La défaite à Troyes n'est pas à mettre dans le même sac que l'accident valenciennois. Là, c'est l'animation offensive qui a posé problème.
L'OM a perdu à Troyes sa place de leader et son attaquant phare. Ca fait beaucoup. Si la première sortie de route à Valenciennes fut sans conséquence directe, ce nouveau dérapage laisse des traces.
Déjà, les coéquipiers d'André-Pierre Gignac donnent l'impression de ne pas s'être remis de la sortie prématurée de leur attaquant numéro 1 depuis le début de saison. Peut-être la preuve qu'ils se reposaient trop sur lui, le double buteur contre Paris, le leader de l'attaque, comme il l'avait confié au soir de la victoire à Nancy (0-1) : "Dès que je suis sur le terrain et que je commence à prendre de l'importance, je peux mener mes coéquipiers vers le haut, j'aime bien haranguer mes coéquipiers, je suis comme ça, c'est dans ma nature." Gignac était devenu un point de repère indispensable, ce que Loïc Rémy n'est pas, ou plutôt, n'est plus. Il se peut que cela ne soit que temporaire et que l'attaquant redevienne rapidement le sauveur de l'équipe, comme à pareille époque la saison dernière. Mais il n'y a aucune certitude. Quant à ceux qui rêvaient tout haut d'une association Gignac-Rémy, ils sont renvoyés à leur étude : il faudrait déjà que les deux joueurs soient en forme au même moment. Toujours pas gagné.
Cette saison, après un début de championnat parfait, l'équipe accuse le coup et file sur une mauvaise pente (1 point pris sur les 3 derniers matchs). À l'image des décisions arbitrales qui n'ont pas tourné en faveur de l'OM (sans être flagrant, le penalty sur Rémy aurait pu être sifflé, comme le hors-jeu de Nivet sur le but de Troyes...), on se dit que l'OM est rentré dans une spirale négative. La fameuse théorie des cercles vicieux et vertueux. Mais à Troyes, ce qu'avait réclamé Élie Baup n'a avant tout pas été respecté : les Olympiens ne se sont pas mis au même niveau que les Troyens dans l'investissement. Il n'y qu'à voir la fin du match, après le but de Nivet où ils se sont enfin dépouillés, comme le faisait remarquer Rod Fanni : "Quand je vois comme on fini, avec beaucoup de gaz, je me dis qu'on n'a pas forcément donné le maximum."
Pourquoi diable alors l'OM en a gardé sous la semelle tout au long du match ? Alors que Furlan s'est offert un double changement à la pause (Nivet et Darbion à la place de Bahebeck et Yattara) pourquoi ne pas avoir pris le pari de faire plus offensif que le 4-2-3-1 servi depuis le début de saison ? Sur le plateau du Talk Show, Maxence Volpe avoue qu'il aurait aimé ne pas attendre l'heure de jeu pour voir Jordan Ayew rentrer : "Surtout qu'il a prouvé qu'il était capable de marquer des buts. Parce que qui va t'en marquer sinon ? Il n'y a qu'à voir notre classement des buteurs cette saison". De plus, le jeune attaquant a remplacé Morgan Amalfitano, qui, comme contre Paris, ne semblait pourtant pas en bout de course. "Moi, je ne l'aurais pas sorti, tout se passait de son côté. Une fois qu'il est sorti, il n'y avait plus de jeu" ose l'Algérino (voir la vidéo). C'est vrai qu'il y avait à ce moment là peut-être un joueur de trop dans la doublette Cheyrou-Kaboré, désignée clairement comme un des points faibles de l'équipe sur cette partie. L'OM s'était présenté comme un favori avant le match, mais n'a pas assumé pleinement son rôle que ce soit dans les intentions ou bien dans le jeu, avec un record de 53 centres inutile, traduisant surtout le manque de verticalité de la formation phocéenne, pour le coup aussi prévisible qu'un jeu de mots sur Troyes.
Pour contrer la spirale, l'OM a des solutions. Joey Barton en a bientôt fini avec sa suspension, il va donc pouvoir postuler dans l'entrejeu et montrer à ses camarades ce que l’appellation "box-to-box" signifie. Souleymane Diawara et Lucas Mendes pourront apporter une présence dans les airs aussi bien offensivement que défensivement. Pas du luxe à la vue des deux occasions troyennes (une transversale, un but), provoquées par deux corners. Il y a aussi de quoi penser que ceux qui ont pleinement vécu ce deuxième revers en tirent rapidement les enseignements nécessaires, notamment en terme d'efficacité et d'animation offensive. Il n'y a pas de raison. Ou alors, il faudra commencer à croire ceux qui parlent d'un début de saison en surrégime.
R.C.