Savourons l'instant

L'OM s'est imposé à Angers 2-0. Angers, depuis des semaines, le monde de la Ligue 1 en parlait comme une équipe trouble-fête, une surprise du championnat qui récoltait les fruits de son recrutement intelligent, saison après saison. L'espace d'une rencontre, l'OM l'a renvoyé à un tout autre statut : équipe du ventre mou qui sait rester à sa place face à un prétendant à l'Europe, s'estimant déjà heureuse de faire le plein à la billetterie avec tous les supporters que la venue en ville de l'Olympique de Marseille a ramenés. C'est plein d'orgueil, suffisant. Mais c'est une manière de savourer aussi, après un été passé à se demander si, au final, l'OM n'allait pas devenir un club comme Angers justement, destiné désormais au milieu de tableau, avec pourquoi pas un podium à jouer le jour où les planètes s'alignent.

André Midas Boas

Heureusement, Andoni Zubizarreta et Jacques-Henri Eyraud ont misé sur le bon cheval avec André Villas-Boas. Alors que le podium est un enjeu plus que capital cette saison, le Portugais a annoncé la couleur d'emblée et s'attèle depuis à prouver que ce n'était pas un effet d'annonce. Avec cinq victoires consécutives, AVB est sur un petit nuage. Plus qu'une victoire et il égale la meilleure période de Rudi Garcia à la tête du club, en janvier 2018. Parce qu'être entraîneur de l'OM cela a aussi des avantages, chacun de ses mouvements est aujourd'hui étudié à la loupe pour être loué par des supporters totalement acquis à sa cause, prêts à le défendre contre vents et marées, prêts à lui montrer les plus beaux coins de la région pour ses jours off en famille. Contre Brest, il avait brillé avec son envie d'aller chercher haut les Bretons, adeptes de jouer coûte que coûte. Contre Angers, il a fait le pari de laisser le ballon à l'adversaire. A chaque fois, les coachs en face s'inclinent (comme vous pouvez le voir en vidéo) et le public phocéen en redemande. C'est la période du pain blanc, chaque coaching fait mouche, chaque déclaration est une leçon de communication qui donne même envie à Clément Viktorovitch de se mettre au football, et cela vaut aussi pour le staff : la préparation physique semble avoir donné des ailes à certains, le nouvel entraîneur des gardiens fait le plus grand bien à Mandanda... 

Ne rien rater de l'histoire qui est en train de s'écrire

Cela ne va peut-être pas durer alors profitons. L'OM ne va pas gagner tous les matchs qui restent en Ligue 1, et ne va peut-être pas inquiéter plus que ça le PSG au sommet du classement. Et alors ? La saison est encore longue, et on est malheureusement bien placé pour savoir qu'une avance de points, ou un titre honorifique de champion d'automne, ne sert à rien. Mais en attendant, une histoire est en train de s'écrire. Celle d'un groupe revanchard mais aussi talentueux car c'est quand même un beau plaisir que de les voir jouer. En les regardant on a l'impression que le juste équilibre est trouvé entre technique, solidarité, virtuosité, expérience, fougue... Alors oui, forcément, on a envie de se tenir la main et de s'enflammer tous ensemble. C'est mal ? Il ne faut pas oublier que certains ont passé la saison de Bielsa à se dire que ça ne tiendra jamais. Ils n'ont commencé à apprécier l'Argentin qu'une fois qu'ils devaient se farcir les matchs de Michel. Pour l'instant, l'OM gagne et aspire à rester sur son nuage le plus longtemps possible. Pour ça, ils ne négligent aucun détail, alors vivons la série au maximum avec eux, sans avoir un oeil en même temps sur les classements ou les perspectives. On a le temps...