Un Villas-Boas version Jardim cet hiver

Au lendemain de la victoire de l'OM à Saint-Etienne (0-2), L'Équipe titre sur "un OM impitoyable", solide, efficace et qui accentue encore son avance sur les poursuivants pour la deuxième place. Un bon résumé de ce qu'est cet OM version hiver : moins de possession, moins d'envolées offensives, mais avec un bloc défensif impénétrable. Devant, le talent d'un Payet ou les fulgurances d'un Radonjic comme à Geoffroy-Guichard font le reste. Un nouvel aspect clairement assumé par André Villas-Boas au vu des défaillances physiques affichées ces derniers temps par son équipe. Du coup, l'esthète du jeu AVB a rangé provisoirement son obsession de la possession pour un réalisme froid, à l'image de ce que faisait son compatriote Leonardo Jardim à Monaco, et ça marche.

"On voit aujourd'hui un Villas-Boas qui s'adapte aux équipes adverses, avec de longues relances devant"

Cette nouvelle tendance répond certainement au coup de mou observé depuis la reprise de janvier, lorsque l'OM peinait à se débarrasser de Trélissac et Granville en coupe de France ou d'Angers à domicile. Alors qu'il ne se préoccupait guère du jeu de l'adversaire lors de la première partie de saison, AVB le fait beaucoup plus aujourd'hui, comme l'explique le consultant du Phocéen Jacques Bayle : "Il y a effectivement du Jardim dans la mesure où on voit aujourd'hui un Villas-Boas qui s'adapte aux équipes adverses. On l'a vu hier à Saint-Etienne, face à Bordeaux et même Angers. Il dissocie clairement les phases défensives et offensives, ce qui se vérifie dans les relances par exemple. À Geoffroy-Guichard, l'équipe n'a quasiment jamais cherché à ressortir de derrière balle au pied en passes courtes. On était plus sur de longues relances devant en recherchant le deuxième ballon. Compte tenu du contexte actuel où certains joueurs faiblissent physiquement, cette nouvelle tactique est très intéressante".

"Jardim a été très pragmatique à l'époque. Il a vu que l'équipe prenait beaucoup trop de buts et il s'est adapté"

Un aspect du jeu qui rappelle donc le Monaco de Jardim de la première phase, en 2014, lorsque le Portugais s'est attaqué aux fondations d'une équipe portée vers l'avant, mais beaucoup trop friable derrière. C'est ce que rappelle au Phocéen le journaliste de Nice Matin Mathieu Faure : "Jardim a été très pragmatique à l'époque. On le présentait comme un professeur de football qui proposait du jeu, mais il a vu que l'équipe prenait beaucoup trop de buts et il s'est adapté en mettant un bloc assez bas et en misant sur le talent et la vitesse de ses attaquants. Il s'est rendu compte que ça marchait et il est resté comme ça, y compris l'année du titre. Ce n'était pas une équipe de possession, elle avait une charnière centrale très forte, Fabinho en sentinelle et deux relayeurs très actifs. Je ne sais pas si c'est viable sur le long terme, mais c'est parfait quand tu as besoin de te rassurer". Et c'est exactement ce que fait Villas-Boas cet hiver, en insistant sur la qualité de son axe central et sur le talent de son prestidigitateur Dimitri Payet (voir la vidéo). Compte tenu du calendrier infernal de l'OM, avec notamment les deux prochains déplacements à Lyon et Lille, il ne serait pas étonnant de le voir persister dans cette voie. Tant mieux, ça marche...