance d'hériter d'un effectif digne de ce nom au point de rafler un doublé coupe-championnat, Franck Passi a peu de chances de réitérer l'exploit. À la tête d'une équipe déséquilibrée qu'il n'a pas su, ou pas pu, renforcer au mercato, il lui est compliqué d'affirmer ce statut de patron par défaut et, surtout, il semble parfois flotter dans ce costume un poil trop grand. Un handicap qu'il réfute, évidemment, se réfugiant dans une stratégie d'autodéfense bien connue des entraîneurs en mal de résultats concluants. Une musique monotone, mettant en cause un effectif trop juste et des journalistes trop méchants, responsables évidemment du désamour entre les supporters et leur club. Il ne manque plus que les arbitres. En attendant, Passi tâtonne, tant dans sa communication que dans ses compos d'équipe, ou encore dans ses changements. Là où les chevronnés Lucien Favre ou Christian Gourcuff excellent, l'entraîneur olympien semble parfois improviser, comptant sur la chance du débutant. La mise à l'écart incompréhensible de Rolando, la sortie de Thauvin à l'heure de jeu, ou encore l'entrée de Sarr au poste d'arrière droit à Rennes - alors que Zambo s'en sortait miraculeusement bien - en attestent. Passi n'a peut-être pas de solutions, ni le bagage pour en trouver, pour l'instant en tout cas. Mais, qui s'étonnera d'un tel constat ? Qui a vraiment cru en cette solution ? Pas grand monde. Pas même celui qui l'aura mise en place, et c'est le plus navrant. À l'OM, en cette période de vacance du pouvoir, c'est pilotage automatique à tous les étages, même au sportif, et peu importe les conséquences. Il y a tellement d'équipes plus faibles que nous, n'est-ce pas ?
Foutaises. Le danger est bien là, et on se demande aujourd'hui qui a peur d'affronter ce navire fragilisé. Ceux qui planchent déjà, on l'espère, sur la future organisation ont l'obligation de prendre en compte l'urgence de la situation. L'effectif n'a pas été construit, il a été empilé au gré des opportunités sans tenir compte des besoins. Certains joueurs, et non des moindres, ne jouent même pas sans que l'on sache vraiment pourquoi. Surtout, l'équipe ne semble pas tenue, les joueurs n'ont pas toujours les plans de jeu nécessaires et comptent sur l'inspiration d'un Thauvin ou la hargne d'un Gomis pour gratter un point par-ci par-là. Pour l'instant, les langues sont tenues, mais elles se délieront au grès des prochains revers et la crise reviendra noircir un club qui n'a pas besoin de ça. Franck McCourt et Jacques-Henri Eyraud ont déjà les cartes en main et doivent sortir leur joker, avant même de s'installer au poste de pilotage. Assurons au plus vite le projet "OM Maintien", il sera alors temps d'enclencher le projet suivant...