Tout le monde s'est régalé devant le match OM-Nice vendredi. Édito pour faire durer le plaisir un peu plus.
Novembre 2010. L'OM s'impose 4-0 contre Montpellier. Depuis, en Ligue 1, ce score de gala n'avait jamais été renouvellé Bouleverd Michelet. Presque quatre ans. Une éternité pour un club qui a fait souffrir les mirettes des amoureux du ballon rond à de trop nombreuses reprises ces derniers mois. Pire, à l'arrivée de Bielsa, le spectacle qui serait - sans doute - proposé, passait presque avant les ambitions et les résultats. "Au Vél, on veut s'éclater, le reste viendra après". Voilà la maxime si souvent entendue par un public trop souvent privé de son spectacle bimensuel.
La vie est dure, et au Vélodrome, on veut vivre l'aventure. Argentine, bien sûr, où la pampa mesure cent-dix mètres sur soixante-dix. Où les chèvres se sont soudainement métamorphosées en montures pour un gaucho un peu barré.
Vendredi, les supporters ont hurlé leur bonheur, le coach a été épaté par l'ambiance, les joueurs ont pris leur pied sur le rectangle vert ("Ça faisait longtemps que l'on n'avait pas vécu une telle soirée (...) dans une belle ambiance et un très beau stade. On a un jeu qui est beau à voir." Steve Mandanda) et le tout, relayé par la presse, est du plus bel effet. Alors, oui, l'enflammade n'est pas loin. Oui, tout le monde en fait un peu trop, en dépeignant un tableau presque idyllique. Oui, à Marseille, on ne fait rien comme les autres. Oui, il est précoce pour parler déjà d'un éventuel podium en fin de saison. Oui, il y a encore des manques dans cette équipe de l'OM. Et une bonne fois pour toutes, non, Bielsa n'est pas le messie. Mais, à sa manière, il a rendu, l'espace de deux heures ou de deux jours, les gens heureux. Et dans la morosité ambiante de notre société, cela fait un bien fou. "Oublier les tracas du quotidien en allant au stade", on l'entendait sous l'ère Gerets ou avec Deschamps. Depuis, le disque s'était rayé. Bien heureux, on est passé de Jacques Brel au tango. Du port d'Amsterdam à celui de Marseille, la partition est la même. Elle fait la part belle au beau jeu. C'est celle qu'on aime. Celle qu'on chérit et qu'on se languit de retrouver, au détour d'un derby ou d'un Clasico sitôt programmé.
Un vent de fraicheur. De plaisir avant tout. Les titres ne manquaient pas dans les manches de ceux qui ont pris la plume vendredi soir. On s'est échappé, on a pris un plaisir fou. Savourons désormais. Laissons planer ce doux parfum de l'euphorie, qui nous enivrera quelque temps. Et maintenant ? Rêvons. Croisons les doigts. Dissertons. Pour revivre, si souvent, des moments comme ceux-là, où l'équipe a fait corps avec son douzième homme. Et ça, ça vaut bien tous les remaniements du monde. Car n'oublions pas, au fou et au seigneur, tout est permis.