"Il finit le mois de juin, et ensuite, il laisse sa place. Il est fatigué". Si ce n'est pas au mot près, ce message, les supporters de l'OM l'ont entendu ces dernières semaines au sujet de Vincent Labrune. L'intéressé n'a d'ailleurs rien fait pour dissiper le suspense, notamment avec des déclarations ambigües à la sortie de son passage devant la DNCG. L'idée, c'était donc que le président de l'OM laisse la main après avoir assumé ses responsabilités devant la DNCG. Sa dernière mission, c'était de boucler le départ de Michy Batshuayi pour assurer la saison à venir devant le gendarme financier du football français. Une version teintée d'eau de rose qui met étrangement de côté les intérêts personnels qu'il peut y avoir dans ce type de transactions, ce que Labrune ne se privait pas de dénoncer lorsque ses prédecesseurs étaient en place. Mais pas le temps de s'attarder sur le sujet, ses jours sont comptés. Il doit quitter le club fin juin, et sa succession est déjà là : Arnaud Marion, spécialiste des entreprises en difficultés pour le volet administratif, Franco Baldini en directeur sportif pour le volet sportif. Finalement, l'Italien ne vient pas et retourne à la Roma dans un rôle de conseiller du président. On nous dit que ça s'est joué à peu de choses, qu'il avait pourtant la proposition de l'OM en main. Sans doute une question de minutes, de secondes, sommes-nous tentés de rajouter. Aujourd'hui, les espoirs sont placés en Luis Campos, qui a fait un travail intéressant avec Monaco. Et si ça se trouve, les raisons de sa non-venue seront tout aussi rocambolesques... En attendant, une semaine au mois de juillet est déjà passée, et Vincent Labrune est toujours là.
On voudrait en faire une stratégie pour lui permettre d'effectuer une sixième saison à la présidence du club qu'on ne pourrait pas mieux s'y prendre. Pour rappel, Vincent Labrune part de très loin. A l'issue d'une saison catastrophique, il cristallise quasiment toutes les rancoeurs des abonnés du Vélodrome. Pour ne pas avoir su garder Marcelo Bielsa, pour avoir fait confiance à Michel et Doyen Sports pour prendre la suite, notamment. Au plus fort de la crise, avec par exemple la réception houleuse à souhait de Bordeaux, Vincent Labrune garde la même ligne de conduite, quitte à agacer encore plus. Des centaines de supporters se sont rués en quelques secondes seulement vers les portes d'accès à Jean-Bouin après l'avoir aperçu pour lui dire tout le bien qu'ils pensent de son action ? Il s'enferme dans un salon privé du stade avec sa garde rapprochée, et insiste pour qu'ils fassent une partie de billard, quitte à crier un peu fort et que les journalistes présents dans la pièce d'à côté l'entendent. Du coup, à la fin de saison, les groupes de supporters ne font rien pour lancer la campagne d'abonnement. Ils attendent de voir, ils attendent surtout que Vincent Labrune s'en aille. Plus que la vente, plus que des renforts de premier plan.
Car ce n'est pas seulement une question de moyens. Les supporters de l'OM sont prêts à être derrière un club où "il n'y a pas d'argent". Un club qui ne sera peut-être pas en mesure de disputer les premiers rôles au Paris-Saint-Germain. Mais une équipe qui lui ressemble, une formation de guerriers, qui laisse ses tripes sur le terrain. Qui mouille le maillot, pour reprendre la formule bien utilisée dans les virages. Soit l'opposé de Vincent Labrune, ses chemises blanches, ses formules hautaines et sa communication dans l'ombre, bâti sur le copinage avec les journalistes influents. Le souhait des supporters, c'est qu'il y ait quelqu'un d'autre à sa place, sans attendre un éventuel changement de propriétaire. N'importe qui mais quelqu'un d'autre, même quelqu'un qui ne soit là que pour faire du financier, ce qui devait être la tâche de Vincent Labrune à sa prise de fonction en 2011, avant qu'il ne découvre les joies de Football Manager et qu'il se lie d'amitié avec certains agents. Il y a quelques semaines, un quotidien sportif avait mis en une Xavier Giocanti, qui devait être l'élu. Ca ne se fera finalement pas. Tout comme Baldini. Et peut-être bientôt Luis Campos. Pour que finalement, il ne reste que Vincent Labrune, l'homme providentiel, le sauveur qui se sacrifie un peu plus par amour du club ? La ficelle paraît grosse. Mais rien ne fait peur à VL, qui est capable de louer les qualités de Didier Deschamps quand l'équipe de France fait un bon parcours à l'Euro, alors qu'il avait quand même payé pour que le Basque quitte le club en 2012. Mais à force, les supporters sont rodés, et ne se laisseront plus amadouer. Monsieur, il faut partir maintenant...