Recruté à grands frais comme joker, l'ancien milieu nantais est abonné au banc de touche pour le moment.
Dix petites minutes mardi soir à Dijon (0-0), pareil face à Montpellier (1-1) et guère plus lors de la victoire à Monaco (3-4). Avec trente minutes en trois matches, le temps de jeu de Valentin Rongier affiche une régularité incontestable. Ce que l'on demande à un bon milieu, sauf que l'ancien Nantais préfèrerait certainement se montrer régulier sur le terrain, et pas dans l'échauffement le long de la ligne de touche. Cette ligne, Rongier l'a parcourue inlassablement durant trois quarts d'heure au stade Gaston-Gérard, dans toute sa longueur, non sans manquer de jeter un oeil au banc de touche à chaque passage, histoire de se rappeler au bon souvenir de son staff technique. Mais ce dernier n'a pas mordu à l'hameçon, préférant faire entrer Radonjic, puis Lihadji, avant de se résoudre à lui offrir sa dizaine de minutes hebdomadaire à la 82e. Certainement pas le scénario prévu après une lutte si compliquée pour l'arracher à Nantes.
Pardo : "Quand je vois les matches de Strootman, j'estime que Sanson doit prendre sa place et laisser la sienne à Rongier"
Il faut dire qu'un joueur a rarement fait l'objet d'un tel acharnement pour signer à l'OM. On ne reviendra pas sur les détails, mais l'OM voulait tellement Valentin Rongier qu'on imaginait le voir rapidement titulaire. Lui aussi, d'ailleurs. Mais jusqu'ici les titulaires d'André Villas-Boas se nomment Strootman, Sanson et Lopez. Attention : il n'est pas question ici de faire de Rongier une victime de mauvais choix, ni de contester les options d'un Villas-Boas que nous encensons depuis le début de la saison. Lors des trois victoires consécutives, son milieu a d'ailleurs parfaitement fonctionné, et il n'est pas scandaleux de le voir reconduit. Ce qui interroge, c'est certainement plus le timing des entrées en jeu de Rongier, et notamment mardi soir à Dijon. En effet, il a semblé évident que l'entrejeu olympien était aux abonnés absents en Bourgogne. Des manques que pouvait parfaitement combler Rongier, au point que beaucoup prédisaient son entrée dès la mi-temps. Un raisonnement qui paraissait logique, mais pas pour AVB. "J'ai du mal à comprendre, explique au Phocéen l'ancien milieu de l'OM Bernard Pardo. C'est vrai que l'équipe était sur une bonne dynamique, mais le match face à Montpellier a montré qu'il y avait certaines lacunes au milieu et je pensais que Rongier serait titulaire à Dijon. Peut-être que le coach ne le juge pas encore prêt physiquement, ou qu'il a été perturbé par son transfert. On n'est pas dans le vestiaire. Mais, sur les qualités du garçon, je pense qu'il doit jouer. Quand je vois les matches de Strootman, j'estime que Sanson doit prendre sa place et laisser la sienne à Rongier. Il peut aussi remplacer Payet, il a toutes les qualités pour prendre le jeu à son compte" (voir la vidéo).
On pouvait aussi imaginer Rongier ailleurs que dans le coeur du jeu, au vu de sa polyvalence
Villas-Boas ne semble pas vouloir précipiter les choses pour Rongier. "Pour en avoir discuté directement avec Villas Boas, il le voulait vraiment et il veut lui laisser du temps pour son adaptation et pour l’installer aussi. Il apprécie beaucoup son profil" glisse le journaliste de RMC Sport Mohamed Bouhafsi. "Le coach voulait montrer aussi qu’il faut gagner sa place et ne pas envoyer un mauvais message aux titulaires en place. C’est important de préserver le collectif" ajoute un membre du staff à RMC. Ceci dit, on pouvait aussi imaginer Rongier ailleurs que dans le coeur du jeu, au vu de sa polyvalence. Par exemple à la place de Payet, à ce poste hybride d'ailier/meneur. Mais cette idée ne semble pas avoir traversé l'esprit d'AVB, comme l'explique le technicien Bruno Irlès sur le plateau du Late Football Club sur Canal+ : "Il y a deux types d'entraîneurs. Ceux qui font jouer les meilleurs, quitte à les délocaliser sur le terrain, et ceux qui font jouer les joueurs à leur poste. Pour AVB, Rongier jouera à la place d'un des trois au milieu, et pas ailleurs". C'est effectivement ce que semble prouver le coach olympien à travers ses compos d'équipes. Ceci dit, il n'y a rien d'extraordinaire à faire patienter une nouvelle recrue trois matches avant de la titulariser. Et au vu de la prestation du milieu marseillais à Dijon, il ne serait pas étonnant de voir les choses bouger dès dimanche face à Rennes. Une première face au grand rival rennais pour l'ancien Nantais Rongier ? On n'est pas loin de parier un petit billet là-dessus...