Marcelo Bielsa quitte donc l'OM avec perte et fracas après une seule journée de sa seconde saison. Si son bilan sportif ne restera pas dans les annales, avec une 4e place en Ligue 1 et des éliminations prématurées dans les coupes nationales, il fait tout de même partie de ceux qui ont marqué l'histoire du club, et même du championnat, car les coachs qui ont fait une saison avec sept victoires par trois buts d'écart ou plus se comptent sur les doigts d'une main. Retour sur le règne du technicien argentin.
27 mai 2014 - C'est officiel, Marcelo Bielsa signe à l'OM
Depuis le début du mois d'avril, le rumeur Marcelo Bielsa à l'OM prend corps. Présent dans le stade de la Mosson lors du match de l'OM, le coach s'engage avec l'OM le 27 mai. C'est tout du moins ce qu'annonce le site officiel du club, qui évoque la date du 16 juin pour une première présentation officielle. Dans les médias, Vincent Labrune, pas peu fier de son coup, parle de "révolution culturelle et structurelle". Mais Bielsa tarde tout de même à donner signe de vie. Le club parle alors d'un contrat extrêmement long, plus de cinquante pages, et une traduction qui s'éternise. Bielsa sera présenté deux jours avant le premier match de championnat à Bastia, en août.
15 août 2014 - Le flou avec la direction
En ne communicant pas, Bielsa fait le jeu de la statégie de l'état-major de l'OM, qui lui attribue en off la paternité de bons nombres de projets, comme par exemple le loft. Certains joueurs, comme Fanni ou Amalfitano, ne savent pas s'ils sont écartés parce qu'ils sont en froid avec Labrune ou parce que l'entraîneur ne compte vraiment pas sur eux. Non convié à un entraînement par texto alors qu'il se rendait à la Commanderie, le milieu décide d'aller sur le terrain demander des explications. Bielsa refuse de lui parler et arrête carrément la séance. Il voulait en faire le meneur de jeu de son système, devant Dimitri Payet. Mais cet épisode fait réagir l'Argentin qui ne veut soudainement plus entendre parler du joueur. Il apprend cependant qu'on lui met sur le dos d'autres décisions qu'il n'a apparemment pas prise, comme les ouvertures des entraînements à la presse.
4 septembre 2014 - La conférence de presse mémorable
Le recrutement de Doria sera donc pour lui la goutte d'eau qui fait déborder le vase, le joueur assurant qu'il est un choix de Bielsa. Alors que son président est en vacances, il fait organiser une conférence de presse avant un match amical. Et se lâche sur le mercato, où il a demandé 12 joueurs et pas un n'a signé à l'OM. Sa charge provoque un tremblement de terre médiatique. Tous les détracteurs de l'actuel président de l'OM se moquent de la mollesse de la réponse. Labrune sait déjà que Bielsa est au plus haut dans les sondages, il préfère s'effacer. L'équipe est sur deux victoires en championnat, il ne faut peut-être pas trop brusquer le groupe. Mais Labrune, vexé, se défend quand même. Des agents proches du président appellent les journalistes influents pour donner la version présidentielle du mercato, qui est du coup largement relayée. Ce que Bielsa voit bien, lui qui lit la presse tous les jours.
19 octobre 2014 - Le grand huit comme en 1937 et 1998
Le marquage individuel, le passage du 3-3-3-1 au 4-2-3-1, les principes de Marcelo Bielsa font de la formation marseillaise un véritable rouleau-compresseur pour les autres formations de Ligue 1. L'OM, capable de gagner 5-0 sur la pelouse de Reims, enchaîne une huitième victoire consécutive au Vélodrome contre Toulouse. Une performance rare, connue en 1937 et 1998. Un score de 2-0, rien d'impressionant, mais dans le jeu, la maîtrise frôle la perfection, notamment le choix tactique qui pousse Dja Djédjé et Mendy à évoluer au milieu de terrain, au plus près des relayeurs toulousains. Leader de la Ligue 1, les Marseillais rêvent de titre. Logique, à ce stade de la compétition, aucune équipe n'a fini au-delà de la troisième place au classement final.
26 octobre 2014 - Les trois défaites contre les gros
Mais pour rêver de titre, il faut se confronter aux meilleurs. Le choc contre Lyon est prometteur. Le jeu pratiqué par les deux équipes est tel qu'on se croirait en Liga. Mendy tape la barre, Thauvin n'est pas loin d'obtenir un penalty. Mais ce sont les Gones qui s'imposent sur un exploit de Gourcuff (1-0). Diminués par des suspensions, les Phocéens s'inclinent presque dans la foulée au Parc des Princes (2-0) ainsi que quelques semaines plus tard à Monaco. En Principauté, l'OM a le match en main, force pour ne pas se contenter du nul et encaisse un but de la révélation Bernardo Silva (1-0). Dans la conférence de presse qui suit, la presse ne manque pas Bielsa et lui demande pourquoi il n'a pas fermé le jeu en seconde période. Le coach rappelle avec ses mots qu'on est aussi venu le chercher pour le panache, et un peu plus d'ambition dans le jeu. Ce qui comporte des risques. Il n'empêche, les trois défaites de l'Argentin dans les chocs et le zéro but marqué est repris en boucle par ses détracteurs.
