Passi : l'adjoint peut-il vraiment changer de costume ?

Au palmarès des pourcentages de victoires des entraîneurs de l'OM, Franck Passi nage en eaux troubles, aux côtés des peu enviés Michel ou Bernard Casoni avec moins d'un tiers de résultats positifs, comme on peut le voir sur le tableau ci-dessous. Loin, très loin des vénérés Didier Deschamps, Bielsa et Eric Gerets, et même du sous-côté Alain Perrin et de ses 51% de victoires. En terme de popularité, on peut constater à peu près la même chose, au grand regret de l'adjoint qui se veut désormais numéro un, et qui l'est, de fait. C'est d'ailleurs ce qu'il expliquait lundi soir sur le plateau de La Chaîne L'Equipe : "Je n'ai plus de contrat d'adjoint. J'ai été réévalué 3-4 jours avant le début de la saison. Je n'accepterai pas de redevenir adjoint. J'ai patienté, je veux travailler comme entraîneur désormais". Un aveu qui ne va pas faire remonter sa cote auprès de ceux qui lui trouvaient des circonstances atténuantes, grâce à son statut de pompier de service quasi bénévole.

Bien sûr, Passi sait qu'il n'a pas été vraiment choisi, et il sait aussi que ses jours au sommet de l'Olympe sont probablement comptés. Une situation délicate dans un club qui ne pardonne rien, devant un public désabusé, pour qui l'argument de la faiblesse de l'effectif ne tient pas. D'ailleurs, sur ce point, on a beau retourner les feuilles de match dans tous les sens, on ne voit pas bien en quoi celui de l'OM est inférieur à ceux d'Angers, de Guingamp ou de Rennes, mais passons... Franck Passi voulait le poste, et il l'a eu, après de longues années dans l'ombre. Une trajectoire évoquée par son ancien entraîneur des gardiens avec la réserve de l'OM, Bernard Grégori : "Je pense qu'il avait déjà ça en tête lorsqu'il est arrivé à l'OM, mais il n'avait pas une grande expérience du métier. Il avait été un peu adjoint en National à Cannes et il avait été pris comme recruteur à l'OM. C'est un garçon sérieux, il aime ce qu'il fait, mais à un moment, tu te heurtes au haut niveau et c'est autre chose. Il a été conservé comme adjoint par Bielsa et Michel car il parle espagnol, et je crois qu'ils en ont été satisfaits, mais comme il le dit lui-même, je ne pense pas qu'il aurait été conservé dans un autre contexte que celui de la dernière intersaison. Malgré toutes ses qualités, la marche est un peu trop haute avec l'OM pour un début. Franck, avec comme adjoint Thomas Fernandez qui est l'ancien entraîneur des Herbiers, ça ne pèse pas assez lourd pour l'OM, où même de grands noms se sont cassé les dents. Avoir été joueur de ballon, c'est une chose, mais ce n'est pas assez. Il faut une vraie influence sur les joueurs, pas seulement être en bons termes avec eux, et il faut surtout une grosse expérience tactique pour influer sur les résultats, on le voit notamment sur les changements lors des derniers matches avec des choix discutables. Regardez Emery à Paris, il peut se permettre de mettre n'importe qui sur le banc ou dans les tribunes. Franck ne peut pas faire ça. Il est obligé de se refermer sur lui-même dès les premières difficultés, car il n'a pas la carte de visite".

Des réflexions entendues pratiquement après tous les matches, comme au lendemain de la désillusion d'Angers, que les consultants du Talk Show ne manquent pas de lui attribuer, du moins en partie (vidéo). Reste à savoir combien de temps le discret Passi restera à la tête du club le plus bruyant de France. Un timing qui devrait vraisemblablement correspondre au temps d'installation de l'équipe McCourt, même si lui souhaite "s'accrocher pour terminer la saison". Résultats ou pas, son souhait a peu de chances d'être exaucé. Les supporters veulent autre chose, et ce que les supporters veulent...

Le pourcentage de victoires en L1 des entraineurs de l'OM depuis 20 ans