Batshuayi a tout pour réussir à l'OM, retour sur un parcours qui fut parfois chaotique et perspective sur l'avenir.
Michy Batshuayi. L'air jovial en toute occasion. Vous lui demandez un mot après un match, il s'arrête et laisse la langue de bois au vestiaire. Les supporters le connaissent peu ? Pas grave, il s'adresse à eux : "Je n'aime pas trop me définir, je les laisse me découvrir à leur aise, je vais essayer de les épater et de leur faire plaisir de plus en plus." Mieux, sur le terrain, il enchaîne les buts, quatre en préparation, même si un cinquième, inscrit contre son camp par un joueur de Leverkusen, lui est accordé par beaucoup. Le tout, en cinq matchs. De quoi faire saliver. Déjà.
Un peu trop peut-être ? Sans doute. Il est évident que le Belge ne pourra tenir le rythme toute la saison, mais la confiance est là. Son insouciance également. Peut-il être la révélation du championnat ? Oui, si l'on en croit les internautes de Lequipe.fr. 26% des sondés le placent en première place, devant David Luiz (PSG) avec 23% et Serge Aurier (PSG, 14%). Ça interroge sur le degré d'optimisme des fans de Ligue 1. Ça inquiète aussi. Un peu. Car la pression populaire - et médiatique - monte. Doucement, mais sûrement. Et les attentes sont déjà grandes sur ses frêles épaules. Vous êtes d'ailleurs déjà plus de 65% à penser qu'il deviendra le nouveau titulaire dans l'axe de l'attaque phocéenne.
Selon vous, Michy Batshuayi arrivera-t-il à s'installer comme titulaire à l'OM ?
Oui, il deviendra titulaire en pointe
65.4%Oui, avec sa vitesse, il peut s'installer sur un côté
19.9%Non, il est encore trop tendre
7.6%Ne se prononce pas
7.1%Exit donc André-Pierre Gignac dans l'esprit de nombreux aficionados marseillais, alors qu'il est le cinquième meilleur buteur de Ligue 1 sur le cumul des deux dernières saisons. Le foot, ça va vite, tout comme la vie de Michy. Durant sa jeunesse, il était au centre de formation d'Anderlecht, mais la porte de sortie lui a été montrée, pour raisons disciplinaires. L'homme, alors adolescent, n'est pas facile à gérer déjà. À l'instar d'autres illustres footballeurs avant lui, il rebondira, forgeant son caractère, pour éclore ailleurs, au Standard de Liège, l'ennemi juré des Violets. Le 20 février 2011, il dispute son premier match de championnat, contre Genk, huit minutes de jeu à dix-sept ans et quatre mois. La précocité est bien là, le talent aussi. Le temps de jeu augmente, et le premier but arrive en décembre de la même année, à Copenhague, en Europa League. Six suivront en championnat, puis onze pour l'exercice 2012/2013, et enfin vingt-et-un la saison dernière. Batshuayi épate et suscite les convoitises. Son appétit grandit lui aussi, au point de vouloir changer d'air.
Christophe Van Impe, journaliste pour le groupe belge Sud Presse, nous raconte la scène : "En janvier dernier, il avait négocié dans le dos du Standard pour partir à Anderlecht pendant six mois, via Everton. Et après, il avait été fort question de Benfica. Il s'était d'ailleurs rendu sur place." Finalement, il restera à Liège. Le bras de fer n'a pas marché. Il faudra attendre juin et les premiers contacts avec l'OM pour que l'attaquant se trouve un nouveau challenge. Entre temps, son désir de Mondial brésilien avec les Diables Rouges s'est envolé. Mais pas sa manie de visiter les installations des clubs. Vincent Labrune raconte ce mardi dans Le Parisien. "Michy est venu en catimini début juin, avec sa fiancée, pour visiter de fond en comble la Commanderie, pendant plusieurs heures. Depuis mon arrivée à la tête de l’OM, à l’été 2011, c’est la première fois qu’un joueur prend la peine de faire ça. Cette démarche et nos conversations m’ont montré un jeune déjà très mature et très pro, sûr de ses forces, mais aussi désireux de s’améliorer avec nous."
C'est donc à l'OM que Batshuayi poursuit sa carrière. Et en Belgique, ce choix est compris et approuvé : "C'est un club de bon niveau pour lui. Et avec Bielsa, il aura peut-être justement l'entraîneur qui parviendra à la canaliser" explique Christophe Van Impe. Au revoir donc le plat pays, où il laisse derrière lui le Standard de Liège, ses supporters, mais aussi son petit frère, Aaron Leya Iseka, également attaquant et néo-professionnel à... Anderlecht. Direction l'OM donc, où l'ambition est déjà grande et mystérieuse : "Je me suis fixé des objectifs, mais je ne les dis pas" avoua-t-il, taquin, après le match contre Willem II à Albertville (une interview à retrouver en vidéo ci-dessous.) N'empêche, les espoirs sont nés de cette préparation, et il reste maintenant le plus compliqué : confirmer. Pour cela, il devra se contenter du championnat dans un premier temps, car c'est pour l'OM une saison sans Coupe d'Europe, et pour Michy ce sera sans doute également sans les Diables Rouges, là aussi provisoirement.
Car malgré ses débuts olympiens prometteurs et une très bonne saison en Belgique, de sélection nationale, il ne devrait pas y avoir prochainement. La porte lui est, pour l'instant, fermée. "Ce sera difficile dans la mesure où Wilmots ne joue qu'avec un seul attaquant, note Van Impe. Et qu'il passe après Origi, Lukaku et Benteke (actuellement blessé). À la limite, il avait plus de chances avant la Coupe du Monde, vue que là, il passait encore avant Origi." Ce sera donc uniquement sur l'OM que Batshuayi se concentrera durant les prochains mois. Tant mieux diront la plupart des supporters, son adaptation n'en sera que facilitée.
Reste désormais à gagner sa place en tant que titulaire indiscutable. S'il jure qu'avec Gignac, tout se passe bien, "il y a une très bonne entente entre nous deux", il faudra bien que Bielsa fasse un choix, car Michy, sur un côté, ce n'est pas sa tasse de thé. À lui de confirmer, prouver, épater, et surtout... marquer.
(Photos © Le Phocéen)