Fan historique du PSG, Nicolas Sarkozy ne portait déjà pas l'OM dans son coeur. Il va désormais se croire persécuté par le club phocéen. Le 22 août dernier, le soir où il annonce sa candidature pour les prochaines élections, le battage médiatique s'active autour d'une autre actualité : le club marseillais serait en passe d'être racheté par Gérard Lopez, qui est alors censé venir avec Marcelo Bielsa dans ses valises. Ce jeudi, alors que se tenait le débat télévisé pour la primaire des Républicains, c'est encore l'OM qui vient contrarier ses rêves de pleine lumière : Luis Campos en directeur sportif, ce serait fait à 99% selon L'Equipe, qui cite la traditionnelle source proche du dossier. RMC rajoute que le Portugais aurait de son côté déjà travaillé sur le projet olympien, étant prêt à tenter quelques coups au mercato et à jouer un rôle dans la nomination du futur coach. De quoi y croire sérieusement. Mais aussi commencer à rêver à un futur radieux ?
Avec Luis Campos, l'OM risque en effet de s'inviter à une table où l'on ne pouvait décemment plus imaginer le club phocéen. L'ancien entraîneur a quand même un réseau suffisamment puissant pour voir José Mourinho ou Jorge Mendes décrocher lorsqu'il décide de les appeler. C'est peu dire qu'à côté, Gunter Jacob et sa recrue d'appoint géorgienne Okriashvili font pâle figure. Mais il ne faut pas s'enflammer sur ce simple constat. L'OM l'a payé suffisamment cher la saison dernière. Car une personne qui a ses entrées dans les grandes maisons peut aussi profiter de cette facilité pour servir plus ses intérêts que ceux du club. C'est un peu ce qu'il s'est passé la saison dernière à Marseille avec Michel. Sitôt arrivé, l'Espagnol s'est fait remarquer auprès de son club de toujours le Real Madrid en organisant la venue à Marseille de Lucas Silva, ce qui a ainsi provoqué le départ de Mario Lemina... Si c'est pour récupérer les pommes pourries de Manchester United ou Chelsea tout en dilapidant ce qu'il reste de capital joueur dans l'effectif, voir carrément planter une paille pour aspirer avec ses puissants copains la fortune que McCourt compte investir, il n'y a pas vraiment de quoi saliver. Sauf qu'il y a une différence de taille avec Campos : la détermination. Le Portugais veut réussir, aller très très haut. A l'instar de certains joueurs, l'OM n'est qu'un tremplin. Il veut capitaliser sur la bonne image de son passage monégasque pour avoir un jour une chance de s'occuper du mercato d'un cador européen. Il ne faut pas s'attendre à le voir dérouler un discours à sa signature du type "quand l'OM a appelé, je n'ai pas hésité car je supporte ce club depuis petit". L'entourage de MLD l'a contacté cet été. Mais sans moyens, il n'est pas venu. Là, avec l'enveloppe de "l'OM Champions Project", il est prêt à venir de suite. Campos veut rebondir et sait que le milieu du foot peut vite l'oublier, qu'un autre peut prendre sa hype. De quoi donc espérer le voir faire des coups à la Bernardo Silva, le génial milieu de terrain de l'AS Monaco, débarqué il y a plus de deux ans en principauté dans l'anonymat le plus complet.
Pour se donner toutes les chances de briller à Marseille, Campos veut donc s'assurer qu'il sera le boss du sportif. S'il signe cela sera donc aussi un signe très positif pour les supporters de l'OM en ce qui concerne la nouvelle direction. Le plan annoncé, espéré, devrait donc être respecté avec enfin des gens du football pour s'occuper du football et des chefs d'entreprise pour manager. Le timing amène également à se dire que Frank McCourt ne se contente pas de faire des effets d'annonce et qu'il ne veut effectivement pas perdre de temps. L'OM pourrait donc pour de bon basculer dans une autre dimension. Avec un Luis Campos en patron du sportif pour dynamiter toute une politique sportive. De par son comportement tout d'abord. En haut de la pyramide, il aura tout loisir de donner l'exemple, lui qui vénère le respect de l'institution et a horreur du copinage avec les journalistes. Proche des joueurs, dur avec eux quand il estime que c'est nécessaire, il va permettre au coach d'en tirer le meilleur avec sa capacité à dénicher un concurrent à tout moment, n'importe où dans le monde. Son aura va également permettre aux recrues de s'intégrer plus facilement à Marseille. Les virages pardonneront plus facilement à un nouveau des débuts hésitants s'il est estampillé Luis Campos. Car il y a de fortes chances pour que cela se révèle être une bonne pioche rapidement. Et il faudra que ce soit le cas, car sinon, il n'aura pas que Nicolas Sarkozy sur le dos. Mais la pression ne lui fait visiblement pas peur.
Retrouvez en vidéo le témoignage de Florian Fieschi, envoyé spécial permanent pour Le Parisien à Monaco, sur les atouts et les faiblesses de Luis Campos.