Les messages que JHE a voulu faire passer

Mardi, en début de soirée, Jacques-Henri Eyraud s'est enfin exprimé, sortait ainsi d'une longue période de discrétion vis-à-vis des médias. Sous les feux des critiques depuis l'annonce du recrutement de Paul Aldridge et de la réaction immédiate d'André Villas-Boas à ce sujet, le président de l'OM a donc convoqué à tour de rôle les journalistes de La Provence, L'Equipe et RMC Sport et s'est exprimé sur ce sujet brûlant, ainsi que sur d'autres dossiers. À la lecture de ces trois entretiens délivrés à quelques heures d'intervalle, il est intéressant de relever les messages que JHE a voulu faire passer lors de cet exercice.

Désamorcer la bombe Aldridge

C'est le sujet qui a mis le feu aux poudres. Depuis le début de la saison, les éléments de langage de l'OM sont principalement tournés vers la nécessité de résorber le déficit du club, sous la contrainte du Fair-play financier. On comprend évidemment que la priorité n'est pas de renforcer l'équipe mais, au contraire, de se montrer plus performant dans la vente de joueurs. L'arrivée du "facilitateur" anglais est donc perçue comme le début d'une grande braderie et c'est ce qui pousse André Villas-Boas à sortir de son flegme habituel. JHE s'attache donc à éclaircir cette arrivée tout en protégeant le propriétaire du club : "J’ai décidé de recruter Paul Aldridge en tant que conseiller. Il a un mandat précis et délimité et va travailler pendant un peu plus d’un an avec nous. Il va nous apporter beaucoup sur le marché des transferts en Angleterre, mais pas seulement…", explique Eyraud dans La Provence. Il fera de même dans les autres médias, toujours en soulignant qu'Aldridge est son choix, et qu'il ne vient pas pour brader l'effectif.

Rassurer Zubizarreta, et donc AVB

Lors de sa sortie de la semaine dernière, le coach olympien assurait que son avenir au club était lié à celui de son directeur sportif. JHE se devait donc de le rassurer sur ce point, et c'est ce qu'il a fait sur RMC, La Provence et L'Équipe : "Andoni reste évidemment le directeur sportif de plein exercice de ce club. Il reste l'architecte de cette équipe, sans qui aucune transaction, que ce soit une acquisition ou une cession, ne peut s'envisager". Avec l'arrivée d'Aldridge pour ouvrir les portes du marché anglais, il était bon de le préciser.

Démentir le départ de joueurs importants cet hiver

C'est la crainte de Villas-Boas et des supporters. À force d'asséner la nécessité d'équilibrer les comptes et en recrutant Aldridge, on comprend que l'OM étudiera toute proposition intéressante dès cet hiver. Sur L'Equipe, JHE se montre - en partie - rassurant : "Il n'y aura pas de départ cet hiver, sauf offre que l'on ne peut pas refuser. Affaiblir l'équipe n'est pas dans notre intention". Reste à savoir à partir de combien une offre ne se refuse pas et pour qui...

La menace du Fair-play financier

C'est la principale raison de la politique d'austérité à l'OM. Ce n'est pas son choix, et JHE ne se prive pas de le faire savoir, à La Provence comme ailleurs : "Nous avons un impératif qui est de respecter l'accord de règlement avec l'UEFA. Ce sont les règles, on va y arriver". Il insiste sur RMC Sport sur le caractère urgent de cette contrainte : "Il va falloir qu'on arrive assez vite à l'équilibre pour qu'on rentre dans les clous, c'est fondamental pour nous. C'est aussi une contrainte qui est évidemment la mienne. J'ai parfois le mauvais rôle".

Son bilan et ses erreurs

Après le feuilleton Garcia qui lui a beaucoup coûté en terme de popularité, JHE défend son travail à la tête du club : "Bien sûr que j'ai fait des erreurs, reconnaît-il sur RMC. Mais je vais continuer à en faire, même si j'espère que les succès seront au rendez-vous". Il se défend également sur les transferts, comme celui de Kevin Strootman à l'été 2018 : "Je trouve incorrect de parler de cas particuliers comme Kevin. Vous auriez pu aussi me parler des réussites de Sanson, Rongier ou d'autres". Pour le moment, il estime que l'heure n'est pas au bilan.

L'avenir du club et de Frank McCourt

C'est la dernière partie des entretiens accordés à RMC Sport et à La Provence. Sans surprise, JHE balaie d'un revers de main toute rumeur d'un désengagement de l'Américain : "On se parle très souvent, plusieurs fois par semaine. Il suit de façon très précise l'évolution, les progrès et les challenges qui sont les nôtres. Il est très impliqué (...) Évidemment que toute cession n'est pas à l'ordre du jour".

En conclusion, on sent un Jacques-Henri Eyraud qui souhaitait vider son sac après plusieurs mois sous le feu des critiques. En bon communiquant, le président olympien s'est toutefois appliqué à délivrer des éléments de langages travaillés en amont, ce qui explique le fond et la forme en tous points égaux dans ces trois différents entretiens.