Alors que le mercato n'a pas encore démarré, les dirigeants de l'OM ont fait passer le message : si Lucas Ocampos veut partir, la porte est grande ouverte. L'Argentin est sûrement le flop de ce début de saison. Le pire des héritages de Bielsa, un cadeau empoisonné qui a tout de même coûté près de 7 millions d'euros, ce qui est au final bien plus condamnable qu'un départ au soir de la première journée. S'il y a quelques temps, Ocampos était considéré comme un des talents de l'AS Monaco, au même titre que Yannick Ferreira-Carrasco par exemple qui évolue sur un côté comme lui, ses prestations contre (ne serait-ce que) Liberec ou Bourg-en-bresse sont à mille lieux de ce que son ami belge réalise actuellement avec l'Atletico Madrid. En fait, Ocampos est même à des kilomètres de l'espoir et l'estime que les supporters marseillais ont eu à sa signature. Arraché à l'ASM dans les derniers jours du mercato en janvier dernier, il rentre à Rennes et marque sur son premier ballon. Une reprise peu académique mais astucieuse sur corner. Ocampos, acheté pour près de 15 millions d'euros à River Plate par Monaco, allait enfin exploser sous les ordres de Marcelo Bielsa, son compatriote qui le voulait déjà absolument six mois plus tôt. C'était écrit. Onze mois plus tard, le constat est cruel. Bielsa n'est plus là, Ocampos si, sous contrat jusqu'en 2020 ! Et bien parti pour succéder à un autre olympien dans le coeur des supporters : Ibrahima Bakoyoko...
Car si le pari Ocampos se révèle être un flop à l'OM, il a le mérite d'être un flop rare. Petit cours de classification. Depuis le retour du club dans l'élite, en 1996, les déceptions n'ont pas manqué au Vélodrome. Mais il faut reconnaître que la plupart des joueurs qui n'avaient rien à faire là (Yannick Fisher, Jean-Pierre Cyprien, Alen Skoro, Rudolf Skacel, Leyti N'Diaye, Koji Nakata, Salim Arrache, Elliot Grandin, Jérémy Morel, Djimi Traoré et Kassim Abdallah notamment) n'ont pas coûté grand-chose au moment de leur arrivée. Ils étaient venus en complément ou avaient signé alors que le club était déjà dans une situation critique. L'attente des supporters marseillais à leurs égards était donc quasi-nulle. Ca n'a pas été le cas pour Eduardo Berizzo, Daniel Montenegro, Bruno Ngotty, Marcelinho, Philippe Christanval, Fernando Morientes ou encore Saber Khalifa, qui ont coûté plus d'argent. Mais ces éléments ont au mieux traversé une saison comme une ombre, avant de s'éclipser, de gré ou de force, avec un gros chèque en guise de cadeau de départ au besoin. Lucas Ocampos n'est pas dans ce cas. Il n'est clairement pas bon, dans des performances nettement inférieures à ce que pouvaient faire par exemple Florian Thauvin ou Dimitri Sytchev, autres éléments décevants achetés à prix d'or. Mais il va pourtant s'accrocher à l'OM et, pire, jouer parce que le club ne peut pas trop faire autrement. Avec son transfert à sept millions d'euros, il se rapproche donc de l'attaquant ivoirien Ibrahima Bakayoko. Recruté par Rolland Courbis à l'été 1999 pour près de 50 millions de francs et un contrat de cinq ans, il s'accrochera pendant quatre saisons pour être l'attaquant le plus utilisé de l'effectif. Mais ne passera jamais la barre des 8 buts en Ligue 1. "Baka" c'était une maladresse chronique parsemée de réalisations mythiques. Un peu comme Ocampos, capable de mettre le but de la saison lors de la dernière journée contre Bastia la saison passée ou un ciseau contre le même adversaire cette saison.
Comme Bakayoko, Ocampos semble évoluer sur une autre planète, où ces matchs ne sont pas analysés de la même manière. Dans un entretien accordé à ESPN lors de sa semaine de vacances en Argentine, il a ainsi déclaré : "Quand on joue depuis longtemps dans un championnat, on aspire à connaître d'autres pays, un autre football. Mais j'ai mon équipe en tête et seulement le fait de jouer avec elle". Comme si ces récentes performances pouvaient intéresser une autre écurie. Remarque, rien n'est impossible dans le football moderne. Imbula a beau être un flop à Porto, sa valeur a visiblement augmenté, preuve que le sportif n'entre plus en ligne de compte. Mais il y a autre chose avec Ocampos : ce sentiment qu'il peut un jour exploser, et confirmer les espoirs qui étaient placés en lui à River Plate, lorsque Barcelone se penchait le plus sérieusement du monde sur son cas. En attendant, les supporters de l'OM sont condamnés à regarder cette grande carcasse faire croire qu'elle est technique quand elle rentre sur le terrain. En espérant, comme pour Bakayoko, que le sort récompense son abnégation. Comme contre Monaco, où sa frappe bien trop croisée s'est transformée en passe décisive pour Nkoudou en fin de match. Pour tout le reste, il faudra passer ses nerfs en se disant que, des années plus tard, il sera possible d'en rire avec un bon bêtisier. Puis vu la durée de son contrat, il vaudrait mieux s'y habituer...