Opération (de communication sur un éventuel) rachat
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 06/10/2015 à 11:00
Cela risque vite de devenir un modèle, un cas d'école, un exemplaire culte. L'Equipe peut espérer faire un très bon score de vente sur son édition de ce mardi 6 octobre. A coups sûrs, toutes les écoles de communication, de marketing, toutes les agences de publicité, vont se dépêcher de se procurer plusieurs numéros, histoire de toujours en avoir un sous la main quand il faut répondre de manière efficace à la question "quelles sont les nouveaux moyens efficaces pour communiquer ?" Le sacro-saint spot de publicité juste avant le journal de 20 heures vient de prendre un gros coup de vieux avec ce "Opération Rachat", comme le veut le titre de la Une. Il est accompagné d'une phrase d'accroche "Supporters, effectif, finances : tous les indicateurs sont au vert en vue d'une vente prochaine". Thierry Ardisson ou Frédéric Beigbeder n'auraient pas trouvé formule plus efficace. Le coup du feu vert est d'ailleurs repris un peu partout dans la double-page suivante, qui se compose d'un article principal "Qui veut racheter l'OM", d'un complément titré "Ce serait le bon moment" et d'une interview de Vincent Labrune sur le sujet "Si un jour", où l'actuel président rappelle qu'il ne ferme pas la porte à un éventuel rachat, même si, vu qu'il n'y a pas d'acheteur, "on parle dans le vide". Mais attention, il faut saisir la nuance. Si le dirigeant parle dans le vide, il ne perd pas son temps pour autant.
A la fin de l'hiver 2013, l'OM s'en va jouer deux fois au Parc des Princes, pour un match de championnat, puis en Coupe de France. La formation d'Elie Baup, qui joue les premiers rôles en championnat, s'incline à deux reprises face à la bande à Zlatan Ibrahimovic. Pas d'humiliation, simple logique sportive. Mais elle reste difficilement supportable pour une poignée de fans, qui organisent une manifestation via les réseaux sociaux, demandant le départ du MAL (pour Margarita, Anigo, Labrune) du club pour que ce dernier retrouve des ambitions dignes de son nom. Le match suivant en championnat, pour la réception de Troyes, la manifestation prend forme aux abords du stade, obligeant même le bus des joueurs à modifier son trajet. Dimanche, l'OM s'est de nouveau incliné au Parc des Princes. C'est la huitième défaite consécutive de l'OM face à son ancien meilleur ennemi. Mais cette fois-ci, Labrune ne se verra pas sommer de partir en compagnie de son actionnaire. Ce dossier sur un éventuel rachat coupe l'herbe sous le pied des détracteurs qui comptaient hausser le ton. Et déplace habilement le problème sur le sujet.
Pendant longtemps, le hic était tout trouvé : si l'OM ne pouvait pas être vendu, c'était à cause du système mis en place à l'époque Tapie, autorisant les supporters à être propriétaires des cartes d'abonnement. Pourtant, selon nos informations, dès le mois de mai 2013, les groupes de supporters ont proposé à la direction de l'OM lors d'une réunion de rendre les cartes si jamais c'était un obstacle à la vente du club. Quelques mois plus tôt, Vincent Labrune expliquait qu'il n'avait pas l'intention de changer de système, faisant remarquer que le club n'avait pas le savoir-faire nécessaire pour vendre les cartes en virages. Après les incidents de Lyon, la question ne se pose plus. De quoi se rapprocher d'une vente ? Pas si vite. Désormais, le problème, c'est qu'il n'y a pas d'acheteurs sérieux. La tendance n'est plus à des investissements massifs venus du Golfe, les Chinois se concentrent sur le marché intérieur alors que les Russes seront dans le viseur de la brigade financière dès leur passage à la frontière. Et si l'OM est approché deux ou trois fois par an pour une éventuelle reprise, les candidats seraient tous des Jack Kachkar en puissance... Il est donc expliqué que Margarita Louis-Dreyfus veut bien céder le club, mais pas à n'importe qui, à quelqu'un capable de faire "franchir un palier" à la formation phocéenne. Dans la foulée de ces bonnes intentions, un prix de vente de 100 millions d'euros est glissé. La lecture de ces lignes fera sûrement sourire certains agents qui sont devenus persona non grata à l'OM car ils ont eu le tort à un moment donné de vouloir jouer les intermédiaires auprès de la direction actuelle avec de riches investisseurs...
En assurant presque depuis sa nomination qu'il n'a pas vocation à durer, Vincent Labrune est donc peut-être parti pour battre des records de longévité à ce poste. Sans armes, ni haine, ni violence.