Invité dans l'émission de Christophe Dugarry sur RMC il y a quelques jours, Pape Diouf a donné son avis sur le recrutement marseillais : "En tant que président, j’aurais évité le retour d’anciens. C’est risqué de faire revenir des joueurs que les gens connaissent et dont ils attendent beaucoup. Le recrutement ne me fait pas rêver, il ne me fait pas saliver". Un avis partagé par beaucoup de monde à Marseille et que Dimitri Payet peut prendre pour lui, au moins à moitié. Après tout, sous l'ère McCourt, il n'y a eu que deux retours, le sien et celui de Steve Mandanda. Un avis qu'il peut cependant trouver injuste. Car le problème de son transfert ne vient pas de lui, c'est que quelque part il illustre le manque au niveau communication de l'équipe dirigeante. Quand il revient, au mois de janvier, il est présenté comme une opportunité de transfert. Une cerise sur le gâteau à 30 millions d'euros. Le problème, c'est que le gâteau en question, qui devait être livré avec ce mercato d'été, n'est jamais venu, et Payet reste la plus grosse recrue du club. Forcément, le soufflet est retombé et ils sont plus d'un dans les virages à regretter de s'être tant enflammé pour le recrutement du maître à jouer de West Ham. Mais cela ne concerne qu'une partie des supporters. Il y en a une autre qui n'a pas pensé aux perspectives au moment de saluer son retour. Et qui sont quand même aujourd'hui clairement sur leur faim.
Car là où Pape Diouf se trompe, c'est que Dimitri Payet, ce n'est pas un vulgaire retour. S'il a quitté l'OM en étant le meilleur joueur de l'équipe cette année-là (sacré d'ailleurs Phocéen d'Or), il est devenu un tout autre joueur en dix-huit mois : un cadre de l'équipe de France fort d'un Euro 2016 réussi et un des joueurs les plus spectaculaires de Premier League avec des buts qui font le bonheur de Youtube. C'est un gadget, mais à FIFA, il est par exemple devenu le quatrième meilleur joueur sur coup franc. C'est dire son aura désormais mondiale. Sa fin de saison de feu avec Marcelo Bielsa n'était en fait qu'un élément déclencheur. Une étincelle pour en faire un tout autre joueur, ce qui explique que payer le double de ce qu'il a été vendu à seulement une saison et demie d'intervalle peut être quand même une bonne affaire... à condition qu'il reste sur le même niveau de jeu. Hors, force est de constater que depuis qu'il a remis le maillot blanc, Payet a fait de bons matchs. Claqué un coup franc par-ci, délivré un caviar par-là. Mais n'a pas cassé internet en passant toute une défense en revue comme il avait pu le faire par exemple à Wembley.
Il se savait attendu sur ce terrain-là. Pour la première conférence de presse du premier match de la saison, alors qu'il venait se présenter en tant que nouveau capitaine de l'équipe, il était questionné sur le sujet. Il assurait vouloir faire le spectacle, comprendre que cela faisait partie du jeu et des attentes. Mais il a presque eu à peine le temps de le dire qu'il est sorti sur blessure. A son retour, pour le mettre dans les meilleures conditions, Rudi Garcia a refait son schéma pour lui offrir une place de numéro 10. Et toujours rien sur Youtube. Alors certes, cela ne fait que deux matchs. Mais son déchet dans les passes est beaucoup trop important alors que tous les ballons continuent de passer par lui. Et dans son attitude lorsqu'il n'a pas le ballon, il donne raison à ceux qui assurent qu'il a été recentré car il ne voulait plus faire le travail défensif qui s'imposait sur le côté gauche. Pourtant, son décalage sur l'ouverture du score à Amiens est là pour en témoigner, Dimitri Payet pue le football. Il ne tient qu'à lui de mettre tout le monde d'accord en retrouvant rapidement son meilleur niveau. Ses dirigeants, Didier Deschamps, ses partenaires offensifs : tout le monde lui en serait reconnaissant.