Comme prévu, l'OM s'est donc imposé à Caen. Comme prévu ? Oui, quand l'équipe de l'OM est au pied du mur, quand on croit qu'elle va plonger pour de bon dans la lutte pour le maintien, elle gagne, surprend son monde, rallume la flamme. Un grand classique. De quoi peut-être rester prudent. Après tout, à l'automne dernier, juste derrière une défaite à Braga et une première mi-temps des plus inquiétantes, les Phocéens étaient allés s'imposer à Lille (1-2) avant d'enchaîner avec une victoire à Nantes (0-1). Mais la suite n'avait pas été du même acabit. Dans le jeu, ce n'était de toute façon clairement pas ça, Michel baissait le store dès l'heure de jeu avec des changements défensifs. La théorie en vogue, alors, c'était de dire que cette équipe avait besoin de temps pour se construire, se trouver, et qu'il fallait d'abord se contenter du résultat. Le match de Caen balaie gentiment cette théorie. En crise après trois matchs très difficiles en 2016, l'OM s'est rassuré avec du jeu, du jeu, du jeu. Même quand Rodelin a réduit le score, Marseille n'a pas paniqué et a continué à attaquer. Sur son banc, Michel n'a également pas envoyé les mêmes signaux. A dix minutes de la fin, c'est Cabella qui rentre, avec Romao qui monte directement pour donner une passe décisive digne de Mezut Özil. Et encore, à 3-1, sans plus aucun jus, l'équipe a continué à se ruer sur le but adverse pour en mettre un 4e. Plaisir.
Avec ce match, Michel va passer une semaine plus paisible. Il va constater que les "Bielsa" qui descendaient des tribunes lui étaient envoyés comme des "Gerets" étaient balancés à Deschamps en décembre 2009. Ce qui importe pour les supporters de l'OM, c'est le jeu offensif de l'équipe, pas le fait de se comporter comme un rebelle anti-système. Et puisque le technicien argentin n'a pas le monopole du football champagne, Michel a toutes les raisons du monde d'être enfin adopté par le peuple marseillais s'il continue de la sorte, peu importe ses déclarations en conférence de presse. Deux et seulement deux choses comptent : le football et le présent. Que les choses soient claires cependant : si l'équipe confirme sa métamorphose, et qu'un enthousiasme populaire l'accompagne, il ne faudra pas parler de retournement de vestes, et chercher dans les archives ceux qui ont cru en premier à l'ancien coach de l'Olympiakos. Le spectacle indigeste proposé jusque-là n'était pas digne de l'OM, et la cascade de forfaits n'était pas une excuse recevable. D'ailleurs, si cette victoire à Caen se révèle être un déclic, le point de départ d'une belle série, il sera aussi possible de râler, de se demander où cette équipe aurait pu en être si elle s'était réveillée plus tôt. Un coup d'oeil sur les statistiques permet de voir que Batshuayi et Barrada ont pour la première fois vraiment joué ensemble. Bravo à eux, mais il n'était pas forcément nécessaire d'attendre le 17 janvier pour ça. Enfin, qu'importe, si cette équipe ne monte sur le podium qu'à la 38e journée, ce sera forcément une saison réussie.
Ce qui compte en football, comme au cinéma, c'est la fin, pas le début. Et cette équipe a l'occasion de faire oublier une première partie pénible avec un tableau plus qu'alléchant. Alors que certains consultants voyaient cette formation bonne à jouer le maintien cette saison, l'OM s'est replacé à cinq points du podium. Alors, sûr, on ne s'enflamme pas ? Toujours pas. Car l'opposition va être tout autre jusqu'à la fin février (déplacement à Lyon, Nice, réception de Paris, Saint-Etienne ainsi que la confrontation en Europa League contre Bilbao). Heureusement, il n'est pas nécessaire de rattraper cinq points en deux mois. Le vrai test, ce sera donc la réception de Lille le 29 janvier. Est-ce que cette équipe sera enfin capable de lâcher les chevaux à domicile, d'attaquer sans retenue ? Est-ce que Michel a pour de bon laissé de côté son 4-3-3 avec trois milieux à vocation défensive, même avec un enchaînement de matchs tous les trois jours qui risque d'ajouter des forfaits ? Les dirigeants vont-ils orienter le mercato avant tout pour que cet état d'esprit perdure ? L'intérêt est en tout cas relancé. La fameuse magie du football.