Et si Rudi Garcia s'était trompé, concernant Adil Rami ? On peut effectivement se poser la question, suite au début de saison du champion du monde. Ayant repris en retard, comme tous les mondialistes, le défenseur central avait logiquement été laissé au repos pour la première journée face à Toulouse (4-0). Un match où le jeune Bouba Kamara s'était d'ailleurs illustré de fort belle manière. Mais, dès le match suivant à Nîmes, le coach olympien avait souhaité voir ce qui est censé être sa charnière centrale titulaire en alignant la paire Rami - Caleta-Car. Sans grande surprise, le jeune Croate avait été en difficulté et n'a pas été reconduit. En revanche, Adil Rami, guère brillant lui non plus, n'est plus sorti de l'équipe et enchaîne depuis des prestations bien en dessous du niveau qu'on lui connait, que ce soit contre Rennes avec un penalty provoqué et à Monaco, avec deux boulettes sur les deux buts encaissés. Un enchaînement de contre-performances qui interroge, car Rami est un joueur très important dans la bonne marche de l'équipe. "Je ne sais pas s'il n'est pas bien physiquement, se demande notre consultant Fabrice Celeschi, mais il manque clairement de vitesse. Il donne l'impression de jouer dans un fauteuil, mais ce n'est pas son style. Son style, c'est d'être un chien, et ce n'est pas le cas actuellement".
Ce relâchement, si c'en est un, s'explique évidemment par l'année que Rami vient de vivre, avec une saison très intense avec l'OM et l'été passé sous le maillot bleu. Des émotions qu'il paye aujourd'hui, pour le consultant du Talk Show Jacques Bayle : "Il faut quand même savoir d'où vient ce garçon, et l'ascension émotionnelle qu'il a connue dernièrement. Sans parler de sa vie privée qui ne l'est plus vraiment, il faut voir son parcours, de la CFA de Fréjus jusqu'au titre de champion du monde. Ce n'est pas rien, c'est un choc qu'il faut digérer et évacuer, et ce n'est pas donné à tout le monde. Imaginez qu'il y a des gens qui gagnent un concours de boules dans leur village et qui en parlent toute leur vie ! Pour moi, il est déstabilisé, tout simplement". Déstabilisé, et surtout loin des qualités qu'il démontre habituellement.
En effet, au contraire d'un Gustavo qui est capable de jouer sur une jambe grâce à ses qualités techniques et tactiques, Rami a besoin de tout donner pour exister sur un terrain. Le fait est qu'il n'a pas grand-chose à proposer actuellement, d'où ses difficultés. "Ce qui est flagrant, explique Jacques Bayle, c'est qu'il prend trop de risques compte tenu de sa forme actuelle. Au lieu de vouloir relancer court dans les pieds, il doit simplifier au maximum, d'autant que c'est un joueur qui a besoin d'être à 100 % de ses moyens physiques pour s'exprimer. Si j'étais à la place de Garcia, je le laisserais souffler tout simplement. Je ferais jouer Kamara qui est en pleine bourre et qui mérite d'être titulaire en ce début de saison. D'ailleurs, il avait été impeccable contre Toulouse, et je ne comprends pas pourquoi il est sorti après". Pas faux, mais on peut estimer aussi que Rami a besoin de jouer pour retrouver son rythme. De quoi cogiter pour Rudi Garcia durant cette trêve internationale, et surtout l'occasion de souffler et de se remettre les idées en place pour l'intéressé...