L'été dernier, dans les derniers jours du mois d'août, l'OM avait semble-t-il repoussé une offre de 25 millions d'euros en provenance de l'Inter Milan pour Florian Thauvin. Cette fois-ci, la fameuse offre de l'étranger est arrivée plus tôt. Mais elle est tout aussi rocambolesque : 17 millions d'euros plus le prêt de Rémy Cabella de la part de Newcastle. Et apparemment toujours non de la part des dirigeants marseillais. S'il n'est pas dit que ces propositions ne soient pas à ranger dans la catégorie du fameux fax du Zénit Saint-Petersbourg, qui proposait 18 millions d'euros pour Mathieu Valbuena après sa première saison en Ligue 1, elles offrent une certaine tendance sur l'attachement à Thauvin de la part de la direction de l'OM. Car alors que la saison ne s'était pas encore achevée, en mai dernier, Vincent Labrune était allé à Londres pour proposer le joueur à Tottenham...
Mais entre temps, André Ayew, André-Pierre Gignac, Rod Fanni, Giannelli Imbula, Jérémy Morel et Dimitri Payet ont quitté le club. Une saignée suffisamment grosse pour donner envie à l'état-major de couper le robinet, d'autant plus que la DNCG a eu les garanties qu'elle souhaitait. Florian Thauvin, qui sort d'une saison plus que moyenne avec l'OM, va donc avoir une troisième chance, au sortir d'une saison où il s'est mis tout le monde à dos. Son président, qui avait fait des pieds et des mains pour l'avoir et qui a assez mal vécu son attitude en fin de saison, son entraîneur, alors que son "lâche-moi gros porc" balancée en pleine séance d'entraînement a été rendu public dans la presse, et surtout le public du Vélodrome, qui n'a pas trop apprécié le voir applaudir ironiquement lors de ses sorties alors que l'ambiance était plutôt au pugilat. Pourtant, il a suffit de vacances et d'une reprise placée sous le signe des sourires relayés sur les réseaux sociaux pour inverser la tendance. Aujourd'hui, Florian Thauvin est à l'aise dans un groupe où personne ne va lui en vouloir de briguer le poste de numéro 10, avec une moyenne d'âge encore plus proche de la sienne. En confiance, il tente des gestes techniques spectaculaires à l'entraînement qui forcent l'admiration. Si tant est que le public le place de plus en plus dans le onze-type pour le début du championnat. Dans un récent sondage qui a réuni plus de 20 000 votants, deux tiers d'entre vous ne souhaitent pas le voir échangé contre Rémy Cabella. Thauvin s'apprête donc à marcher dans les pas d'André-Pierre Gignac : sifflé avant même de rentrer en jeu pour sa deuxième saison, présenté comme le sauveur alors que son troisième exercice sous le maillot blanc n'avait pas commencé.
Mais les dirigeants ont bien retenu la leçon. En théorie, cette saison devrait donc être sa dernière avec la tunique phocéenne. Si elle est réussie, il sera vendu au prix fort à deux ans de la fin de son contrat. Si elle ne l'est pas, il devra tenter de relancer sa carrière ailleurs avant que son statut d'espoir français, champion du monde U20, ne soit qu'un lointain souvenir. Marcelo Bielsa ne compte pas en tout cas lui faire de cadeaux. Au départ, le coach argentin pensait faire de Thauvin son nouveau Alexis Sanchez, tellement touché par les éloges de son mentor dans la presse qu'il avait multiplié par deux ses efforts à l'entraînement. Bielsa a noté que ça n'avait absolument pas produit le même effet chez Thauvin. A la vue des premières indiscrétions des entraînements, l'ancien Bastiais devra batailler ferme pour trouver une place sur les ailes avec Alessandrini, Ocampos, Nkoudou voire Sarr. Reste sa nouvelle disposition lors des séances, qui pourait bouleverser la donne ? "L'an dernier aussi, on l'annonçait métamorphosé, on disait que ça allait être sa saison, il avait même été impressionnant pour le premier match de préparation contre Leverkusen" fait discrètement remarquer un membre de l'effectif. Il faudra donc plus qu'un numéro (de maillot) pour arracher la place de Barrada tant convoité. Mais si le public est prêt à mettre de l'eau dans Thauvin, c'est déjà un premier pas.