Retour sur les déclarations du meneur de jeu de l'OM.
Il a fait le boulot, comme on dit. En homme d'expérience, Dimitri Payet a même un sens certain de la mise en scène lorsqu'il accorde une interview. Il démarre d'abord avec le contexte, ensuite, il se livre en étant conscient que cela va faire parler, encore et encore. Il l'explique lui-même en préambule : depuis la finale de l'Europa League, il y a deux ans, il n'avait plus accordé d'entretien individuel avec un journaliste, se contentant des conférences de presse. Là, il voulait parler, et s'est tourné vers le Journal de l'île de la Réunion. Question de confiance. Question aussi de se rappeler un peu son île natale sur laquelle il n'a pas pu retourner cet été, coronavirus oblige. De cet entretien, c'est surtout les propos de Payet sur son refus de baisser son salaire qui ont fait réagir. Ce qui est tout à fait compréhensible. Le passage des "crédits à honorer" est de trop, pour les yeux de ceux qui gagnent deux cents fois moins et qui ont dû justement les décaler pendant cette pandémie. Mais il a évoqué bien d'autres sujets concernant l'Olympique de Marseille. Et les supporters ont de quoi se frotter les mains.
Payet y croit finalement pour exister en Ligue des champions
Car il faut remettre dans le contexte. Ces dernières semaines, on a tout entendu sur Payet. Un joueur qui n'entendait pas baisser son salaire, certes, mais qui serait en froid avec son président et pas à l'abri d'être transféré en Turquie ou dans un championnat qui peut assumer ses émoluments. Mais dès le départ, Payet, s'il n'est plus capitaine de l'OM depuis un an, remet les choses dans le contexte : "Quand on s'attaque au groupe, au vestiaire, à l'institution OM, ça me dérange". Et alors qu'on le disait en froid avec Jacques-Henri Eyraud, il se fend d'un hommage à la gestion présidentielle, comparaison avec la période Labrune à l'appui : "Entre la première fois où j'ai signé à Marseille et la deuxième, là où le club a grandi, c'est dans la gestion des crises. Au-delà de tout ce qu'on peut dire, on arrive à se parler, à trouver des solutions tous ensemble, à laver son linge sale en famille. La récente gestion du coach est là pour le prouver. Malgré tout ce qui a été rapporté ces derniers jours, il est toujours parmi nous. On est soudés quand ça concerne l'institution". Payet donne également des garanties. Dès le mois de février, il avait mis en garde sa direction. A trop vouloir vendre, l'OM n'aura pas de quoi faire le poids en Ligue des champions et cela peut vite devenir gênant. Aujourd'hui, il ne tient plus le même discours. "Si on continue à évoluer ainsi, oui, on aura notre carte à jouer en Ligue des champions" déclare-t-il notamment, toujours dans le JIR. Quant aux rumeurs de départ, il tourne cela en dérision, se demandant si l'OM ne va pas finir par s'inscrire dans un championnat de foot à 7.
Quand il parle, derrière, il marque...
On pourrait se dire que c'est de la communication et qu'à ce petit jeu, Payet justifie pleinement le salaire que sa direction lui a accordé. Sauf que cela ne marche pas comme ça dans le football, et encore moins avec le numéro 10. Il l'a rappelé dès le départ, ce n'est pas un adepte de l'exercice. Quand il parle, il aime bien que ce soit suivi d'effets. Comme pour sa conférence de presse avant Lyon, où il s'en était pris à Garcia, comme avant ASSE-OM où il avait tancé la politique de recrutement à venir. Cette fois, il n'y aura pas de match où mettre un but dans la foulée. Pas un vestiaire pour l'accueillir en chambrant, pour lui dire qu'avec de telles déclas il allait falloir être costaud derrière. Mais c'est tout comme. Il s'inscrit dans le projet marseillais, très bien. A lui de prouver qu'il peut enchaîner alors. Le souvenir de sa saison 2018-2019 n'est pas totalement effacé. Mais en tirant toute son équipe vers le haut pour un départ canon en 2020-2021, il pourra la faire classer dans la catégorie "accident".