A quoi faut-il s'attendre au prochain mercato ? Comment l'OM va-t-il gérer la CAN, les attentes de Bielsa ? Si le club peut recruter, qui doit-il prendre ?
L'excellent parcours de l'Olympique de Marseille en championnat, entaché de la défaite au Parc des Princes et de l'élimination en coupe de la Ligue (qui pourrait s'avérer être plus salvatrice que pénalisante avec du recul), devrait permettre aux dirigeants marseillais d'agir dans le calme et l'anticipation à l'approche du mois de janvier, et de la Coupe d'Afrique des Nations.
Le président olympien, Vincent Labrune, quant à lui, s'est déjà positionné sur le futur mercato hivernal. Il profita début octobre d'une intervention sur les ondes de RMC pour rappeler que "L'état actuel de nos finances ne permet pas forcément d'envisager de nouvelles recrues". Parole de gestionnaire. Il compte apaiser ainsi très rapidement l’appétit et l'ambition grandissante des supporters, ainsi que les craintes des observateurs concernant les futures absences de ce prochain mois de janvier.
Seulement voilà, alors que Marcelo Bielsa semble décidé à écarter les joueurs qu'il n'a pas réclamé dans son effectif jusqu'à présent, il n'en reste pas moins que selon lui, le club doit se pourvoir de nouvelles solutions : "Si le club comprend qu'il faut augmenter le nombre de joueurs dans l'équipe, j'offrirai mon opinion". Le message est clair. L'équipe a des besoins, Bielsa les connaît, mais encore faut-il que le club le comprenne et qu'il soit , cette fois-ci, consulté sur les profils adaptés. Il tempère toutefois : "Cela dépend du club, et de s'il est disposé à investir sur des joueurs". L'entraîneur marseillais n'entamera donc aucun bras de fer avec sa direction. Il fera avec les moyens du bord, et il est peu probable que l'on se retrouve dans une nouvelle situation d’incompréhension et de dissonance cacophonique, comme cela a pu être le cas en début de saison. On se souvient de cette conférence de presse surréaliste que l'on pourrait qualifier d'historique, de mémoire de supporter.
La CAN devrait priver l'OM de quelques joueurs clés (Nkoulou, Romao, Ayew, voire Dja Djédjé), sachant que Barrada ne sera pas du voyage en Guinée Équatoriale. Bien sûr, il sera temps d'accorder un peu de crédit à Doria et Alef, dont El Loco dit continuer de suivre les performances en réserve. Il sera temps également d'accorder à Romain Alessandrini le statut de titulaire et de le récompenser pour son excellent état d'esprit depuis le début de la saison, et ainsi lui offrir l'opportunité de s'imposer en l'absence d'André Ayew.
Mais les observateurs et notamment ceux du Talk Show restent perplexes sur plusieurs postes de cet effectif. Celui de latéral droit évidemment. En cas d'absence de Djadjedje, le rôle de doublure semble pour l’entraîneur argentin se figer sur Lémina. Sans être un spécialiste du poste, le jeune milieu de terrain marseillais reste plus à l'aise dans l'entrejeu, et sa performance lors du dernier clasico ne fait que confirmer ce qui parait être une évidence. Rod Fanni peut remplir ce rôle, mais c'est en qualité de défenseur central que l'entraîneur lui offre sa confiance. Morel, Doria, Fanni peuvent-ils vraiment tenir la baraque en l'absence de l'indispensable Nicolas Nkoulou ? Qui pour suppléer Imbula en cas d'indisponibilité de celui qui fait figure aujourd'hui de rouage essentiel du dispositif olympien ? Pour Romain Canuti, "Une arrivée peut dérégler les choses. Si arrivée il y a, ce doit résulter d'une anticipation". Un joueur qui serait recruté pour préparer la saison prochaine, et prévenir de quelque départ que l'on peut aisément appréhender en fin de saison. Si le club continue sur sa lancée, nul doute que de grands clubs étrangers se positionneront sur les pépites de l'effectif marseillais. N'Golo Kante, révélation du Stade Malherbe de Caen pour Romain Canuti, ou Benjamin Stambouli dont le temps de jeu à Tottenham reste, presque comme prévu, très insatisfaisant, peuvent répondre au profil évoqué. "Le prototype même du joueur qui apporterait un plus dans l'effectif", affirmait Bernard Rodriguez lors de la Question Existentielle du 24 octobre dernier.
Anticiper. Prévoir. Maîtres mots de ce que devrait être la stratégie olympienne en cette fin d'année civile. Si sur ce plan-là, on peut considérer le dernier mercato estival comme un échec relatif, les supporters et les observateurs ne comprendraient pas que l'effectif souffre des absences de la CAN. Ce n'est pas faute d'être prévenus. Les finances sont réduites, les objectifs sont grands, plus qu'on ne pouvait d'ailleurs l'envisager dans les meilleures prédictions. Seule quasi-certitude, les deux "Dédé", Gignac et Ayew, tous deux en fin de contrat, ne devraient pas partir en janvier. Mais il n'est pas impossible d'imaginer qu'une offre spectaculaire pour un autre joueur majeur puisse intervenir. On pense à Florian Thauvin, Giannelli Imbula ou Nicolas Nkoulou. On peut également craindre ou envisager qu'un départ prématuré de Doria, qui semble déjà attiser l'intérêt des écuries italiennes (lire ici), puisse venir bouleverser les idées reçues, et changer la donne, à la fois économique et sportive. Les finances permettraient alors de donner enfin l'opportunité à Marcelo Bielsa d'aller dénicher ses propres joueurs, et composer ainsi un effectif complet, complémentaire, et désiré. L'idée est séduisante. Cela ne se fera pas dans l'immobilisme, il est urgent de prévoir.
S.Brenguier