Durant toute la semaine, l'OM communiquait quotidiennement le nombre de places vendues pour cet OM-PSG de feu. Tous les jours, le compteur s'envolait vers un chiffre record, au point d'en faire le principal sujet de ce Classique et d'oublier presque ce qui pouvait se passer sur le terrain. En gros, il s'agissait de montrer aux Parisiens qu'ils pouvaient se payer les plus grandes stars de la planète, mais que le match des tribunes était gagné d'avance. Un argument qui rappelait cruellement le même axe de communication des Stéphanois quelques jours plus tôt en Ligue Europa, tellement fiers d'avoir éclipsé les supporters de Manchester United à grand renfort de vidéos sur les réseaux sociaux, mais jamais en mesure d'inquiéter les joueurs de Mourinho sur le terrain. Face à Paris, l'OM a finalement généré le même sentiment : un onze inoffensif sur la pelouse, supporté par un douzième homme exceptionnel, au point de paraître démesuré.
C'est d'ailleurs peut-être ce que se dit en ce moment Frank McCourt. Le seul vrai capital dont dispose aujourd'hui cet OM qu'il vient de s'offrir se situe dans les tribunes, et tout compte fait, c'est déjà beaucoup. On se demandait pourquoi les décideurs avaient opté pour un nouveau Vélodrome aussi gigantesque, et on peut toujours se le demander, tant il a souvent paru trop grand ces derniers temps face à des équipes lambdas. Mais ce que nous ont offert les supporters marseillais pour ce Classique dépasse tout ce que l'on peut imaginer, dans un pays où la notion de supportérisme n'est qu'un vague concept. Marseille s'est mise en ébullition dès le matin, du Vieux-Port jusqu'au boulevard Michelet, et la température n'a jamais cessé de monter jusqu'à l'ouverture des portes du Vel', trois heures avant le coup d'envoi. Progressivement, les 65 252 amoureux de leur Ohaime se sont déployés pour ne former plus qu'un seul et même choeur rugissant. Les tifos aussi, appelant une grinta qui n'a jamais voulu se montrer. Les virages n'ont jamais cessé de se répondre, en dépit d'un compteur buts parisien qui n'a pas arrêté de tourner. Seuls les allergiques aux embouteillages ont plié les gaules prématurément, mais comment leur en vouloir ? Frank McCourt a bien acheté un club de Champions League, et même du top cinq de cette compétition, mais dans les tribunes seulement. En attendant que les supporters puissent marquer eux-mêmes des buts, il va devoir se résoudre à acheter aussi des joueurs à la hauteur de ceux qui les suivent...