Peut-on comparer Rongier et Deschamps ?

Valentin Rongier réalise de très bons débuts avec l'OM. Le milieu de terrain, recruté à la place de Luiz Gustavo, a fait rallier à sa cause tous les sceptiques de ce mouvement au mercato, par la grâce de sa très bonne activité au milieu avec Morgan Sanson. L'illustration parfaite, c'est le troisième but contre Bordeaux. Rongier va récupérer le ballon dans le milieu bordelais, le remonte à toute vitesse alors que c'est la fin du match et qu'il a passé sa rencontre à presser les adversaires, puis sert parfaitement Radonjic qui s'en va alourdir le score. Le "N'Golo Kanté blanc" comme se sont amusés à le surnommer plusieurs personnes en tribunes. S'il n'a pas encore marqué, trouvant à plusieurs reprises les montants, Rongier s'impose de plus en plus comme le chouchou du public phocéen. Et les comparaisons sont plus fréquentes finalement avec un ancien glorieux du club qu'avec le milieu de Chelsea : Rongier, c'est évidemment le nouveau Deschamps. Arrivé de Nantes à l'OM, comme DD, jeune mais déjà plein de caractère et capitaine en puissance, comme DD, milieu intraitable au pressing, comme DD. Mais est-ce vraiment le cas dans le jeu ? Ou est-ce simplement un raccourci facile en comparant les deux fiches wikipédia ? 

Sauzée : "Rongier, c'est un voltigeur"

Pour en avoir le coeur net, on a demandé son avis à Franck Sauzée, qui commente l'OM avec beaucoup de plaisir cette saison, et donc Rongier, mais qui fut aussi en 1993 le coéquipier de Didier Deschamps dans l'entrejeu phocéen : "C'est peut-être un peu trop tôt pour les comparer. Il faut laisser Valentin Rongier bien s'habituer à cette équipe. Mais aujourd'hui, je dois avouer que cette association avec Sanson elle est fracassante. J'ai du mal à dissocier leurs performances parce que je les trouve très complémentaires, ils sont très haut et font mal aux équipes adverses. Quand l'OM décide de presser haut ils sont irremplaçables. Ce sont des voltigeurs. On dit que les voltigeurs se sont ceux qui ont cette capacité à sortir sur les coups francs mais non, ce n'est pas que ça, ils ont cette capacité à se projeter sans ballon. Rongier, il a le coffre, il gratte tout ce qu'il peut gratter au milieu. Il se projette comme un récupérateur de défense. Contre Bordeaux, Kamara jouait devant la défense, et je le trouve très bon dans ce registre-là, et bien Valentin il est là à côté, il accompagne, il récupère ces ballons, il les donne, il se projette... les qualités sont énormes. Maintenant, il faut qu'il prenne de l'expérience, qu'il s'asseoie réellement dans ce poste pour pouvoir comparer. Mais Didier ça a été dur au début quand il est arrivé à Marseille. Il est arrivé en décembre quasiment au mercato d'hiver, sa première année n'était pas extraordinaire, ça a été compliqué, Bernard Tapie voulait le transférer à Bordeaux, il y a fait une année en prêt d'ailleurs mais on connaît le caractère de Didier derrière pour s'imposer. Donc les débuts à la limite sont plus à l'avantage de Rongier. Il s'est mieux accordé dans cette équipe. Mais c'est dans le temps qu'il faut rééditer ces performances-là". 

Deschamps était monstrueux lui aussi à l'OM, et sur la durée

Transféré fin novembre 89 à Marseille, Didier Deschamps sera titulaire dès le début avec l'OM même s'il jouera un peu moins en fin de saison. L'OM évolue la plupart du temps avec deux milieux défensifs, et il doit se partager le temps de jeu avec Franck Sauzée et Jean Tigana. Prêté la saison suivante à Bordeaux, alors que Bruno Germain monte d'un cran au milieu pour prendre sa place, il revient à l'été 1991 et ne bougera plus du onze de départ et d'un milieu à trois avec toujours Franck Sauzée, Jean-Philippe Durand et Trevor Steven alternant pour le dernier poste. Pour la saison 1992/1993, l'OM évoluera dans un 5-2-3 où son duo avec Sauzée s'occupera de l'intégralité du milieu de terrain, laissant Abedi Pelé évoluer numéro 10 derrière un duo Völler-Boksic. Rongier peut donc dans le jeu être comparé à Deschamps mais il ne faut pas oublier que l'exigence était bien plus élevée à l'OM au début des années 90. Aujourd'hui, on ne parlerait sûrement pas de débuts timides de l'actuel sélectionneur des Bleus au vu de sa fiche de stats. Et son palmarès sur ses trois saisons sur le terrain parle pour lui : 1 Ligue des champions, 3 championnats de France. A Valentin Rongier de se forger le sien avec le maillot blanc.