Jérémy Morel s'en est expliqué sur sa page Facebook, il quitte l'OM pour l'OL. Un choix qui n'est pas une trahison à ses yeux : "Il n’y a pas que le football, il y a la vie d’un homme, d’une famille. Les années difficiles je les ai assumées car c’est mon job, mais elles n’ont pas épargné tout le monde dans mon entourage. Ce nouveau départ, il est aussi pour eux" écrit-il dans son communiqué, qui a devancé ceux de son ancien et de son futur club. A l'OM pendant 4 saisons, il assure avoir ri, avoir pleuré. Retour sur l'aventure à l'OM d'un joueur à part, qui ne semblait pas fait pour ce club ni même peut-être pour le football actuel, mais qui aura disputé tout de même 153 matchs avec le maillot phocéen.
20 juin 2011 - Il plante Rennes pour signer à l'OM
Avec le départ de Taïwo et Heinze, l'OM cherche à recruter du côté gauche. Le favori pour le poste est Benoît Trémoulinas. Mais déjà en délicatesse pour faire signer Alou Diarra, les dirigeants marseillais préfèrent recruter Jérémy Morel à Lorient pour 2,5 millions d'euros. Le joueur avait donné sa parole à Rennes mais une conversation téléphonique avec Deschamps le fait changer d'avis. Le jour de la signature, Morel se présente à la Commanderie avec un polo bleu marine ayant une large bande centrale rouge. Comme sur le maillot historique du PSG... Il a pour doublure Jean-Philippe Sabo mais le club recrute Djimi Traoré en fin de mercato. Pour lui permettre de jouer sur certains matchs milieu gauche, comme pour l'ouverture de la Ligue des champions où il offre la balle du but de la victoire à Lucho.
28 mars 2012 - Le désaveu de Didier Deschamps
Mais la première saison de Morel est très loin des espérances, à l'image de son équipe. Le joueur enchaîne les bévues et les relances hasardeuses. Après avoir connu un démarrage très difficile, avec en point d'orgue le différend entre Didier Deschamps et José Anigo rendu public, l'OM s'est repris en novembre, revenant dans le coup en championnat, se qualifiant en Ligue des champions tout en faisant le métier dans les coupes nationales. Mais fin janvier, les défaites reviennent. L'OM enchaîne même 13 matchs sans victoires. Morel est présenté comme le joueur le plus faible de l'effectif. Le coupable idéal, la tête de turc pour tous les observateurs, y compris certains coéquipiers qui n'hésitent pas à faire pression sur le coach pour qu'il ne soit plus aligné. Deschamps tient bon, fait remarquer qu'il enchaîne les rencontres alors qu'il a mal au genou, révélant même qu'il a du mal à se baisser pour faire ses lacets. Mais après le quart de finale aller de Ligue des champions, où Morel se fait passer sur les deux buts munichois par Lahm et Robben, Deschamps change son fusil d'épaule pour sauver la finale de la Coupe de la Ligue : il fait jouer Azpilicueta à sa place, à gauche, et titularise Rod Fanni à droite.
1er septembre 2012 - Il pense prendre sa revanche
Pour sa deuxième saison au club, Morel démarre avec l'envie de remettre les compteurs à zéro. Pour le deuxième match de la saison au Vélodrome, il ouvre même le score. Contre Rennes, ce club où il avait failli signer. Pour Morel, c'est une belle période. Ses deux compères les plus proches dans le vestiaire, André-Pierre Gignac et Benoît Cheyrou, sont redevenus titulaires. Comme lui. Si Djimi Traoré n'a pas été prolongé, le club recrute dans les derniers jours du mercato un élément pour le concurrencer. Un prometteur brésilien du nom de Lucas Mendes. Qui s'avèrera en fait être plutôt un défenseur central. Morel sera une nouvelle fois seul dans le couloir gauche. Et ses performances retombent assez rapidement.
12 janvier 2013 - Le CSC qui fait mal
Champion d'automne, l'OM de Baup attaque la phase retour avec un déplacement sous la neige à Sochaux. Alors que le roumain du Shakhtar Razvat Rat est annoncé au club, Morel marque contre son camp alors qu'il voulait contrôler du genou. L'image est terrible mais Morel n'a pas de quoi s'inquiéter. Le club ne recrute personne à son poste. En conférence de presse, Elie Baup parle de Gaël Andonian comme alternative possible en cas de blessure ou de suspension.
