Top5 : les souvenirs espagnols de l'OM
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 17/02/2016 à 07:00
Ca y est, nous y sommes. Ce n'est pas pour dénigrer Braga, Liberec et Groningen, après tout, l'OM a dû attendre en décembre dernier l'ultime journée de phase de poule en Ligue Europa pour assurer sa qualification, mais oui, ça y est, la "vraie coupe d'Europe" commence. Avec une double-confrontation à venir contre l'Athletic Bilbao, un adversaire séduisant, un déplacement qui l'est d'autant plus. Ce jeudi, les supporters de l'OM verront leur équipe se confronter à une formation qu'ils ont l'habitude de voir dans le week-end sur BeIN Sport. Une équipe du meilleur championnat du monde, qu'on a tous envie de prétendre connaître sur le bout des doigts, c'est humain, avec les Laporte, Iturrapse, Aduriz ou Inaki Williams. Si ça se trouve, la logique du papier sera balayée une fois sur le terrain par l'équipe olympienne. Ca ne sera pas une première sur la scène européenne. C'est même là que l'OM a construit sa légende, sa réputation, une grande partie de son histoire. Et si les confrontations avec les clubs espagnols sont fraîches, puisqu'elles ont toutes moins de vingt ans, elles n'en restent pas moins vives dans les mémoires.
Forcément le plus mauvais souvenir. "Une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne" avait coutume de dire Didier Deschamps. Pour cette finale de coupe UEFA ça sera pire pour l'OM, qui aura le sentiment de ne même pas la jouer. La faute à Collina, l'arbitre de la rencontre, qui expulse Barthez juste avant la mi-temps tout en donnant un penalty à Vicente. Une double-sanction qui coupe la durée du suspense dans le match de moitié. Mais en réalité, c'est dès le départ que l'OM n'a pas disputé cette rencontre. Car cette équipe reposait sur un homme, Didier Drogba, et qu'il était diminué au moment du match. Les regards noirs doivent donc plutôt se tourner vers son entraîneur de l'époque, José Anigo, qui l'avait aligné en championnat à Monaco quelques jours seulement après la qualification contre Newcastle alors que les Phocéens étaient déjà totalement largués en championnat. Les Phocéens reviendront de Principauté avec une défaite mais aussi un coup de Julien Rodriguez sur la cheville de Drogba...
En phase de poule de Ligue des champions, l'OM tombe une nouvelle fois dans une poule difficile avec le Liverpool injouable de Torres et Gerrard, le PSV Eindhoven et un Atletico Madrid que l'on présente comme un possible outsider avec son fameux Kün Agüero en attaque. L'attaquant argentin ne se fait pas prier pour ouvrir le score, dès la 4e minute sur une action où il humilie Erbate. Niang a beau égaliser d'une superbe tête, les Marseillais s'inclinent finalement 2-1. Une défaite qui passe mal pour les supporters. Nombreux ont été maltraités par les fans des Colchoneros, même les membres du Handifan Club. Santos Mirasierra, la figure des Ultras, est lui emprisonné. Il sera finalement libéré quelques heures avant le match retour, un 0-0 au Vél sous une pluie battante dont il n'y aura pas grand-chose à tirer.
A deux reprises, l'OM tombera dans la même poule que le Real en Ligue des champions. Pas de surprise, ça sera 4 défaites face aux Galactiques. Reste néanmoins de beaux souvenirs, notamment pour la première confrontation, lorsque la bande d'Alain Perrin, composée de Runje, Hemdani, Méïté, Ecker ou encore Celestini a fait douter l'espace d'un quart d'heure les Zidane, Figo, Ronaldo, Beckham, Roberto Carlos et Raul. Drogba avait ouvert le score avant le réveil des stars. Un but de Van Buyten sur corner en deuxième mi-temps donne le sentiment d'une défaite honorable (4-2), sauf pour l'entraîneur de l'OM qui préfère humilier Steve Marlet en le sortant à la 35e parce qu'il n'a pas réussi à contenir Roberto Carlos sur le premier but. En 2009, l'écart sera plus grand au Bernabeu (3-0) mais Deschamps n'en fera pas toute une histoire. Le souvenir qui reste de ce match reste le tacle spectaculaire de Souley Diawara sur Cristiano Ronaldo, qui l'éloigna des terrains plusieurs semaines. C'est le seul à être arrivé à faire peur au bodybuildé portugais. Au Vélodrome, les deux matchs seront une histoire de coup franc. Celui de Beckham de près en 2003, celui de CR7 de loin en 2009.
