Après la double-défaite contre Paris et Monaco, l'OM était en mauvaise posture. Rudi Garcia était vu comme un coach suffisant qui n'arrivait pas à transcender suffisamment ses joueurs, la nouvelle direction, novice à ce niveau. Comment interpréter sinon le recrutement de Patrice Evra ? La fin de saison, elle, s'apparentait à un chemin aussi long que sinueux. Et puis les Phocéens l'ont emporté à Lorient 4-1. Là, de suite, le torse est bombé, c'est sûr, Bordeaux, qui a encore un point d'avance pour la 5e place, ne va pas faire le poids longtemps, il va même y avoir de quoi se servir de cette fin de championnat comme d'un laboratoire en vue de la saison prochaine. Evidemment, le propos, dans un sens comme dans l'autre, est caricatural à souhait. Ce sont les montagnes russes émotionnelles par lesquelles tout supporter qui se respecte passe. Mais après, à froid, une analyse plus sensée prend place : tout n'était pas à jeter après les deux dernières défaites au Vél (surtout celle contre Monaco). Et tout était loin d'être parfait en Bretagne...
Pourtant, l'OM a réussi à mettre quatre buts à l'extérieur alors que Bafétimbi Gomis, le seul attaquant valable de l'effectif, était toujours indisponible. Les buts phocéens n'existent par ailleurs que par la grâce des éléments offensifs marseillais. Même le premier, qui semble avant tout être un cadeau du portier lorientais. C'est que Rudi Garcia avait noté que la lanterne rouge avait de gros problèmes à gérer les corners au premier poteau. Alors Florian Thauvin a joué un ballon vicieux dès sa première tentative dans cette zone. But. Il la refait sur sa seconde et Payet s'est chargé de doubler la mise sur une inspiration propre aux joueurs de son calibre. En seconde période, pour tuer le match, l'OM a pu compter sur un Thauvin qui a fait la différence en deux minutes. D'abord sur une feinte, accélération, frappe, tout avec son pied gauche, puis sur un centre parfait au second poteau en bout de course pour Morgan Sanson. Sur les deux actions, l'OM a joué en passe, Cabella a même joué en première intention, Henri Bedimo a même apporté une solution dans son couloir gauche. Tout va bien alors ?
Il y a tout de même de quoi avoir encore quelques réserves. Notamment au niveau de l'attitude dans la dernière demi-heure, pas seulement sur le but encaissé. D'accord, cela pouvait paraître difficile de se motiver contre une équipe de Lorient bien limitée, alors qu'il y avait déjà 4-0 au tableau d'affichage. Mais il y a une semaine, Paris ne s'est pas posé de questions quand il a fallu en mettre un cinquième au Vélodrome. Et ce n'est pas comme si les joueurs de Rudi Garcia avaient un goal-average digne de leur place au classement. Certes, sur cette rencontre, Sanson revenait tout juste de blessure alors que Payet avait regagné le vestiaire à la pause en boîtant. Sakai et Bedimo avait sûrement encore des séquelles de la bataille qu'ils ont livrée mercredi dernier. Mais étrangement, ce ne sont pas les joueurs incriminés sur qui il y a à redire. Il y en a d'autres qui ont voulu forcer, y aller de leur but, sans compter ce contre encaissé dans l'indifférence générale alors qu'un clean sheet, vu le contexte, aurait fait du bien. Ce n'est pas pour rien que Rudi Garcia a préféré finir à 5 derrière, même si cela voulait dire que l'altruiste Njie devant devait faire avec des munitions en moins. Il y a encore du boulot pour retrouver une confiance totale.