OM : Bielsa parle du rôle de Labrune dans son départ de l'OM

Le 8 août 2015 fait partie des dates marquantes de l'histoire contemporaine de l'OM. Ce soir-là, le club phocéen démarre son championnat par une défaite à domicile contre Caen, sur un but d'Andy Delort (0-1). Surtout, dans la foulée, Marcelo Bielsa annonce sa démission avec effet immédiat, fustigeant la direction du club en lisant une lettre, alors que tout le monde s'attendait à une banale conférence de presse d'après-match. S'ensuivra une saison des plus compliquées, avec Michel puis Franck Passi sur le banc. Ce sera le début de la fin pour Vincent Labrune, fortement fragilisé par ce coup de théâtre et les choix qui ont suivi, tout en restant fidèle à sa ligne de conduite. De son arrogant "laissez-nous bosser" en zone mixte après une victoire à Montpellier, où il se félicitait de son mercato d'hiver (l'OM ne gagnera plus en championnat pendant trois mois derrière), à sa partie de billard dans un bunker du Vélodrome, alors que le public exprimait son mécontentement à l'extérieur. À la fin de la saison, il laissera sa place à Giovanni Ciccolunghi, la propriétaire Margarita Louis-Dreyfus souhaitant pacifier l'ambiance autour du club avant de le vendre à la fin de l'été.

Président de la LFP depuis 2020, Vincent Labrune est toujours aussi contesté, avec des travers qui ne sont pas sans rappeler sa période olympienne, notamment en ce qui concerne les manigances dans l'ombre du pouvoir. Le mensuel So Foot lui consacre la couverture de son numéro de septembre, avec un retour sur sa carrière en 16 pages. Des échanges avec le principal intéressé y sont inclus, ce dernier promettant aux journalistes un coup de téléphone de Bielsa. Ce qui se produit début août, un événement, car, en dehors des conférences de presse, l'actuel sélectionneur de l'Uruguay ne s'est pas entretenu avec un média depuis plus de 20 ans. Il en ressort un témoignage direct de Bielsa : "De Labrune, je ne peux parler plus d'une minute. Il m'a demandé de dire s'il avait quelque chose à voir avec mon départ de l'OM, s'il l'avait provoqué. Je ne sais pas, même si je l'imagine, quelle raison motive ce besoin de précision de ma part. Je ne lui ai d'ailleurs pas demandé. La vérité, c'est que ma démission n'est en rien liée à son attitude envers moi. Je ne sais pas si je fais bien ou mal en disant cette vérité, mais c'est la vérité".

Pour revenir à la période Bielsa à l'OM, le coach argentin avait signé un contrat particulier en arrivant au club à l'été 2014 : un contrat global pour lui et son staff, "El Loco" prenant soin derrière de faire la répartition, et qui passait au minimum légal pour la deuxième saison. Une manière de contourner le règlement de la LFP qui oblige les clubs à signer un entraîneur pour au moins deux ans. Malgré la non-qualification pour la Ligue des champions à l'issue de la saison, Bielsa s'était mis d'accord avec Labrune pour une deuxième saison. Mais rien n'avait encore été signé à la fin de la préparation. Quelques jours avant le début du championnat, ce fameux soir contre Caen, l'Argentin participe à une réunion avec tout l'état-major de l'OM, dont l'avocat de Margarita Louis-Dreyfus, Igor Levin, qui lui soumet un contrat différent de ce qui était convenu. Autant dire que Bielsa n'a pas apprécié la démarche, et l'idée d'un départ a rapidement fait son chemin dans sa tête. "Tout le monde a dit que c'était moi qui l'avais fait partir, et j'ai laissé courir ce mensonge pendant neuf ans", commente Vincent Labrune dans l'article.

Mais contrairement aux dernières interviews qu'il a pu accorder, où la contradiction est très, très rarement de mise dans les échanges, les plumes du magazine soulignent, dans cet accès privilégié à Bielsa, la méthode Labrune :

"1- Séduire les journalistes en leur donnant ce qu'ils ne parviennent pas à avoir
2- Impressionner, toujours avec son entregent
3- Donner à voir une autre facette de l'histoire, qui lui est plus favorable".  

Ce portrait est à retrouver en kiosques et en numérique ce jeudi 5 septembre, avec un long passage sur ses années marseillaises, un ancien cadre des groupes de supporters reconnaissant même "être tombé dans le panneau".