Les deux vraies questions sur le fair-play financier
Par la rédaction du Phocéen
Publié le 23/06/2019 à 13:00
Pourquoi l'OM en est arrivé là et comment le club peut s'en sortir.
Mardi soir, l'OM a publié un communiqué contre le fair-play financier. Un long texte qui s'interroge sur le fonctionnement d'un organisme censé réduire les inégalités entre les clubs mais qui laisse les plus puissants faire ce qu'ils veulent pour mieux taper sur ceux d'en dessous, tuant ainsi tout espoir pour un club ambitieux de rejoindre la caste supérieure puisque de toute façon, à un moment donné, il y aura barrage. Les arguments s'enchaînent, également par exemple sur la crainte que cela peut créer chez d'éventuels nouveaux investisseurs, et; il faut le dire, ils sont tous recevables. Mais c'est un peu comme lorsqu'on se plaint après un match d'un mauvais arbitrage face à une petite équipe. Cela a beau être implacable, il ne faut pas oublier qu'à la base, il y avait les moyens de faire beaucoup mieux. Et cela passe avant le fait de se lamenter.
Comment on en est arrivé là
Dans ce communiqué, une phrase fait grincer des dents. "Nous avons investi dans nos équipes sportives professionnelles, qui à l'époque étaient limitées et peu compétitives". Entre l'effectif dirigé par Franck Passi à l'automne 2016 et aujourd'hui, la fameuse enveloppe de 200 millions d'euros pour le mercato a été dépensée. Et pour quel résultat ? Lucas Ocampos, le Phocéen d'Or de la saison, Hiroki Sakai, une des rares satisfactions, Florian Thauvin, mais aussi Bouna Sarr, Maxime Lopez, Boubacar Kamara, Rolando ou encore Zambo Anguissa, dont la vente a fait beaucoup de bien l'été dernier, tous étaient là avant l'arrivée de Frank McCourt. Alors les 200 millions ont servi à quoi ? Vraie interrogation non ? Pas vraiment, il faut prendre en compte plusieurs paramètres. Si aujourd'hui un Maxime Lopez et un Boubacar Kamara ont éclos et sont considérés comme de véritables talents, si Sakai, Zambo Anguissa ou Bouna Sarr ont progressé, c'est peut-être parce qu'ils ont eu un autre staff pour les encadrer. Ce qui inclut aussi les personnes qui ont peut-être été payées cher pour les guider. Est-ce qu'ils en seraient tous là aujourd'hui après deux saisons à évoluer avec Zinédine Machach au milieu plutôt que Luiz Gustavo ? Pas sûr. Mais ce qui pose problème aujourd'hui, c'est plus la masse salariale. Elle a explosé et rend difficile toute cession. Cela concerne les indésirables qui restent jusqu'au bout de leur engagement quitte à ne pas jouer (comme Abdennour dans le top5 des plus gros salaires du club qui n'a pas joué une minute) mais aussi les cadres. Ce qui sanctionne doublement l'OM. Car le club verra sa masse salariale contrôlée avec le fair-play financier, mais voit aussi certaines ventes hypothétiques devenir compliquées à cause des salaires distribués. Si un club doit recruter un joueur de l'OM, il sait qu'il va devoir s'aligner sur un gros salaire, et c'est autant d'argent en moins pour l'indemnité de transfert disponible. En fait, l'OM s'est mis dans une fâcheuse posture, celles connues par Bordeaux ou Montpellier ces dernières années, qui ont eu du mal à vivre l'inflation des salaires après le titre... sauf que l'OM ne peut pas se consoler en voyant son nom au palmarès, le dernier podium datant même de 2013...
Comment peut-on alors s'en sortir ?
L'OM peut cependant compter sur la hausse des droits TV à venir. C'était dans le plan McCourt dès le départ, c'est avec cette perspective que l'Américain s'est intéressé à l'achat d'une écurie française, et c'est aussi par exemple ce qui revenait dans le discours de Didier Quillot à la Ligue. Avec une hausse des droits de plus de 50%. Vu comme ça, les objectifs du fair-play financier, avec 30 millions de déficit en 2020 et un équilibre à retrouver par la suite, cela peut vite se combler avec une vente et une seule, vu que les prix sont voués à monter avec les moyens supplémentaires mis chaque année à disposition des clubs des grands championnats. Encore faut-il que cela se matérialise, c'est tout le problème des valeurs supposées. Tant qu'il n'y a pas d'offre, cela ne veut rien dire, surtout qu'en football, tout va très vite. Regardez Bouna Sarr, l'an dernier, il valait 15 millions d'euros, c'est sûr, avec son étiquette de finaliste de la Ligue Europa et d'élément "aux portes de l'équipe de France". Aujourd'hui, un club qui cherche un arrière droit va plus sûrement aller regarder du côté de Strasbourg et Kenny Lala. Mais ce qui est valable dans un sens peut vite l'être dans l'autre. Avec un nouvel entraîneur, certains éléments vont peut-être se montrer sous un meilleur jour et les prix vont grimper. On pense à Morgan Sanson, baladé entre le banc et le terrain par Rudi Garcia. Il n'est pas interdit qu'un Caleta-Car prenne la trajectoire d'un Van Buyten à l'OM : des difficultés au départ, une bonne fin de première saison et la révélation pour la seconde avec un nouveau coach. Dans le même ordre d'idée, Nemanja Radonjic va peut-être arriver à se libérer mentalement et à prouver qu'il n'a pas été payé ce prix-là pour rien. Puisque le recrutement semble prendre la voie de l'ajustement, autant compter sur une optimisation des forces en présence. Evidemment, à l'instant T, ce discours est presque écoeurant d'optimisme. Mais la nouvelle dynamique d'un coach n'est vraiment pas à négliger. Il suffit de se rappeler du statut de Bouna Sarr avant l'arrivée de Garcia. A Villas-Boas de jouer donc. Comme Alain Perrin avant lui, qui devait lui faire avec une masse salariale encadrée par la DNCG...
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