Si le nom ne claque pas, l'OM a pourtant réalisé un bel exploit en sortant le Celta Vigo en quart de finale de la coupe UEFA en 1999. Car la formation galicienne était alors le poil à gratter de son championnat, bien plus qu'en ce début de saison, avec une équipe composée notamment de Michel Salgado, Karpin, Mostovoï et Makélélé. A l'aller, l'OM se dit qu'il faut l'emporter minimum par deux buts d'écart pour passer. Florian Maurice ouvre le score au cours d'une première mi-temps de grande qualité. Mais à l'heure de jeu, Stéphane Porato relâche un centre a priori léger. Le meneur de jeu russe en profite et marque ce fameux but à l'extérieur. Maurice redonne l'avantage à l'OM d'une belle volée mais ne parvient pas à marquer ce troisième but qui permettrait d'envisager le retour avec sérénité. Mais en Espagne, la formation de Rolland Courbis ira chercher sa place en demies au cours d'une partie où ils ont résisté comme jamais en défense, avec notamment un match brillant du jeune brésilien prêté au mercato Edson Da Silva.
Faut-il considérer la Coupe Intertoto comme un vrai trophée ? Les détracteurs du club marseillais n'ont pas fini de se moquer des Phocéens, un poil trop euphoriques ce soir-là, avec un Robert Louis-Dreyfus, milliardaire de son état, qui danse en claquettes avec ses joueurs pour la remise du trophée. Après tout, dès la saison suivante, l'UEFA changea la formule de ces tours préliminaires d'été, avant de les supprimer définitivement. Preuve que bon... Mais l'OM a quand même écrit une très belle page de son histoire ce soir-là. Peut-être le plus beau fait d'armes des années Pape Diouf. Et un trophée qui a peut-être plus de valeur qu'une Coupe de la Ligue qui s'attrape en quatre matchs et un tableau protégé, puisque là, il a fallu sortir les Young Boys de Berne, une Lazio qui finira sur le podium de la Serie A en fin de saison. Et donc le Deportivo La Corogne.
Au moment de se rendre au Vélodrome, l'équipe de La Corogne n'a pas beaucoup changé depuis sa demi-finale de Ligue des champions contre Porto, 15 mois auparavant. Le stoppeur que toute l'Europe s'arrache, Jorge Andrade, est là, tout comme Luque, Duscher, Tristan, Scaloni, Valerón... À l'aller, Jean Fernandez, qui démarre son championnat dans la zone rouge, a tenté de relancer Koji Nakata dans l'axe. Grosse erreur, l'OM revient d'Espagne avec un 2-0 dans les dents. Un score dur à remonter en Coupe d'Europe. Mais le Vélodrome est quasi plein : la plupart des places avaient de toute façon été vendues avant le match aller. Le scénario parfait est dans toutes les têtes : un but en première période, un but en seconde, et hop, la décision dans la prolongation. Et puis, La Corogne vient avec un nouveau maillot, aussi moche que celui qu'ils avaient étrenné quand ils s'étaient pris un 8-3 à Monaco. Alors... Ça démarre plutôt bien avec un but de Ribéry à la 7e minute. Dans une combinaison déjà bien huilée, Taïwo frappe fort un coup franc sur le goal, et la recrue de Galatasaray suit. Mais Andrade égalise sur un cafouillage dans la surface dans la minute. Le script parfait est bon pour la poubelle. Pour ne rien arranger, Ribéry se fait expulser avant même les 10 minutes. Il en était venu aux mains avec Duscher, peut-être pour venger Beckham en 2002. À la mi-temps, les spectateurs n'en mènent pas large. Tout comme Cédric Carrasso qui se fait chambrer par les joueurs espagnols en rentrant aux vestiaires. "Combien il faut que vous marquiez de buts ? Trois ? Ça va être difficile tout ça..."
Mais l'OM veut le faire. Et va le faire. Avec des coups de pouce, c'est vrai. Tout d'abord de l'arbitre, qui accorde à l'heure de jeu un but à Abdou Méïté malgré un sacré ascenseur sur son vis-à-vis, et qui expulse Capdevila sévèrement pour contestation. Puis de Molina, l'ancien portier de la sélection espagnole, qui se foire totalement sur un centre de Laurent Battles que Niang contre dans le but. À 3-1, à 10 contre neuf, et à un gros quart d'heure de la fin, les Marseillais n'ont plus qu'un but à mettre pour réaliser l'exploit. Le stade est en feu, et Jean Fernandez envoie tout, laissant sur la fin Nakata et Méïté derrière, Oruma et Batlles au milieu, Taïwo ailier gauche, le jeune Barry ailier droit, pour Mendoza, Koke et Niang en attaque. Et c'est justement le bon Mamadou qui délivre le Vélodrome sur un enroulé dans la surface à la 88e. Pour que la fête soit complète, Wilson Oruma dribble trois joueurs dans le temps additionnel pour marquer d'une frappe croisée. Carrasso s'empresse d'aller demander aux Espagnols si ça va ou s'ils en veulent un sixième. Folie sur la pelouse avec RLD donc, folie dans les tribunes, où l'on reste volontiers pour faire la fête.