Nkoudou, une célébration qui fait plaisir

C'est un grand classique du football. Georges-Kévin Nkoudou, qui a quitté le FC Nantes pour l'OM cet été, a marqué son premier but en championnat avec le maillot blanc dans son ancien jardin de la Beaujoire. Question de repères, sûrement, puisque la frappe au premier poteau qui a pris le gardien nantais à contre-pied s'est déclenchée à l'instinct. Au moment de célébrer le but, le joueur s'est précipité vers les supporters marseillais avant de checker ses coéquipiers, notamment Batshuayi. Une réaction que le public de Loire-Atlantique a jugé déplacée, sifflant son ancien joueur encore plus copieusement tout au long de la partie, avant d'avoir une pensée pour sa génitrice au moment de sa sortie. Mais pour le coup, Nkoudou s'en fiche pas mal. Il a profité de cette soirée pour marquer des points auprès de son entraîneur, ce qui est le plus important, mais aussi auprès des fans de l'OM. 

Il faut être clair. Ce n'est pas parce que sa réaction est en faveur de l'OM qu'elle donne le sourire. S'il faut d'ailleurs disséquer la séquence, l'ailier en fait peut-être trop en se tapant énergiquement le coeur avec le poing et le blason du club. Personne n'est dupe. Nkoudou n'est au club que depuis quelques semaines, il est passé par les équipes de jeune du PSG, il n'est pas indispensable de faire croire qu'il a l'OM dans la peau, déjà. Lorsqu'André Ayew fait le même geste au bout de deux matchs à Swansea, la gêne est identique. Pour certains, visiblement, un coeur peut accueillir une flopée de blasons. Pas sûr que ceux qui alignent les heures de déplacement en bus pour supporter leur équipe aient le même avis. Mais revenons à Nkoudou. Il aurait pu céder à cette nouvelle mode. Celle des joueurs qui marquent et qui restent impassibles, bras en l'air, implorant le pardon face à leur ancienne équipe, par "respect". Au départ, cela concernait des joueurs types Raul, qui passaient leur carrière dans un club et qui se retrouvaient contraints à l'exil sur la fin, par la volonté d'un entraîneur. Mais désormais, un joueur qui passe six mois dans un club se sent obligé de le faire. A l'heure de la communication à tout va, il est de bon ton de soigner son image coûte que coûte. Samuel Eto'o en est l'illustration parfaite, lui qui a passé l'an dernier six mois à Everton, six mois à la Sampdoria et qui au moment de son départ a publié le même message sur les réseaux sociaux, remerciant les supporters pour ce lien "si particulier" qu'il avait noué avec eux. 

Georges-Kévin Nkoudou a eu le mérite de ne pas calculer. Il a quitté Nantes, a refusé les prolongations qui lui ont été faites tout au long de la saison pour s'engager à l'OM en position de force. Alors, même s'il garde forcément un bon souvenir du club avec qui il a fait ses débuts dans l'élite, il ne va pas surjouer l'amour du maillot jaune. D'autant plus qu'il était la cible de sifflets depuis le début de la rencontre. Il s'est concentré sur sa situation à lui, son club, ses supporters. Et puis il était tout simplement heureux. Cela faisait plaisir à voir. Le passé et les exemples de Ben Arfa et Thauvin montrent qu'un joueur qui fait des pieds et des mains pour arriver à l'OM, a plus ou moins le même comportement contre le club au moment de son départ. Si ça se trouve, dans quelques années, Nkoudou se retrouvera à marquer contre les Olympiens avec sa nouvelle équipe. Il ira célébrer ce but avec la même énergie qui l'a animé dimanche soir. Et il n'y aura aucune raison de lui en vouloir. Parce qu'il sera question de football, simplement, pas de bluff.