27 février 2013 - Le duel contre Zlatan
Quelques jours seulement après avoir perdu en championnat contre le PSG (2-0), l'Olympique de Marseille retrouve le Parc des Princes pour affronter l'équipe de Carlo Ancelotti en coupe de France. L'OM s'inclinera avec la même équipe sur le même score. En face, le même buteur, Zlatan Ibrahimovic. Sur le second but, dans la surface, il parvient à faire tomber Morel par une feinte. Une fois à terre, le défenseur de l'OM tend la jambe pour offrir un penalty au club parisien. Le Suédois martyrisera à nouveau le latéral gauche lors de sa dernière visite au Vélodrome, le faisant inscrire le but du 3-2 contre son camp.
18 septembre 2013 - Le nouveau raté contre Arsenal
Avant d'entamer sa troisième saison à Marseille, Morel confie qu'il préfère voir arriver à son poste un jeune élément prometteur qu'il serait capable d'épauler. Les dirigeants opteront pour cette solution en faisant de Benjamin Mendy, du Havre, une des premières recrues. Morel n'entend pas pour autant se laisser faire. Pour l'ouverture de la Ligue des champions, il livre une partition quasi-parfaite pour la réception d'Arsenal. Agressif, juste dans ses passes, il étonne tout le Vélodrome... jusqu'à la 65e minute où il rate la réception d'un long ballon dans la surface. Walcott, juste derrière, ne se fait pas prier pour fusiller Mandanda.
22 février 2014 - La sortie sous les sifflets en guise de déclic
Lorsque l'OM reçoit Lorient, c'est une des dernières opportunités pour recoller au podium. A 20 minutes de la fin, le score est toujours de 0-0 et le public s'impatiente. Sur une passe facile, Morel rate le ballon, qui file en touche. Bronca. José Anigo sur le banc n'attend pas et sort son joueur sur l'action poste pour poste, pour Benjamin Mendy. A la fin de la rencontre, tous les joueurs de l'OM ont un mot pour leur coéquipier, assurant qu'il ne mérite pas ce traitement. Même José Anigo en conférence de presse, qui trouve les sifflets dégueulasses. Mais si ça se trouve, il y avait un logique chez l'entraîneur et directeur sportif. Un véritable coup à la Mourinho, car de plus en plus de voix s'élèvent alors à Marseille pour défendre un joueur systématiquement montré du doigt. Son inscription sur les réseaux sociaux y est aussi pour quelque chose.
9 août 2014 - Une première difficile au poste de défenseur central
Avec Marcelo Bielsa, les compteurs sont réellement remis à zéro. Dès le départ, le technicien argentin à dans l'idée de proposer à Morel de jouer à un poste de défenseur central. Ce qu'il expérimente en amical et dès le premier match officiel, à Bastia. Pour la première mi-temps, il évolue central gauche. Mais à la pause, Stéphane Sparagna laisse sa place à Lucas Mendes. Morel laisse Nkoulou glisser à droite et s'installe au poste le plus central. En libéro. Alors que l'OM mène 3-1, les Corses reviennent à égalité avec un Morel qui est bien à la faute sur le second but. Il ne perd pas cependant la confiance de l'Argentin.
20 septembre 2014 - Impérial, aussi dans les airs
Et à l'image une fois de plus de son équipe, Morel se met à enchaîner des prestations de grande qualité. Sur le côté gauche, quand il doit remplacer Mendy au dernier moment à Evian, mais surtout dans son nouveau poste d'axial. Contre Rennes, il mange Toivonen, qui fait pourtant 15 centimètres de plus que lui, sur tous les ballons aériens. "Je ne suis pas si petit que ça" glisse-t-il en zone mixte après le match. Quelques semaines plus tard, Bielsa révèlera qu'il attribue une note à ses joueurs à chaque match, avec ses adjoints et que Morel est un des premiers de la classe. Une métamorphose inattendue aussi pour le Vélodrome, ravi de scander son nom à chaque match.
23 mai 2015 - (Presque) un but pour sa dernière
Pour le dernier match de la saison, l'OM a préparé une cérémonie d'adieu pour ses joueurs en fin de contrat, Gignac, Ayew et Fanni. Pas Morel. C'est qu'il discute avec le club pour prolonger son bail. C'est aussi le cas de Fanni qui a demandé à avoir son clip et le micro quelques instants à la fin du match. Au cas où. Morel pourrait donc aussi avoir ce privilège mais il a décliné. Il ne passera pas non plus devant la presse après la partie, préférant aller à la rencontre des associations et des partenaires du club présents au Véldorome. "On devrait se revoir" lâche-t-il juste pour rassurer son auditoire. Par contre, il a fait ses adieux sur le terrain avec un beau symbole : un but. Un csc de l'adversaire, pour être précis. Comme si Morel transmettait le mauvais sort au pauvre Djiku de Bastia avant de partir.