Dimanche, à Guingamp, l'Olympique de Marseille avait livré une prestation insipide. Plus que la simple perte des trois points, c'est l'absence globale de projet de jeu qui faisait peur. Il fallait une réaction avec la réception de Lorient. Impérativement. Parce qu'après la trêve, deux matchs délicats se profilaient avec Nice et Lyon. Le coup du départ à 2 ou 3 points après 5 journées, c'est un boulet qui peut se trainer toute une année. Avec une semaine agîtée par les rumeurs de vente du club, les joueurs avaient une excuse en cas de contre-performance. Le fameux contexte, qui n'aide pas à l'épanouissement, même si bien sûr, on fait tout pour ne pas le prendre en excuse après coup. C'est un peu l'histoire de la saison dernière. Mais il y a donc des raisons de penser que cette saison, ce sera différent.
Parce que le match de Lorient n'a plus rien à voir avec la prestation proposé en Bretagne cinq jours plus tôt. Il y a eu une réaction. Sur le terrain, sur le banc de touche aussi. Tiens, il y a donc de la vie dans ce groupe. Franck Passi, qui a sûrement été agacé d'être résumé à son candide "tout va bien", a montré qu'il savait prendre des décisions, qu'il avait aussi des idées en tant qu'entraîneur. Retour au 4-4-2, avec 4 éléments offensifs donc, et un Cabella qu'on excentre. Un choix sacrément payant puisque si Leya Iseka, le petit nouveau dans la compo, a peut-être été le moins bon des Olympiens individuellement, c'est peut-être lui qui a permis aux autres de mieux jouer. Thauvin sur le côté droit et Cabella à gauche n'ont presque fait parler que leurs qualités balle au pied. Gomis s'est engouffré dans les brèches et le sens de la passe de Machach a fait du bien. Certes, "El local" n'a pas attendu l'heure de jeu pour passer à un schéma plus défensif, sortant un attaquant pour Zambo Anguissa. Mais cette victoire était tellement importante que cela peut se comprendre. Dix minutes plus tard, alors qu'il voyait bien que l'association Machach-Zambo en relayeurs ne marchait pas, il a de nouveau pris les choses en main, repassant en 4-2-3-1 avec l'entrée d'un Khaoui qui a redonné de l'allant offensif.
De l'allant offensif. C'est exactement ce que cette équipe a montré au public qui s'était déplacé pour la voir jouer. Dans la semaine, dans la nouvelle émission "Le Vestiaire" sur SFR Sport 1, William Gallas expliquait que cela pouvait être dur à l'OM, que le public était exigeant mais c'était avant tout parce que c'était un public de connaisseurs. Parfois, certains journalistes, ou consultants, aiment les réduire à une formule très connue : "Mouillez le maillot". Comme si les abonnés du Vélodrome n'étaient capables uniquement d'admirer des boeufs qui s'imaginent taureaux. Ce n'est évidemment pas le cas. A Marseille, la devise qui prime, c'est "Droit au but". Et si cette équipe ne fera peut-être pas tomber le record de la meilleure attaque sur une saison, elle a au moins le mérite d'essayer. A l'image d'un Thauvin qui tente, qui ne réussit pas tout, mais qui a des restes de son travail avec Bielsa, mettant toute son énergie en oeuvre à la perte du ballon pour tenter de le récupérer. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo, il explique que cela tient plus du mental que du physique. Un véritable état d'esprit, qui anime également la défense. L'arrière-garde a certes des limites dans le domaine de la relance mais elle a le mérite de ne jamais lâcher. Alors oui, cette équipe n'est peut-être pas armée pour se mêler à la lutte pour le podium en Ligue 1. Oui, il suffit qu'il y ait des blessés et des suspendus pour que cela devienne très compliqué. Mais si elle garde cette mentalité et cette volonté de bien faire, elle peut être sûre d'une chose : elle pourra compter sur le soutien de l'armée des Marseillais. Qui ne demande finalement qu'une chose depuis un an, bien plus que Bielsa ou des recrues clinquantes : une équipe dont elle peut être fière. Ca en prend le chemin.