La jeunesse. On en parlait beaucoup moins l'an dernier lorsque les résultats étaient au rendez-vous, mais aujourd'hui, forcément, elle revient beaucoup plus souvent sur le tapis pour expliquer l'irrégularité chronique de l'équipe. C'était encore le cas hier vendredi en conférence de presse avec Michel. Ce dernier évoquait alors les performances paradoxales de Michy Batshuayi, meilleur scoreur de L1 mais aussi, parfois, un peu trop dispersé mentalement pour répondre aux exigences du haut niveau : "C'est normal, ils sont jeunes, mais vivre dans cette équipe, ce n'est pas facile. Ils sont tous de bons footballeurs, mais avec la pression, on se pose des questions".
On a évidemment tous en tête la fin de match à Lille et le pétage de plomb de l'Espagnol envers le buteur belge. Une touche jouée trop rapidement par Michy qui a eu le don de faire sortir de ses gonds le placide Michel : "Je me suis énervé car le match était fini et lui voulait marquer le troisième but. On était tous nerveux et quelqu'un qui comprend le football vous dira qu'une touche comme ça ne se fait pas dans les dernières secondes. C'est là qu'il doit progresser. Mais j'ai vu les images et je ne me suis pas reconnu. Michy est très généreux, mais il faut savoir s'arrêter à un moment. On avait déjà été généreux durant 94 minutes". Une belle illustration du stress ambiant qui touche une équipe à la marge d'erreur inexistante.
Il faut dire que si les qualités hors norme de Batshuayi ne font pas débat, c'est son comportement sur le terrain qui, parfois, peut irriter son entraîneur ou ses partenaires. Cette insouciance due à son jeune âge, il vient d'avoir 22 ans, et à ses capacités naturelles qui le pousse parfois à tenter l'impossible. Chose qu'il réussit régulièrement, ses neuf buts le prouvent, mais qui, souvent, donne le sentiment que le Belge veut sauver l'équipe à lui tout seul : "La mentalité de tout joueur qui arrive ici, explique Michel, c'est de se mettre en avant. Mais il y a bien plus que cela, il y a le nom OM, les supporters, cela met la pression, et on est conscients qu'on n'a pas une individualité capable de gagner toute seule. On doit jouer en équipe, à onze joueurs". C'est peut-être cette tendance à la jouer perso qui a poussé le sélectionneur belge Marc Wilmots à ne pas faire appel à lui lors des derniers rassemblements des Diables Rouges, au contraire d'un Origi pourtant muet depuis le début de la saison avec Liverpool ou d'un Depoitre jusque-là inconnu à bientôt 27 ans. Mais si le Plat Pays regorge d'attaquants talentueux, le cas de l'OM est totalement différent.
Il faut dire que Michy, contrairement à la saison dernière, est le seul buteur et surtout le seul véritable avant-centre de l'effectif marseillais. Un atout dont il pourrait être tenté d'abuser pour jouer comme il l'entend, comme l'expliquait récemment Alain Roche sur le plateau de Canal : "Il sait qu'il jouera chaque match donc, ça, c'est un vrai souci". Une crainte que ne partageait pas Guy Roux sur le même plateau : "S'il invente des choses, s'il a envie, s'il est enthousiaste, il faut le laisser. Je regarde les visages des uns, des autres et il a de bonnes relations avec tout le monde".
Finalement, ces petites piques de Michel à l'adresse de son buteur ressemblent plus à des mises en garde, histoire de ne pas le voir trop s'éparpiller, car en dépit de ses petites sautes de concentration, le Diable Rouge n'a jamais été aussi précieux : "Michy a progressé énormément, reconnaît son coach. Il met beaucoup de buts depuis quelques semaines. On voit ses buts, mais ici on voit ses entraînements et on peut dire qu'il s'est amélioré". Ses stats le prouvent, et les gardiens adverses le confirment, à leurs dépens.