OM : aller loin en coupe d'Europe et terminer sur le podium, mythe ou réalité ?

C'est ce que l'on appelle un débat moderne dans le football. A Marseille, il a pris des proportions incroyables au printemps 2018. Au sortir de l'hiver, l'OM et Lyon jouent sur les mêmes tableaux : en lice dans le tableau final de l'Europa League tout en étant à la lutte pour une place sur le podium de Ligue 1 avec le PSG de Neymar et MBappé ainsi que le Monaco champion sortant. Les huitièmes de finale retours se disputent quelques jours avant la confrontation entre l'OM et Lyon à l'Orange Vélodrome. Lyon se fait sortir par Moscou, Marseille passe Bilbao. C'est tout juste si les premiers "Jean-Michel Aulas, on va la gagner chez toi" ne partent pas de là. Pourtant, le jeudi soir, il y en a qui font grise mine dans les rangs des supporters phocéens. Si si, des fans qui savent que l'objectif prioritaire c'est de retrouver la Ligue des champions et qu'il ne faut pas se fatiguer dans une compétition qui n'est pas non plus la piste aux étoiles justement. La suite, on la connaît. Ils auront tort, car l'OM connaîtra des émotions indélébiles avec le quart contre Leipzig, la demie contre Salzbourg. Mais ils auront aussi raison car c'est Lyon qui gagnera la confrontation avec une clim de Depay à la dernière minute, avant de finir sur le podium au nez et à la barbe phocéenne. Il y a un peu plus de vingt ans, Rolland Courbis avait déjà vécu ça, avec son OM finaliste de coupe d'Europe et champion à trois minutes près. Il ne s'en est jamais remis, radotant toujours à la radio sur le danger de mener les deux compétitions de front. Bon. Mais concrétement, sur les 20 dernières années, est-ce que cela peut se prouver, avec des statistiques à l'appui ? 

1 club français sur 7 a fait quart de Ligue Europa et podium de Ligue 1 sur les 20 dernières années...

Pour analyser le phénomène, commençons par observer, sur les 20 dernières saisons, les fois où un club français est arrivé au moins en quart de finale de coupe d'Europe. C'est arrivé 23 fois (7 fois pour Lyon, 7 fois pour Paris, 4 fois pour l'OM, 3 fois pour Monaco, 1 fois Auxerre et 1 fois Bordeaux). En Ligue des champions, le raisonnement ne tient pas ou presque. A l'image du Lyon champion sept fois d'affilée dans les années 2000, ou du PSG sauce Qatari sur la décennie suivante, une équipe qui passe les poules en Ligue des champions ne le fait pas par hasard, elle est programmée pour performer aussi en championnat. Sur les 16 quarts de finale français, seuls trois ont été atteints par des équipes qui n'ont pas fini sur le podium à la fin. Cela concerne le Bordeaux de Laurent Blanc en 2010, en feu au départ avant de s'effondrer totalement. L'OM de Deschamps en 2012, en proie à de graves soucis internes qui ne jouaient donc vraiment que cette compétition en mode coupe et le Lyon de Rudi Garcia en 2020, avec la spécificité du Covid et d'un final 8 organisé à la hâte. Cela se vérifie peut-être plus alors sur la coupe UEFA et l'Europa League, dans le sens où l'on ne planifie pas à l'avance d'être encore dans cette compétition au mois de mars. Sur les 20 dernières années, 7 clubs français y ont atteint au moins les quarts de finale. Mauvais nouvelle, il n'y en a qu'un qui a réussi à finir en même temps sur un podium de Ligue 1. Bonne nouvelle, c'était l'OM, avec Eric Gerets (quart de finale contre le Shakthar et deuxième derrière Bordeaux).

...mais 75% des clubs qui finissent sur le podium de la Ligue 1 jouent la coupe d'Europe dans leur saison !

Mais il ne faut pas croire non plus que jouer une coupe d'Europe est un handicap. Pour preuve, si l'on regarde, toujours sur les 20 dernières saisons, combien de clubs qui ne jouent que les compétitions nationales finissent sur le podium du championnat, il n'y en a que 15, soit 25% (1 sur 4 si vous préférez, dont deux fois Marseille, en 2003 et 2020 avec Alain Perrin et André Villas-Boas, trois fois Monaco en 2003, 2014 et 2021, deux fois Lille, en 2014 et 2019, deux fois Auxerre en 2002 et 2010, ainsi que Nice, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Paris et Lens). Une conclusion s'impose alors d'elle-même : oui, il faut jouer une coupe d'Europe, ne serait-ce que pour maintenir une émulation dans le groupe, à l'image de ce que Christophe Galtier a pu faire l'an dernier avec le LOSC où les phases de poule lui ont permis de mettre en forme des Luiz Araujo, des Yazici, qui se sont ensuite révélés bien utiles en Ligue 1, mais il ne faut peut-être savoir s'arrêter à temps. Un peu finalement comme l'OM de Didier Deschamps en 2010. Il y a presque 12 ans jour pour jour, l'OM se faisait surprendre à domicile dans les dernières minutes contre une belle équipe du Benfica (Coentrao, David Luiz, Di Maria, Ramires, Saviola, Aimar) alors qu'un but de Niang permettait de mener jusque dans le dernier quart d'heure. A la fin du match, l'entraîneur était déçu, mais pas trop. Parce qu'il savait ? Toujours est-il que cette année-là, trois jours plus tard, il y avait également un OM-Lyon programmé à Marseille. Et l'équipe de Deschamps l'a gagné, tout comme le titre en fin de saison...