Pour sa première sortie officielle, l'OM a déçu. S'il est ridicule de parler d'opération comptable après une journée, la pauvreté du contenu inquiète, donne presque raison à ceux qui promettent une saison à lutter pour le maintien. Heureusement, il y a le mercato. Mais il faut se faire une raison : si quatre ou cinq recrues sont à prévoir selon les estimations du staff technique, au vu de ce qu'il s'est passé ces dernières semaines, il ne faut pas attendre de miracle. S'il y a une solution pour se sortir de ce marasme, il y a de fortes chances qu'elle soit déjà dans l'effectif. Plutôt donc de rêver à une recrue inaccessible qui insufflerait une nouvelle dynamique dans le groupe, autant espérer qu'un déclic survienne pour un membre du vestiaire. C'est toujours plus réaliste. Dans cette optique-là, il y a forcément de quoi guetter avec attention le début de saison d'un homme, Florian Thauvin.
Contre Toulouse, Thauvin a réalisé une première mi-temps moyenne, à l'image du reste de son équipe. Mais contrairement à ses partenaires d'attaque, il avait une excuse. Une blessure à la cuisse, qui l'a contraint à laisser sa place à la mi-temps. Pas de quoi écorner l'image de celui qui est probablement le gagnant du mercato marseillais pour l'instant. Un coup de son agent, Fabrizio Ferrari. L'Italien était derrière l'offre de 25 millions d'euros de l'Inter Milan dans les derniers jours du mercato 2014. Si Thauvin avait décliné, le contact est resté. Cet été, Ferrari a donc joué de ses relations pour faire de Thauvin une priorité de la Lazio, forçant ainsi l'OM à s'aligner. Recruté à Newcastle contre une option d'achat obligatoire à 11 millions d'euros, "Flotov" va donc devenir, en cumulé, l'achat le plus onéreux de l'histoire de l'OM devant Lucho Gonzalez (le club avait déjà déboursé près de 15 millions d'euros pour l'arracher à Lille en 2013). Pour quel bilan ? 19 buts en 102 matchs. Mais en même temps, il n'a que 23 ans et semble parti pour faire encore un bout de chemin avec le maillot blanc. Car après avoir fait des pieds et des mains pour quitter Lille avant même d'y jouer un match pour rejoindre l'OM, le milieu offensif a refusé une offre financièrement supérieure de la Lazio Rome pour retrouver à nouveau la cité phocéenne. Rien ne lui a pourtant été épargné : il s'est fait huer par tout le Vélodrome à plusieurs reprises, a déjà dû quitter le stade en voiture en essuyant des coups et des crachats. Le sommet a sûrement été atteint en mars dernier quand un spectateur de Jean Bouin lui a envoyé une bouteille de Coca en plein dos pendant le match. Quelques minutes plus tard, le joueur marquait sur une initiative individuelle. Dans les semaines qui ont suivi, Thauvin a fait profil bas, multipliant les séances d'entraînement supplémentaires, la musculation, le fameux "travail invisible". Une attitude qui paie puisqu'aujourd'hui, le numéro 26 est l'élément qui a la plus grosse cote auprès des supporters. Loin devant Diarra et Cabella. L'état-major olympien a même pris en compte cette popularité au moment de le recruter, S'il n'a pas l'étoffe d'un capitaine, il peut être un des fers de lance de cette équipe, une figure sur laquelle le service marketing pourra aussi s'appuyer car au final, il est un des rares auquel le public a envie de s'identifier. Si ça tourne.
Et à ce sujet, il y a de quoi se dire que ça va enfin tourner comme il faut pour lui à l'OM. Après avoir été positionné à gauche par Elie Baup lors de son arrivée, meneur de jeu axial juste avant d'être transféré à Newcastle, Florian Thauvin va retrouver avec Franck Passi le couloir droit. C'est là qu'il a joué avec Bielsa. Mais le schéma n'a plus rien à voir. Alors qu'il faisait valoir son coffre avec l'Argentin, il va devoir se montrer décisif avec "El local". A bien y regarder, la configuration actuelle de l'OM ressemble à s'y méprendre à celle de Bastia en 2013, là où il a explosé pour aller chercher le titre de meilleur espoir de Ligue 1 (remporté depuis par Verratti, Fékir et Ousmane Dembélé, pour situer). Ce 4-2-3-1, avec un attaquant travailleur et un bloc amener à jouer bas, colle parfaitement aux qualités de vitesse de l'international espoir. Ne reste plus qu'à retrouver la même insouciance au moment de mettre un coup d'accélérateur. Et l'équipe entière n'aura plus du tout la même allure.