C'est un grand classique dans le football moderne. Un consultant des plus influents va avoir un avis tranché sur un joueur à un instant T. Pour peu que cela n'aille pas dans son sens, sa déclaration sera déterrée, pour un oui pour un non, comme le contre-argument ultime. Avec Dimitri Payet, c'est Daniel Riolo qui trinque. Le célèbre polémiste d'RMC ne trouvait pas forcément que son retour à l'OM était une bonne idée et il l'avait fait savoir : "Au club, certains voient bien que c’est un non sens économique. Une affaire qui ne ressemble en rien à l’idée initiale, au projet d’abord présenté. Eyraud pense peut-être qu’il peut faire une exception. Ils ont tous fait ça. Ils se sont tous plantés…". Si le joueur avait bien noté cet accueil glacial, il n'est pas dupe. Il sait bien que l'on ne retiendra que celui qui a parlé le plus fort, mais, sur le moment, il n'y en a pas un qui ne se soit pas rangé derrière le même avis. Manuel Amoros par exemple en disait ceci : "Payet, il a explosé sous les ordres de Bielsa et il ne faut pas oublier qu'il a deux ans de plus. C'est un grand joueur, mais ce serait une opération très couteuse sans espoir de plus-value. Il faut d'abord voir le projet, et qui jouerait autour de lui, car il ne faut pas oublier qu'il y avait de très bons joueurs dans l'équipe il y a deux ans. Je suis assez sceptique et je pense qu'il y a certainement de meilleurs choix à faire".
Deux mois après son arrivée, Payet peut se permettre d'avoir ouvertement une pensée en interview pour ce comité de soutien. Car les faits sont là, il est largement dans les temps, et non, son achat n'était pas une idée farfelue, cela se vérifie déjà. Du côté des chiffres, Payet, c'est pour l'instant 3 buts et 2 passes décisives. Mais il faut aussi regarder à côté. Avant son arrivée, Rémy Cabella était considéré comme un recours pas forcément plus tranchant que Bouna Sarr ou Romain Alessandrini. Hasard ou coïncidence, depuis la signature de Payet, l'ancien meneur de jeu de Montpellier simplifie son jeu, retrouve son football. Car c'est plus facile quand on a des joueurs techniques autour de soi ? Même sans Bielsa, même sans un poste de meneur de jeu axial, le milieu offensif a permis d'enclencher une dynamique, et cela n'a pas de prix. Florian Thauvin ne cherche plus à sauver l'équipe tout seul, il sait qu'il peut s'appuyer sur Payet avec qui il est redevenu complice. A court de forme pour ses premiers matchs, il est vite redevenu le Payet qui régale le Vélodrome d'un centre nonchalant de l'extérieur du pied. Comme ça, plaisir. De quoi se dire que finalement, oui, Payet, c'était la meilleure chose à faire lors de ce mercato.
Après tout, qui a fait mieux ? A l'échelle européenne sur cette fenêtre d'hiver, Manchester City peut se targuer d'avoir récupéré Gabriel Jesus pour 32 millions d'euros, Paris a eu Draxler pour 40 millions d'euros alors que le FC Séville a récupéré Stevan Jovetic pour 13,5 millions d'euros. Mais ses trois éléments ont changé de clubs avec une ambition bien précise, celle de disputer la Ligue des champions. L'OM était donc hors course. Reste Manolo Gabbiadini, qui a signé à Southampton contre un chèque de 20 millions d'euros et qui se fait sa place sans mal en Premier League. Mais avant de s'engager chez les Saints, il avait été approché par la direction marseillaise et l'avait éconduite. En même temps, vu ce que fait Payet, il n'y a vraiment pas de quoi avoir de regrets, même pour ceux qui pestaient après cet achat onéreux, qui empêchait l'OM de se renforcer aussi sur le poste d'avant-centre. Avec Payet à la baguette et sans buteur attitré puisque Gomis est blessé, l'OM vient d'inscrire 10 buts sur les trois derniers matchs. De quoi peut-être donner des envies à Jacques-Henri Eyraud de piquer à Florentino Perez une de ses célèbres maximes, prononcée alors qu'il venait de recruter Zinédine Zidane : "Tout ce qui est cher est rentable".
Retrouvez dans la vidéo la dernière interview de Payet, qui revient sur sa réconciliation avec Florian Thauvin.