Retour sur les cinq années d'Hiroki Sakai à l'OM, alors que le défenseur japonais a annoncé son départ ce lundi matin.
Du Sakai dans le texte. Cela fait quelques semaines que le défenseur est annoncé sur le départ de l'OM, avec un retour au pays à la clé. Mais il a attendu le lendemain du dernier match pour officialiser la chose, sans doute parce qu'il ne voulait pas faire de vague avant et que ce qui comptait jusque-là, c'était l'équipe. Sakai a publié un message d'adieu sur Instagram. Un message simple et touchant, pour un mec simple, comme il en faut aussi dans une équipe. Sakai sera donc resté 5 ans à l'OM, cinq saisons passées dans le top 5 de la Ligue 1, ce qui symbolise assez bien son passage. Il n'a jamais fait partie des meilleurs latéraux du championnat, mais il a pour lui d'avoir toujours eu une certaine régularité et un état d'esprit irréprochable.
Un travail de sape pour l'éclosion de Florian Thauvin
L'histoire commence presque dans l'anonymat. Quand Sakai arrive, c'est la période de grande lessive à l'OM. Margarita Louis-Dreyfus veut vendre, Vincent Labrune est chargé de tailler dans le vif. Tous ceux qui ont joué latéral droit sur la saison écoulée s'en vont, que ce soit Brice Dja Djédjé (pour 3 millions d'euros à Watford), Javier Manquillo (retour de prêt à l'Atletico) ou même Mauricio Isla, le Chilien qui avait rapidement été replacé au milieu de terrain. Pour Frank Passi, resté sur le banc, il faut un titulaire pour la saison, et Jean-Philippe Durand va chercher Hiroki Sakai en Bundesliga. Un latéral méconnu dont on sait tout juste qu'il était en larmes quand son club était relégué. Energique en préparation, il se révèle plus en difficulté au début du championnat. Et même à l'arrivée de Rudi Garcia, symbole du nouveau projet et des ambitions de Frank McCourt, on se dit qu'il va être une des premières victimes du nouveau club phocéen. Le coach passe volontiers ses nerfs sur le Japonais dans les soufflantes à la mi-temps, peut-être plus que sur d'autres joueurs. Mais progressivement, Sakai s'accroche. Devant lui, dans le couloir droit, Florian Thauvin commence à avoir un super niveau et n'oublie jamais, publiquement et dans l'intimité du vestaire, de remercier le Japonais pour tous ses appels dans le couloir. S'il reçoit rarement le ballon, il permet d'embarquer un adversaire et cela devient plus simple dès lors pour Thauvin de rentrer dans le coeur de jeu.
La surprise de la polyvalence
La deuxième saison, Sakai parviendra contre toute attente à monter en puissance. Même s'il doit faire avec la concurrence de Bouna Sarr à droite, il s'impose comme un des cadres de cette équipe. Alors que Patrice Evra se fait licencier au coeur de l'automne, il est capable de suppléer Jordan Amavi à gauche. Dans l'effectif, un postulant en doutait pourtant sérieusement "il n'y arrivera pas, il n'a pas les repères". Sakai fera même mieux, avec des prestations très convaincantes en Europa League en tant que central dans une défense à trois. Même s'il reste sur le banc pour la finale d'Europa League, il est devenu un actif de cet OM qui monte en puissance. Il prolonge son contrat d'une saison sans faire trainer les négociations, presque trop heureux d'être là.
Timide contact avec Tottenham
Au final, il fera peut-être sa meilleure saison l'année suivante, qui sera pourtant d'une grande souffrance. Alors que Payet s'embrouille avec la moitié du club, que Thauvin vilipende Rudi Garcia en plein milieu du vestiaire, qu'Adil Rami n'arrive pas à redescendre de son nuage de champion du monde ou que Luiz Gustavo pleure tous les soirs son offre mirobolante venue de Chine, Sakai se bat sans état d'âme pour que l'équipe reste à la lutte. Ce n'est pas un hasard s'il fait alors partie des meilleurs joueurs de la saison, avec le minot Boubacar Kamara et l'autre soldat Lucas Ocampos. C'est à ce moment-là que l'OM se dit que c'est peut-être le bon moment pour le vendre. Des contacts sont un temps initiés avec Tottenham, et Andoni Zubizarreta se met à espérer une offre à 15 millions d'euros. Elle ne viendra jamais et ce sera un tournant pour Sakai, moins bon les deux saisons suivantes. Paradoxalement, c'est quand l'OM finit second avec Villas-Boas qu'il semble en deça. Mais il a pour lui le fait d'avoir toujours colmaté les brèches, à droite, à gauche, quitte à jouer blessé, sous infiltration, alors qu'il est parti jouer à l'autre bout du monde avec sa sélection. Malgré un regain de forme en défense à trois avec Sampaoli, qui amènera à se demander, comme vous pouvez le voir en vidéo, s'il n'avait pas un avenir en central, il finira par rendre les armes. Selon certaines indiscrétions à la Commanderie, cela fait plusieurs semaines qu'il ne s'entraîne qu'à moitié tant son corps a pris des coups dans tous les sens.
Il faut toujours un Sakai dans son effectif
Comment ne pas aimer ce joueur ? Certes, à son poste, l'OM a connu des élements bien meilleurs, comme César Azpilicueta, Rod Fanni ou même Laurent Bonnart. Certes, avec onze Sakai dans l'équipe, ce serait peut-être compliqué. Mais que ça fait du bien d'avoir un Sakai dans l'effectif. Et dans l'histoire, cela compte tout autant. Dans les décennies prochaines, la victoire de Leipzig restera dans le patrimoine du club avec le but de Dimitri Payet, qui pue le talent. Mais aussi avec la belle histoire de ce latéral de devoir qui marque son premier but au club le jour de son anniversaire et que tout le monde vient féliciter de bon coeur. Alors, encore merci pour tout Hiroki !
Romain Canuti