Mario Lemina roulera-t-il bientôt au Super ?
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 21/01/2015 à 07:00
Mario Lemina a débloqué le match au Vélodrome dimanche. Alors que l'OM peinait face à Guingamp, le milieu de terrain, entré à la 75e minute, a marqué de la tête, sur un cafouillage dans la surface. "C'est un but très important, celui qui délivre le match. Aujourd'hui, c'est tombé sur moi. On a gagné, c'est le principal" expliquait l'intéressé, après coup. Un jour de gloire, un moment magique. "Ce sont des buts au Vélodrome, cela fait beaucoup de bien. Cela me fait plaisir de marquer devant les supporters" poursuit-il. Une éclaircie dans une saison difficile pour lui à l'OM, où il cire le banc la plupart du temps. Et quand Bielsa fait appel à lui, il tente d'apporter sa fougue, comme ce 23 novembre, où il permet à son équipe d'égaliser rapidement contre Bordeaux (3-1). Un but là aussi de la tête, sur un centre de la droite de Payet. Les célébrations ne sont pas comparables pour le tout jeune papa d'un petit Neals depuis novembre dernier, et qui a cadré quatre de ses cinq tirs au but cette saison. Contre les Bretons, on a senti plus de retenue dans sa joie, comme s'il n'était pas vraiment satisfait de son sort, alors que Bielsa lui avait préféré Romao une fois de plus. Pourtant, l'ascension de Mario Lemina est plutôt du genre rapide.
Intégré aux professionnels de Lorient en janvier 2013, il fait sa première apparition dans le groupe des Merlus pour un déplacement à Montpellier, où il restera sur le banc. Mais c'est déjà un grand pas en avant pour lui : "Je suis très content. C'est un rêve d'enfant. Je me suis donné tous les moyens pour y parvenir". Ce forcené de travail, sur les pelouses à l'entraînement, mais aussi dans les bouquins - "ma mère est pour les études, mon père pour le foot" expliquait le bachelier - joue son premier match en Ligue 1, le 26 janvier, il y a moins de deux ans donc, quand il entre à la 73e minute lors d'une défaite de Lorient à Nancy.
Son temps de jeu augmente, et il fête sa première titularisation à Toulouse en avril de la même année, un succès 0-1. Il ne quittera alors plus le onze de départ de Gourcuff, avant de s'envoler pour Marseille. "Jouer en Ligue 1, ce sont des moments que je n'oublierai jamais, c'est très important dans ma vie. Ces moments resteront à jamais gravés dans ma mémoire" disait-il en mai 2013 dans un portrait qui lui était consacré sur FCLTV. Un titre de champion de Monde U20 avec les Bleus en poche, "un rêve éveillé" comme il le qualifiait, le milieu de terrain devient vite une attraction pour les clubs aux dents longues, dont l'OM, partenaire officieux du club breton.
Mario Lemina : son parcours Jeunes : Nanterre, Rueil-Malmaison, Colombes |
Les bonnes relations entre Vincent Labrune et Loïc Féry (président de Lorient) ont joué un rôle important dans son arrivée au club pour quatre millions d'euros. Lorient devait vendre, l'OM voulait affirmer son 'projet Dortmund', l'affaire était donc entendue, au grand désespoir de Christian Gourcuff, coach des Merlus à l'époque : "Ce transfert, c'est juste du business. Je veux que les gens sachent que je ne suis pas complice de cette décision" disait-il, outré. Et pour Lemina, tout s'est vite accéléré. Trop, sans doute, lui qui a besoin de se sentir en confiance et aimé pour briller sur le terrain
Et l'on peut dire que le parcours de Lemina est chaotique depuis son arrivée à l'OM le 2 septembre 2013. Quinze titularisations et six entrées en jeu pour sa première année au club, et sept fois dans le onze de départ cette saison avec Bielsa, pour huit entrées en cours de match. Un parcours en dents de scie, où il fut également victime d'un homejacking, qui s'explique en partie par la polyvalence du natif de Libreville (Gabon). "Il a une technique très solide, avec beaucoup de puissance. Un joueur complet, qui peut évoluer à pratiquement tous les postes du milieu de terrain" disait Gourcuff à son sujet quand il l'a lancé avec les pros. C'est vrai qu'il peut jouer en relayeur, en sentinelle, défenseur droit et même en défense centrale avec trois éléments. C'est beaucoup, et ça rappelle la polyvalence d'un Brahim Hemdani par exemple. Certains observateurs disent qu'un joueur qui peut jouer partout n'est véritablement bon nulle part. S'il y a une part de vrai, Lemina dépanne, mais c'est surtout au milieu de terrain, dans un rôle de relayeur ou de deuxième récupérateur qu'il réalise ses meilleurs matchs. Et avec Bielsa, il progresse énormément. "Quand je rentre aux vestiaires ou à la maison, je sens que j’ai travaillé, que j’ai appris de nouvelles choses qui me serviront pour la suite" disait-il l'été dernier.
Et de match, actuellement, il y en a un avec Alaixys Romao, qui navigue, lui aussi, entre les postes. Tantôt défenseur central, tantôt aux côtés de Giannelli Imbula au milieu de terrain, le Togolais, qui ne s'est pas qualifié pour la CAN, a la confiance de Marcelo Bielsa, alors que sa saison dernière fut médiocre (11e sur 14 du Phocéen de l'année, avec 9.1/20, devant Cheyrou, Morel et Fanni). Auteur d'une bonne semaine d'entraînement, Lemina aurait pu avoir sa chance dans le onze face à Guingamp, mais le coach lui a préféré l'expérience de Romao. Son but, sa détermination et le match moyen de son concurrent peuvent-ils inverser la donne ?
L'avis du Talk (en vidéo) Maxence Volpe : "Au niveau technique, il n'y a pas photo, Lemina est bien plus fort. Mais s'il y a un joueur à coller de près, Romao est meilleur." Thierry Trésor : "Je ne choisirais pas, je ferais en fonction des entraînements. Cela dépend aussi de qui on a en face." Bernard Bosquier : "C'est bien d'avoir les deux. Je trouve que Romao est bon, à Nice, je le mettrai. Il y a un choix à faire." Sébastien Volpe : "Romao a été très bon, comme Morel. Mais là, il est décevant." |
Sollicité par le Gabon pour la Coupe d'Afrique des Nations qui se déroule actuellement en Guinée Équatoriale, Lemina a décliné l'offre de la fédération. Il rêve des Bleus ("Malgré l'élimination pour l'Euro, j'ai envie de jouer avec les Espoirs, et pourquoi pas les A"), et comme Dja Djédjé, il veut se servir de cette période pour grappiller du temps de jeu sous le maillot de l'OM. Le travailleur sait que ce fut difficile pour arriver là où il est, comme il l'expliquait quand il était en Bretagne : "J'ai eu cette chance d'avoir ce que je voulais, je me suis donné tous les moyens pour y arriver, je voulais rendre à mes parents en donnant mon maximum au football." Et l'on ne peut que se souvenir de cette phrase après quelques matchs en L1 : "Entrer dans cette équipe, c'est une chose, mais y rester, s'en est une autre." Cela n'a jamais été aussi vrai, mais cette fois, il porte le maillot phocéen, et intéresse - déjà - Liverpool. Encore un peu de travail et de réussite, et l'OM pourait lui aussi avoir son 'Super Mario'.