MLD, qu'est-ce qu'on fait ? Où est-ce qu'on va ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 23/03/2016 à 07:00
C'était un petit festival savamment orchestré. Pour la réception de Rennes, les supporters marseillais ont enchaîné les banderoles hostiles à l'égard de ceux qui font actuellement le club qu'ils supportent depuis des années. Un balai organisé où tout le monde en prend pour son grade, non sans humour. Les joueurs, Thauvin en tête, ont été marqués par l'accueil. Michel a fait, lui, mine de ne pas comprendre le français pour ne pas s'abaisser à répondre. Vincent Labrune, lui, a joué la compassion pour mieux rediriger le mouvement de protestation vers les hauteurs de l'organigramme. Et Margarita Louis-Dreyfus ? Comme à son habitude, elle a communiqué ce lundi ... avec un communiqué de presse. Mais il concernait le groupe Dreyfus, la situation de l'OM n'a pas été mentionnée à une seule reprise. Il faut dire que le groupe de négoce, qui a vu son bénéfice net plonger de 67% en 2015, est finalement bien plus dans le rouge que le club marseillais. Sur ses comptes de 2015, le groupe ne compte "que" 211 millions de dollars en résultat net, contre 648 millions en 2014. Conséquence relayée par Le Figaro, le groupe change de nom et passe de Louis Dreyfus Commodities à Louis Dreyfus Company B.V. Un tour de passe-passe pour faire oublier la mauvaise gestion sur le marché des matières premières agricoles ? Il y a de fortes chances pour que l'organigramme du groupe soit du coup modifié dans les semaines à venir. Et MLD, qui avait dû batailler ferme il y a quatre ans pour écarter les anciens conseillers de son mari, comme Jacques Veyrat, va peut-être voir sa gestion remise en cause. Les actifs et les enjeux sont tellement importants pour l'avenir de sa famille que la Tsarine n'a logiquement plus la tête à l'OM. Pour autant, la situation pourrait avoir un impact direct sur l'avenir du club marseillais.
La dernière fois que le groupe Louis-Dreyfus a subi un camouflet, c'était au début de l'année 2009. La fameuse crise des sub-primes aux États-Unis commençait à faire des émules et les placements de Robert Louis-Dreyfus se retournaient contre lui. Hasard ou coïncidence, l'actionnaire principal allait prendre des décisions capitales dans la foulée pour l'avenir de l'OM. Dans une interview accordée au 10 Sport, il s'en prend au bilan d'Éric Gerets. Le Belge, vexé, prendra alors la décision de quitter le club en fin de saison, alors qu'aucune proposition de prolongation ne lui avait été proposée jusque-là. Il prit quelques mois plus tard la décision de destituer Pape Diouf, alors président du club, dont les ambitions, par exemple en ce qui concerne le Stade Vélodrome, faisait peur notamment au conseil de surveillance. Pour Diouf à l'époque, mais aussi de nombreux observateurs de la vie phocéenne, un homme tirait les ficelles dans l'ombre : Vincent Labrune, conseiller de RLD, qui profitait de la situation pour prendre du poids sur les décisions sur l'OM. Ironie de l'histoire, quelques années plus tard, alors que MLD est trop occupée pour statuer sur l'équipe de foot, c'est lui qui se retrouve dans la peau du chassé. Celui qui aurait le fusil, à la droite de l'actionnaire, c'est Igor Levin. L'avocat russe qui a fait une entrée fracassante dans le monde de l'OM l'été dernier, avec cette fameuse réunion avec Bielsa qui a accouché d'une démission-surprise de l'Argentin trois jours plus tard. Selon La Provence, il serait de plus en plus présent à la Commanderie, ce qui rendrait fou un état-major olympien qu'il ne porte de toute façon pas dans son coeur.
Les jours de Vincent Labrune avec Margarita Louis-Dreyfus seraient peut-être comptés. Ce qui explique la nouvelle posture du président, qui, sentant le vent tourner, essaie de se désolidariser de celle à côté de qui il s'est affiché fièrement pendant des années. "Elle a injecté de l'argent, mais Vincent Labrune a fait n'importe quoi avec. Je comprends qu'elle n'ait plus envie d'en mettre. Mais qui a fait confiance à Vincent Labrune ? C'est elle" pointe Najet Rami, qui y voit donc plutôt des torts partagés sur le plateau du Talk Show. À côté de la supportrice, Mathieu Grégoire, journaliste à L'Équipe, dépeint une actionnaire dans une autre galaxie : "Elle s'en fout totalement de l'OM. Elle avait laissé les mains libres à Vincent Labrune entre 2009 et 2012, pour faire de belles choses avec l'OM, mais aujourd'hui, elle a vraiment d'autres préoccupations : elle vient d'accoucher, elle s'est remariée, elle a le groupe à gérer. Elle s'en fout de l'OM, à tel point qu'elle ne mesure même pas le désenchantement des supporters. Finalement, je me demande si la dernière sortie de Vincent Labrune, ce n'est pas un appel à l'aide". Ou une manière sournoise de préparer le terrain à de nouveaux investisseurs étrangers. Vincent Labrune et Margarita Louis-Dreyfus, plus aussi liés qu'auparavant, pourraient adopter une posture différente pour mieux ficeler la vente du club, en laissant par exemple le président actuel en poste pour assurer la transition. Des coups à plusieurs bandes qui sont encore loin d'être joués.