* merci Brandao ! Le Brésilien joue son dernier match au Vél ce soir. L'occasion de revenir sur la carrière d'un joueur pas comme les autres.
Ce dimanche soir, Brandao ne devrait pas débuter la rencontre, mais sa rentrée est à prévoir sur la fin, pour soulager le trio offensif. Comme un symbole de l’évolution de la fonction du joueur depuis son arrivée à Marseille : avant, il était là pour soulager ses coéquipiers sur le front de l'attaque. Dorénavant, il les soulage en les laissant souffler sur le banc. Lorsqu’il débarque en janvier 2009, le peuple marseillais n’a qu’une vidéo Youtube où on le voit marquer contre Barcelone à se mettre sous la dent. Il vient du Shakhtar, où les Brésiliens ont l’habitude de danser sous la neige. Sauf que lui, de l’Ukraine, il semble plus garder le goût du forage du pétrole. Aligné pour le choc du championnat face à Bordeaux, il foire contrôle sur contrôle. Gêné, Dugarry lâche au micro de Canal : "Il manque encore de condition". Cela faisait pourtant un mois qu’il était arrivé. Mais le Brésilien finit par trouver sa place.
Dans une Ligue 1 qui ne se caractérise pas par la technique de ses défenseurs, son pressing fait merveille, et il permet aux attaquants situés à côté de lui de partir de moins loin pour finir leurs actions. Parfois, le Brésilien se fend même de buts décisifs comme à Caen où il s’offre une percée seul face au gardien. La saison suivante avec Deschamps est celle de la consécration : il fait du premier trophée ramené par le club sa compétition. Non content d’avoir envoyé l’OM en finale avec un doublé à Toulouse, il régale les téléspectateurs d’un « j’ai pas touché » au stade de France qui lui collera à la peau. Toujours aussi maladroit, il rate l’immanquable à San Siro en Ligue des champions. Mais personne ne lui en tient rigueur, surtout ses coéquipiers positionnés sur les ailes. Niang, Ben Arfa et Valbuena, qui peuvent alors jouer comme de vrais ailiers.
Mais le coach change de tactique à l’intersaison. Il veut un grand attaquant de calibre international, un mec capable de faire la différence tout seul devant et organise son équipe en fonction, d’autant plus que Ben Arfa et Niang forcent leurs départs. La direction du club offre un nouveau contrat revalorisé à la Brandade, le sommant de jouer au coéquipier modèle. Il accepte, et subit. Contre Lille en mars 2011, il joue attaquant de pointe. Il doit se débrouiller tout seul pour créer le danger avec en guise de munitions les dégagements de Mandanda. Dur. Il sort dépité, mais n’est pas au bout de ses peines : quelques jours après, l’ « affaire Brandao » éclate. Mis en examen pour viol, il fuit au Brésil sous la déferlante médiatique. "Qu'il soit innocent ou pas, il y aura toujours de la suspicion. Je pense que c'est une bonne alternative" résume alors Christian Cataldo. En partant, il laisse quand même une belle stat : Sur le cumul des matchs du championnat de France depuis son arrivée, l'OM est en tête avec 174 points. Lille est 17 points derrière.
Comme dans les grosses productions hollywoodiennes, il y aura une suite, un numéro 2. Comme dans les grosses productions hollywoodiennes, il sera nettement moins bon que le premier, bien plus inégal, bien qu’il offrira quelques scènes de fous rires et de grand bonheur : La qualification contre l’Inter Milan, sur le même but que le raté contre le Milan AC deux ans plus tôt, sans doute un lien en forme de clin d'oeil dans le scénario, ainsi que le coup de grâce contre Lyon en coupe de la Ligue. Mais au-delà de ça, Brandao s’est convaincu qu’il est désormais un attaquant, un vrai. Au diable le pressing et le sacrifice pour l’équipe, l’avant-centre veut être un numéro 9 comme les autres. Mais la technique ne suit toujours pas et ses coéquipiers, ainsi que les supporters, recommencent à s’agacer. Brandao aurait pourtant de quoi répliquer. Avant pourquoi pas d’améliorer son total contre Auxerre et Sochaux, il en est à 116 matchs avec l’OM pour 31 buts. Soit un ratio de 0.27 but/match, un score supérieur par exemple à l’adulé Mickaël Pagis. En même temps, Pagis n’a pas une chanson à son effigie (voir vidéo ci-contre).
C’est ce que le joueur semble retenir, lui qui devrait poursuivre sa carrière dans le championnat russe. À Marseille, il provoquera sûrement sur les visages de ceux qui en parleront les sourires que provoque l’évocation des Bakayoko, Gimenez ou autre Titi Camara. Sauf que lui, il aura ramené des titres.
(Photos - Copyright © Le Phocéen)
R.Ca.