Arrivé à l'OM en 2005 alors qu'il était adolescent, André Ayew a fait ses adieux au club samedi soir, dix ans plus tard. Le Ghanéen est resté un long moment dans le rond central, regardant le stade se vider peu à peu. Il l'a reconnu après coup, il appréhendait cette dernière rencontre. Il l'a d'ailleurs joué blessé. Ca sera une dernière réussie pour un joueur qui a su très tôt se mettre tous les supporters de l'OM dans la poche. Retour en dix dates sur sa longue carrière olympienne, forte de 60 buts en 210 matchs.
11 novembre 2007 - Gerets le lance dans le grand bain
Arrivé à l'automne, Eric Gerets récupère un OM relégable en Ligue 1. Après un premier succès historique à Liverpool, le Belge entend remonter la pente en poussant les recrues sur le banc, comme Zenden ou Cheyrou, pour qu'elles se remettent en question. Pour ce qui est des titulaires, il n'hésite pas à lancer le jeune André Ayew, alors âgé de 17ans, dans un match à Lyon. Le "fils de" se montre au niveau dans une rencontre que l'OM emporte 2-1 sur le terrain du champion en titre. Ayew profite du flop Moussilou pour devenir le troisième attaquant de l'équipe, derrière Djibril Cissé et Mamadou Niang.
31 août 2009 - Une expérience en prêt qui change tout
Après deux saisons en Ligue 1, dont une en prêt à Lorient, Ayew veut s'imposer à l'OM. Mais son cas est un sujet délicat en interne. Son parrain, Pape Diouf quitte la présidence du club. C'est tout juste si Ayew ne doit pas s'entraîner entre les voitures sur le parking de la Commanderie. Le dernier jour du mercato, il part en prêt à Arles-Avignon, tout juste promu en Ligue 2. Un choix par défaut qui se révèle vite être un coup de maître. Champion du monde U20 avec le Ghana à l'automne, le jeune André revient transfiguré dans le Vaucluse et Michel Estevan accepte de le faire jouer dans l'entrejeu. Seul ou presque, avec un quasi sans-faute sur la fin, il fera monter son équipe dans l'élite avant de s'envoler pour le Mondial Sud-Africain où il fera un huitième mémorable contre les Etats-Unis.
14 août 2010 - Il se fait une place dans l'effectif
Révélation du Mondial, convoité en Bundesliga, Ayew profite des couacs du mercato de l'OM pour se faire une place dans l'effectif. Avec les départs de Mamadou Niang, Fernando Morientes, Bakary Koné et Hatem Ben Arfa, il y a des places à prendre. Dès la deuxième journée, André marque son premier but en Ligue 1 à Valenciennes avec la rage qui le détermine. Les dirigeants ont beau avoir multiplié son salaire par cinq pour le garder, il est de loin le meilleur coup du club au mercato. Didier Deschamps, qui le connaît bien, sait qu'il tient un joyau mais il entend le polir correctement. Les deux premiers chocs de la saison, à Paris et à Stamford Bridge contre Chelsea, Ayew les démarre sur le banc.
20 mars 2011 - Il devient le meilleur joueur de l'équipe
Dans une équipe où Lucho déprime depuis le départ de Niang, où Loïc Rémy est branché sur courant alternatif et où Gignac fait débat, André Ayew devient progressivement le meilleur joueur de l'équipe. Olympien le plus remuant contre Manchester United sur les deux matchs de Ligue des champions, il marque le but de la victoire contre le PSG dans un Classique que les Marseillais doivent gagner sans Lucho, marqué par un cambriolage quelques jours plus tôt. L'ailier gauche, qui n'oublie pas que lui, il n'a pas été champion l'année précédente, tient son équipe à bout de bras. Il est également prépondérant dans la victoire en coupe de la Ligue. Mais il doit se contenter de la seconde place et d'une nomination aux meilleurs espoirs de la Ligue 1. Il remporte tout de même haut la main le "Phocéen d'Or".
27 juillet 2011 - Il gagne un trophée presque tout seul
D'accord ce n'est qu'un trophée des champions. Mais l'émotion, comme la décrivait Bielsa récemment, était bien au rendez-vous. Mené 3-1 par le LOSC d'un Eden Hazard en pleine bourre à dix minutes de la fin, l'OM l'emporte finalement 5-4 avec un triplé d'André Ayew, qui score deux fois dans le temps additionnel. Dont un penalty à la toute fin qu'a obtenu son frère Jordan. Les deux fils d'Abedi Pelé deviennent l'emblème du club sur les réseaux sociaux, alors qu'ils avaient déjà inscrit ensemble les 4 buts de la dernière victoire de la saison précédente contre Nice. André devient pour sa part un véritable cadre et il le prouve alors que les difficultés arrivent. Quand l'équipe est huée pour la réception d'Ajaccio, au plus haut des tensions entre Deschamps et Anigo, c'est lui qui inscrit un doublé et ce, même s'il avait raté un penalty en début de match.
