Lorsque Didier Deschamps a retrouvé ses joueurs dans le vestiaire dimanche soir vers 23h, il ne s'est pas contenu. Des personnes présentes à dix bons mètres du vestiaire marseillais ont raconté que la colère de l'entraîneur de l'OM avait aisément transpercé les vétustes murs de Louis II.
Un coup de sang approprié
L'an dernier, il y avait eu de la part de coach DD une colère similaire après le 5-5 de Gerland. Cette saison, ce n'est pas la première fois que Deschamps passe un savon à ses joueurs. Cependant, l'intensité du coup de sang à Monaco a peut-être atteint un niveau record. Le Basque avait déjà repris de volée ses troupes à Lille (1-3) et contre Nancy (1-0), mais c'était à la mi-temps. Même s'ils n'ont pas été ciblés individuellement, comment les joueurs ont réagi à cette soufflante, laquelle s'est prolongée dans le calme mardi matin, avant l'entraînement, par une discussion avec l'intervention de certains cadres du groupe ?
"Légitime" pour Mandanda, "tout à fait normal" pour Fanni, "logique" pour Cissé : conscients de leur piètre prestation à Louis II, les Olympiens ne pouvaient qu'admettre les vives critiques de l'entraîneur. "Le coach a dit ce qu'il avait à dire, poursuit Mandanda. Avec son vécu, son palmarès, quand il commence à gueuler, c'est qu'il a raison, ça pèse encore plus. Mais on est pro, on sait ce qui n'a pas été fait correctement sur le terrain."
Très frustré de ce résultat nul alors qu'il avait tablé sur deux victoires en janvier (Bordeaux et Monaco) pour retrouver le podium, Deschamps s'est énervé, car il a aussi été désagréablement surpris par le comportement de son équipe : "Je m'attendais vraiment pas à ça, car j'avais vu de très bonnes choses dans la semaine : or, sur le terrain, on a été lents d'esprit et de jambes..." soupire DD. Rod Fanni confirme : "C'est vrai, les entraînements s'étaient très bien passés, je nous sentais vraiment prêt à gagner ce match." La réalité du terrain est sans concession.
D'où vient le problème ?
Elle reflète également l'état d'esprit actuel du groupe olympien, sans envie, sans détermination, sans motivation à Louis II. Entre certains titulaires trop centrés sur leur rendement personnel (Mbia, Gignac, Rémy) et les remplaçants (Taiwo, Abriel, Kaboré, Cheyrou) de plus en plus frustrés de ne pas avoir de temps de jeu conséquent, ces messieurs de l'OM en oublient le projet collectif. On pourrait se demander si le discours de Deschamps passe toujours dans le vestiaire marseillais, mais il y a surtout une forme de lassitude qui s'y est installée. D'où l'importance du coup de gueule de coach DD.
"On va terminer la saison avec ce groupe-là, donc maintenant il ne faut penser plus qu'au collectif, martèle le capitaine Mandanda, très impliqué dans les récentes discussions. Il n'y a pas de problème avec l'entraîneur. On a des mecs qui ont la gagne en eux, je ne doute pas de leur volonté. Pour moi Monaco reste un seul match isolé. Il faut espérer que cela ne se reproduise pas. On ne va pas rester là-dessus toute la semaine, à cogiter, à se prendre la tête. C'est bien de discuter, mais le plus important c'est sur le terrain. Maintenant tout le monde sait ce qu'il a faire. Il faut mettre nos égos, nos états d'âme de côté pour atteindre nos objectifs."
Il est quand même grave de devoir en arriver là pour que l'OM se remette à avancer. Nous maintenons ce que nous disons depuis plusieurs mois sur les joueurs : « Quand ils veulent, ils peuvent ». Mais s'il faut à chaque fois les piquer au vif pour les voir réagir, l'OM n'arrivera pas à faire la série qui lui permettra de revenir en haut du classement. Aux Olympiens de se (re)prendre en mains...
R.C.