C'est la question que l'on se pose systématiquement dans ce genre de situation, et il n'y a pas de raison de ne pas se la poser aujourd'hui. Pour quelqu'un qui ne connait pas le contexte, il suffit de regarder le comportement actuel de l'équipe pour s'en persuader. Hormis une petite mi-temps il y a dix jours face à un PSG bis, il n'y a rien de bon à tirer de cet OM-là. Ce même OM qui nous avait redonné le sourire et la confiance la saison dernière. Cet OM qui compte trois champions du monde (sur le papier) et une flopée d'internationaux, pour la plupart finalistes de la dernière Ligue Europa, un stade extraordinaire et un public qui l'est tout autant. On peut donc, et on doit se poser la question de la relation de Rudi Garcia avec ses joueurs. Par extension, on peut même s'interroger sur sa toute récente prolongation après un début de saison aussi pauvre, à peine masqué par un classement finalement assez flatteur par rapport au jeu proposé.
Comment pourrait-il en être autrement, au vu des bouillies servies depuis les matches de préparation ? Des prestations jugées insignifiantes à l'époque, mais qui ont débouché sur celle de Nîmes (1-3), par exemple, symbole d'un OM capable d'exploser face à n'importe qui. Depuis, l'équipe a bien réussi à noyer le poisson sur quelques matches, au gré d'exploits individuels le plus souvent, mais la gifle montpelliéraine confirme que ce groupe ne répond plus. C'est ce qui inquiète l'ancienne légende olympienne Manu Amoros : "C'est incompréhensible. L'équipe n'a pas changé, mais on voit aujourd'hui des valeurs totalement différentes de la saison dernière. On se demande s'ils sont encore motivés, c'est ça qui est inquiétant. On ne voit pas de qualité de jeu, pas d'engagement, d'agressivité, d'implication. On dirait qu'après la saison dernière, ils pensaient que ça allait être aussi facile, qu'il suffisait d'entrer sur le terrain. Mais, dans le football de haut niveau, il faut se remettre en question tous les jours, à l'entraînement et sur le terrain". Cette remise en question n'a pas eu lieu visiblement, et c'est sur ce point que le travail de Rudi Garcia nous interroge. Si les joueurs ne se défoncent pas pour lui, pour qui le feront-ils ?
Pourtant, Manu Amoros, comme beaucoup d'observateurs, ne voit pas dans leur comportement une volonté flagrante de nuire à leur entraîneur : "Je ne pense pas qu'ils aient lâché Garcia, où alors on ne sait pas tout. Ce qui est sûr, c'est que s'ils ne mettent pas d'envie sur le terrain, c'est de leur faute et pas celle du coach". Des propos confirmés par un proche du vestiaire olympien, frappé depuis le début de la saison par les changements d'attitudes chez les cadres de l'équipe et l'engagement minimal lors des entraînements. Hier lundi, RMC allait dans le même sens en expliquant que Rudi Garcia faisait le même constat et envisageait une grosse explication générale avec ses joueurs, après leur avoir passé "la plus grosse soufflante de la saison" dimanche soir. Pour Manu Amoros, cette confrontation est nécessaire afin de crever l'abcès, s'il est encore temps : "Il faut instaurer un vrai dialogue entre toutes les parties, y compris les dirigeants, et se dire vraiment les choses pour tout de suite se ressaisir. Car s'ils coulent encore face à la Lazio jeudi, ça peut être grave. Je ne parle pas encore de crise aujourd'hui, mais si ça se passe mal à Rome, alors là...".
Fort d'un contrat récemment renouvelé pour deux années supplémentaires, Rudi Garcia va donc devoir trouver les mots et actionner les leviers nécessaires pour prouver qu'il tient encore son groupe. Quant aux joueurs, ils doivent une réponse à leur public dès jeudi. Vu le niveau actuel, cela semble beaucoup demander, mais le redressement d'une saison mal engagée passe par là...