21 décembre 2014 - Payet envoyé en vacances... et champion d'automne
Avant le dernier match de la saison, Marcelo Bielsa envoie Dimitri Payet plus tôt que prévu en vacances. Le meneur de jeu râlait vis à vis de la date de reprise. Pas au goût de l'entraîneur, qui s'est aussi accroché dans la saison avec Gignac, tout en ne comprenant jamais vraiment la jeune génération du club. Quand ces derniers éteignent de force les ordinateurs chargés d'enregistrer leurs performances, Bielsa voit rouge et arrête l'entraînement, se disant qu'ils vont se mordre les doigts sans ces trois heures d'entraînement. Mais pour eux, c'était tout simplement une après-midi de libre, pour jouer à la Play ou récupérer de la soirée de la veille. Néanmoins, contre Lille, Bielsa mise sur les crocs de Michy Batshuayi en numéro 10. Marseille s'impose dans une partie plaisante et termine à la première place à la fin des matchs allers.
18 janvier 2015 - Les fuites du mois de janvier
Une défaite en coupe de France à Grenoble, pensionnaire de CFA, une défaite à Montpellier. Suffisant pour relancer la crise pour certains médias. Il faut dire que les papiers fleurissent avec des sources "proches du vestiaire" ou encore "employées au centre RLD" qui explique à quel point le groupe n'en peut plus de son coach et de ses entraînements. Le préparateur physique Jan Van Winckel en prend également pour son grade avec sa communication maladroite. Contre Guingamp, il fait revenir Alessandrini qui se blesse dès la première période plus gravement. Bielsa note lui que certaines personnes au club ne se cachent même pas : ils sont heureux de la tournure des évènements. Au moment de négocier sa prolongation, l'Argentin demandera leur mise à l'écart. Il ne sera que partiellement entendu. Un des fameux détails de la discorde ?
5 avril 2014 - La fin du titre contre le PSG
Revenu dans la course, l'OM ne parvient pas à battre Lyon à domicile (0-0). De ce match, reste l'image de Bielsa qui demande à ses joueurs d'avaler le venin et de ne pas contester les décisions d'arbitrage. Les réseaux sociaux ne décrochent pas. En attendant, les Olympiens se doivent de gagner le choc suivant contre Paris pour y croire encore. A la mi-temps, ils mènent 2-1. Gignac et Ayew prennent la parole à la place du coach dans le vestiaire. Ils demandent à leurs coéquipiers d'être vigilants. Ils ne seront pas écoutés, Paris marquera deux buts en une minute et s'imposera. Gignac et Ayew seront eux les deux premiers joueurs sortis par Bielsa. L'OM groggy, enchaînera trois défaites derrière. Mais fini tout de même par quatre victoires. Insuffisant toutefois pour passer devant Monaco.
13 juillet 2015 - Le bain de foule à la Commanderie
Alors que Bielsa semble parti pour une seconde saison, il ne participe pas aux deux premières semaines de la préparation. Le coup a très bien pu être préparé pour souder le groupe avec les adjoints, leur permettre de bosser sans pression la première phase. Un argument qui ne va pas à ses détracteurs qui jugent son absence non-professionnelle. Bielsa, finalement, est de retour le lundi 6 juillet. Et une semaine plus tard, il profite d'une ouverture au public pour prendre la pause avec les supporters. Tous. Longuement. Un témoignage d'affection pas innocent. Bielsa ne néglige jamais les fans. Il s'est fait traduire la plupart des lettres qui lui ont été envoyés et a même rappelé de nombreux supporters directement sur leurs portables.
6 août 2015 - Une conférence de presse en guise de foutage de gueule
Déterminé à quitter l'Olympique de Marseille depuis la veille, Marcelo Bielsa se présente en conférence de presse comme si de rien était. Il déboule en salle de presse avec des feuilles. Il y a des chances pour que sa lettre à Labrune soit dans le lot. Mais il a finalement attendu la fin du premier match pour tout déballer. Ce qui ne l'a pas empêcher de se faire plaisir avec des tirades pleines d'ironie, notamment une : "Nous avons remplacé Ayew par Sarr, Nkoudou remplace Gignac, Rekik remplace Morel, Manquillo remplace Fanni, Diarra remplace Imbula. L'absence de Payet n'a pas encore été compensée. Je dis simplement ça parce qu'on m'a demandé de comparer les deux équipes". Cette nouvelle équipe devra donc faire sans lui, après la défaite inaugurale. Dans une dramaturgie propre à l'OM. Si la page Bielsa est tournée, elle n'est pas pour autant arrachée du livre de l'histoire du club.