Focus sur la fin de saison de Pape Gueye, qui vient de gagner la CAN avec le Sénégal.
A sa signature en juin 2020, Pape Gueye était "une bonne pioche de Ligue 2, qui ne coûte rien" et il fallait remercier André Villas-Boas pour ça. Il y a quelques semaines, quand la plainte de Watford auprès de la FIFA a rendu concrète des sanctions à venir pour l'Olympique de Marseille, Gueye était "un problème, qui en plus n'est pas un crack" et il fallait insulter Jacques-Henri Eyraud. Désormais, Pape Gueye a un nouveau statut, puisqu'il a gagné la Coupe d'Afrique des Nations, où il a participé à six matchs sur sept. Et encore, le seul match qu'il a loupé, c'est celui en poule où son coach n'a pas voulu prendre de risque alors que la sanction de la FIFA concernait aussi le milieu et venait d'être prononcée, en attendant l'appel suspensif. Du coup, vu qu'il a désormais la médaille d'or autour du coup, il faut se tourner vers qui ? Avant tout vers lui-même, alors qu'il doit profiter de la vague pour atteindre un objectif personnel bien séduisant avec l'OM.
Pape Gueye, le Boghossian du Sénégal
Au Cameroun, Aliou Cissé a fait de Pape Gueye un élément essentiel de son dispositif. Dans son milieu à trois, c'était le quatrième homme, voire le troisième. Il y avait Nampalys Mendy (Leicester), Idrissa Gueye (PSG) et donc Pape, en balance avec Cheikhou Kouyaté (Crystal Palace). Un peu à la Alain Boghossian au Mondial 98 au niveau de l'importance, pour situer. Dans le jeu, c'est pareil. Comme avec Aimé Jacquet en son temps, les trois milieux de terrain avaient pour consigne d'abattre un boulot monstre pour libérer les trois de devant. En ce sens, la frontière entre milieu défensif et milieu relayeur était très floue et Gueye ne s'est pas posé de question, il est allé gratter le plus de ballons possibles, ce qui a plutôt bien réussi aux Lions de la Téranga. En une compétition, Gueye a pris une belle expérience, comme il le confiait mercredi en conférence de presse : "J'ai joué avec des grands joueurs qui jouent dans des très grands clubs. Quand tu t'entraînes au quotidien avec des Sadio Mané, des Kalidou Koulibaly... Tu ne peux qu'apprendre. J'ai beaucoup appris à leurs côtés. A l'entraînement aussi, sur la préparation, les détails... C'est ce qui fait qu'en tant que jeune joueur, tu grandis". Vous pouvez retrouver son interview en vidéo.
Dans les temps de son contrat, qui court jusqu'en 2024
Mais attention, ce n'est pas ce que va lui demander Jorge Sampaoli à Marseille. Si le joueur avait oublié cette donnée, le coach lui a rappelé dès son match de retour dimanche, avec une nouvelle position de latéral gauche. Pape Gueye a appris au dernier moment à quelle position il allait jouer à Metz. Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas bossé à l'entrainement. Il n'empêche, c'est dans un poste de milieu défensif qu'il est attendu, pourquoi pas dès ce match contre Qarabag, pour faire souffler Boubacar Kamara. Son premier coach à l'OM, André Villas-Boas, le voyait déjà dans ce rôle-là. "Pape un joueur extraordinaire, j'ai beaucoup confiance en lui, sauf qu'il y a Kamara devant. C'est un joueur pour le futur. Je ne l'espère pas, mais quand de grands clubs européens s'intéresseront à Bouba, ça ouvrira un peu la porte à Pape", avait déclaré AVB en décembre 2020. Gros club ou pas, le départ de Kamara semble programmé pour juin prochain. A Pape Gueye de ne pas faire mentir le coach portugais et de prendre le relais. En ce moment, Kamara sort de très grosses prestations, l'affaire n'est pas simple. Mais Gueye a le potentiel et cette confiance venue de la CAN où il a su bousculer les cadres pour grimper dans la hiérarchie. Le symbole serait beau pour le club : si un joueur quitte le club libre, c'est un autre élément, arrivé libre, qui prend sa place. Dans la logique de la constitution d'effectif aussi : Pape Gueye prendrait de l'importance pour sa troisième saison au club, il sera alors temps de prolonger ou de partir vers un plus gros club. Le chemin est visiblement tracé, il n'y a plus qu'à confirmer sur ces trois derniers mois de compétition...