Vendredi, l'OM s'est incliné 2-0 sur la pelouse de Guingamp. Un troisième revers en quatre matchs qui fait tache. Face à des adversaires qui joueront sans doute la deuxième partie du tableau cette saison, l'OM n'a pris qu'un quart des points, soit trois sur douze. À l'aube de la trêve internationale, le doute s'est largement immiscé dans les têtes des supporters marseillais. Quand on se penche sur les statistiques, il y a de quoi être septique. En 2011/2012 et 2005/2006, l'OM avait déjà débuté sa saison par trois revers en quatre rencontres. Le club olympien avait finalement terminé respectivement dixième et cinquième. Loin donc du podium, objectif presque non avoué du début de saison et qui permet d'envisager la grosse manne financière d'une participation à la Ligue des Champions.
"Il nous a manqué de la sécurité sur ce match" confiant Michel après la rencontre. Mais pas que. Malheureusement. Les Olympiens ont pêché dans bien des domaines. Une certaine suffisance, un manque de réalisme criant, un jeu trop individualiste, des automatismes loin d'être au rendez-vous. La liste est longue. Trop. Jocelyn Gourvennec, entraîneur de Guingamp, pose finalement un regard lucide sur la situation actuelle de l'OM : "Ils ont changé totalement de dispositif et d'animation, surtout sur le plan défensif. Cela ne va pas se faire non plus du jour au lendemain. Ils ne peuvent pas passer d'un an de marquage individuel, à un marquage huilé en zone, il va leur falloir du temps" explique-t-il. Malheureusement, du temps, l'OM n'en a pas, n'en a jamais eu et n'en aura probablement jamais. Ici, c'est différent. L'effectif totalement chamboulé n'aide pas non plus à trouver cet équilibre.
Sur le plan individuel, là aussi, les faiblesses étaient criantes. Romain Alessandrini est celui qui cristallise les rancoeurs quelques heures après la rencontre. Le milieu de terrain a pratiquement tout raté, a toujours oublié Manquillo dans son dos et n'a jamais été dans le tempo. Ça fait beaucoup pour un seul homme, dont le franc-parler dans la presse n'a pas été digéré par une partie des supporters. Les chiffres sont accablants : 25 ballons perdus, sur 51 joués ; 5 tirs, aucun cadré. Cette pâle copie fait fulminer Daniel Riolo sur RMC : "À droite, celui qui ne comprenait pourquoi il ne jouait pas sous Bielsa a été catastrophique. Alessandrini et son fameux pied gauche qui ne sert à rien. Même les coups de pied arrêtés, il les tire mal ! Je ne comprends rien à ce qu’il fait ou essaye de faire sur le terrain. Il attend que la lumière jaillisse de son pied gauche. Le problème, c’est qu’il est trop souvent enfermé à la cave, loin de l’interrupteur, son pied gauche !" Constat cruel.
Mais à sa décharge, il n'a pas été le seul dans ce naufrage collectif. Nicolas Nkoulou, qui semble avoir la tête ailleurs, et qui refuse toujours de s'exprimer devant la presse, est passé totalement à côté. Mauvaises relances, petits ponts, placements aléatoires, marquages lâches, tout y est passé. Barrada et Cabella, dans leur rôle de meneurs de jeu reculés n'ont pas non plus su faire la différence.
Pourtant, il y a tout juste une semaine, les fanfarons étaient majoritaires au soir de la victoire contre Troyes au Vélodrome. Une démonstration. 6-0. Les sorties médiatiques de toutes les composantes du club ont amplifié ce sentiment de confiance, qui flirtait parfois avec la suffisance : "Le 6-0 face à Troyes était évidemment trop gros pour être vrai commente Riolo. Un leurre pour les gogos qui ont ainsi pu parler de l’effet Michel, de sa veste et autres âneries entendues toute la semaine." Entre Michel, la direction qui multiplie les transferts et cette douce euphorie, les pieds n'ont plus touché terre, certes, mais en face ce n'était que Troyes, un promu qui ne ferme pas le jeu, au contraire."Ils avaient fait impression dimanche, car ils avaient été très efficaces, ne concédant que peu d'occasions et en marquant presque à chaque attaque" explique Gourvennec, lucide. En Bretagne, cela n'a pas été le même scénario : "On a réussi à être plus agressif, par rapport à ce qu'ils ont connu dimanche. On a été plus pressant, ils ont évolué moins dans le confort" conclut le coach guingampais.
"L'OM reste une équipe forte, qui tient bien le ballon, avec de la qualité technique à l'intérieur du jeu. Ils ont du talent, ils sont capables sur les semaines à venir de gagner leurs matchs, même si ça va prendre du temps de recaler tout le monde dans un système complètement différent" explique également avec optimisme Gourvennec. Avec la trêve internationale, Doria, Nkoulou, Rekik, Silva, Batshuayi, Mandanda, Manquilo, Mendy, Romao, Lemina vont quitter Marseille pour leur sélection respective. Travailler les automatismes sera la base du travail de Michel, avec la finition, évidemment, mais sans sa défense titulaire, ça risque de traîner. Le chantier semble énorme.
Lassana Diara, qui restera à Marseille pendant la trêve, aura un rôle à jouer également, de par son expérience, lui qui a fait une bonne seconde période à Guingamp, après être passé au travers en début de match : "Il n’y en a qu’un qui m’a semblé confirmer sa sortie troyenne, c’est Lassana Diarra, sorti fatigué et blessé, mais qui, au fil des semaines, devrait beaucoup apporter à cette équipe. Une équipe qui va en avoir grand besoin…" écrit à ce propos Pierre Ménès sur son blog. Autre joueur qui a montré de l'envie, sans toutefois réussir, c'est Michy Batshuayi, qui fait l'admiration de Gourvennec : "C'est un phénomène. Il fait des choses que les autres ne font pas. Il est puissant, il élimine. Il n'a pas marqué, mais ce fut à deux doigts. Sur n'importe quelle situation, il est capable de débloquer un match, c'est un atout énorme dans une équipe."
D'ici le prochain match contre Bastia, dans deux semaines au Vélodrome, l'OM aura acquis de nouveaux joueurs, d'autres seront partis visiter des contrées lointaines, Abou Diaby sera normalement avec le groupe. Ainsi va la vie olympienne, entre remous, émotion, emballement et prise de tête. À Marseille bien plus qu'ailleurs.