Avant le match, l'OM n'avait que 10% de chances de se qualifier, tout au plus. Cela n'a pas découragé de nombreux supporters, qui ont fait le déplacement jusqu'au Pays Basque. Ils ont été récompensés. Presque. L'Olympique de Marseille ne s'est pas qualifié mais ils ont peut-être assisté au match le plus intéressant de la saison. Celui avec le plus de suspense. Là, où les Olympiens n'avaient trop rien à espérer dans les matchs contre le PSG, ils ont profité à plein de la formule aller-retour de la Coupe d'Europe à San Mamés. A la 40e minute, Batshuayi permettait à son équipe de remettre les compteurs à zéro après la défaite de l'aller. Du coup, la seconde mi-temps a été vécue pleinement. Qualif ? Prolongations ? Tirs aux buts ? Ca sera finalement le cruel scénario d'une élimination en fin de match qui sera retenu, avec un but de Bilbao à la 81e. Le supporter a connu toutes les émotions ou presque en 90 minutes. Même si l'OM sort à l'issue de ce match de la compétition, il faut le souligner, ce n'est pas arrivé souvent cette saison.
Dès lors, la tentation est grande de ne pas tout jeter aux oubliettes. De se dire que ce match peut servir de point d'appui pour Michel pour motiver ses troupes jusqu'à la fin de saison. Avec un onze à reconduire pourquoi pas pour tous les matchs jusqu'à la fin mai. Car pour cette rencontre, le technicien espagnol a fait ce que l'on était en droit d'attendre de lui. Il a innové, avec une réponse tactique inédite, cherchant à utiliser au mieux les forces de son effectif. Il a associé Fletcher et Batshuayi devant. Pour autant, il ne s'est pas privé de Cabella, qui a évolué au poste de numéro 10. Dans un 4-4-2 losange donc sans autre joueur offensif ? Pas du tout car Georges-Kévin Nkoudou était là dans le couloir gauche avec sa précieuse vitesse. Pour garantir l'équilibre de son équipe et parce qu'ils ne pouvaient pas jouer à 12, l'entraîneur de l'OM a misé une fois de plus sur l'intelligence d'Isla. Le Chilien, associé à Diarra à la récupération, compensait dès qu'il pouvait côté droit, avec l'aide de Fletcher, qui décrochait un peu plus haut, et un Manquillo qui pouvait monter sans crainte, sachant que le 18 serait là pour couvrir en cas de pépin. Malgré l'élimination, difficile de trouver un Olympien en dedans sur ce match, si ce n'est peut-être Fletcher, en manque de réalisme. Mais même Rekik, pourtant pointé du doigt il y a quelques mois, s'est élevé au niveau d'Nkoulou. Michel tient donc peut-être quelque chose avec ce onze. De quoi s'appuyer dessus pour les douze matchs qu'il reste (ou quatorze selon le parcours en coupe de France) ?
Pas si vite. Car il ne faut pas oublier le contexte. Et si cette équipe s'était sublimée parce que c'était la Coupe d'Europe, San Mames et les projecteurs internationaux ? Quels sont les deux autres matchs où elle a laissé dans la saison une aussi bonne impression ? Les deux confrontations contre le PSG. Les fameux gros matchs. A ces occasions, notamment à l'aller, Michel avait aussi concocté de belles équipes. Mais quelques rencontres plus tard, tout s'effondrait de nouveau. Il y a eu le nul contre Lorient (1-1) et le match catastrophique à Braga (3-2) après l'aller, les nuls contre Nice (1-1) et Saint-Etienne (1-1) après le retour. Et cette fois ? C'est le Gazélec Ajaccio, Granville, Toulouse, Lorient et Rennes qui sont au programme. Rien de bien sexy pour les membres de l'effectif phocéen ? Avec la même envie, il y a pourtant largement la place de faire cinq victoires. D'être ainsi dans le dernier carré pour la coupe de France et de retour à la bataille pour une place dans le top5 du championnat. Il ne manque qu'une série. Peu importe si cette équipe ne se trouve qu'à la fin du mois de février si la fin est heureuse. Ce pourrait même être pour Michel un formidable pied de nez à son prédécesseur, qui avait lui démarré en trombe pour fléchir dans la seconde partie de championnat. Mais pour ça, il faut arriver à convaincre ses joueurs d'afficher la même envie pour les prochains rendez-vous. Ils ont prouvé qu'ils en étaient capables. Sinon, il restera un entraîneur qui aura fait trois matchs séduisants à l'OM. Pour deux défaites et un nul synonyme d'élimination.