22 février 2012 - Une campagne de feu en Ligue des champions
Déjà, à l'automne, en Ligue des champions, il avait été le meilleur olympien contre Dortmund avec un doublé à l'aller et une tête sur corner au retour. Pour la réception de l'Inter Milan en huitième de finale de la Ligue des champions, il est au four et au moulin. Comme un symbole, il est récompensé à la 90e minute sur un corner où il remue encore comme personne. Peut-être la dernière victoire de l'OM contre une équipe plus forte qu'elle sur le papier depuis le succès de début mai contre Monaco... où Ayew a également marqué. Touché à l'épaule, il finit la saison en serrant les dents, acceptant de filer à l'infirmerie qu'une fois la terrible série de défaites enrayée.
3 novembre 2012 - Une escalope dans la chaussure
A son arrivée, Baup en fait un titulaire indiscutable à gauche. Avec Valbuena dans l'axe et Amalfitano à droite, l'entraîneur veut "trois numéros 10". Ca tombe bien, André a pris ce numéro, celui qu'avait son père 20 ans auparavant. Dans les faits, Ayew travaille énormément sur son côté gauche et vient placer des têtes salvatrices pour donner de précieuses victoires, comme contre Saint-Etienne. Indispensable à l'OM, il doit jouer même quand il n'est pas à fond. En novembre, alors qu'il est touché au pied, il démarre avec une escalope de poulet dans la chaussure pour surmonter la douleur à Ajaccio. Et il marque, bien évidemment.
1er septembre 2013 - Les faux adieux
Conscient qu'André Ayew est en fin de contrat en 2015 et qu'il ne pourra pas le prolonger, Labrune assure à son joueur que la porte est ouverte. A quelques heures de la fin du mercato, il reçoit une offre de Newcastle, bien loin de la barre des 10 millions qu'il s'était fixé. André Ayew pourrait hausser le ton, aller au clash. Mais ce n'est pas dans son état d'esprit. Le soir, l'OM joue contre le Monaco de Falcao. Ayew se donne comme jamais, se disant que les émissaires de Newcastle allaient peut-être faire le nécessaire. Mais les Phocéens s'inclinent finalement (1-2) et la surenchère ne viendra jamais. Ayew reste au club et se blesse en sélection au moment où Baup envisage de le faire repasser au milieu dans un 4-3-3.
4 avril 2014 - Encore un triplé dans l'adversité
Ayew revient au coeur de l'hiver, alors que José Anigo a pris place sur le banc. L'entraîneur et directeur sportif est plus que jamais contesté par les supporters. Pour la réception d'Ajaccio début avril, le Vélodrome siffle presque sans s'arrêter son équipe, son coach, sa direction. Mais dans ses moments-là, André Ayew prend comme d'habitude ses responsabilités. Repositionné sur l'aile gauche, il inscrit un triplé. Il finit la saison avec un but contre Guingamp. Dans une saison où l'état d'esprit des joueurs a souvent été critiqué, André Ayew le guerrier est épargné, même si personne ne se dit qu'il est le dernier concerné lorsqu'on parle de soucis d'egos dans le vestiaire.
23 septembre 2014 - Un coup du foulard
A l'intersaison, André Ayew devait quitter le club. Vincent Labrune s'était déjà préparé en recrutant Romain Alessandrini. Mais le dernier jour du mercato, il n'a qu'une proposition de Hull à se mettre sous la dent. Alors il décide de rester et de quitter le club en fin de contrat, espérant partir sur un titre de champion. Ca ne sera pas le cas. Mais Ayew n'a pas à rougir de sa saison. Pour la première journée, Bielsa l'avait mis sur le banc. Au moment de rentrer, il avait dit à son adjoint "je joue où vous voulez" comme si la communication n'était pas au beau fixe entre les deux camps. Au final, il a pris part à toutes les grosses victoires de la saison, celles par plus de trois buts d'écarts (Nice, Rennes, Reims, Toulouse, Lens, Lille, Bastia) malgré un départ à la CAN. Contre Reims, il s'offre même un coup du foulard, nommé dans les plus beaux buts de la saison. Surtout, malgré son successeur donc, Alessandrini, malgré Thauvin, le bijou présidentiel, malgré Ocampos, le souhait de son entraîneur, Ayew a toujours été le choix numéro 1 sur les côtés. Lui, c'était le chouchou du public.