Il y a deux étés de cela, Mario Lemina était sacré champion du Monde U20 avec Paul Pogba, Geoffrey Kondogbia, Kurt Zouma ou encore Lucas Digne. Il y a quelques semaines, le joueur de l'OM a pourtant accepté de rejoindre la sélection... du Gabon, renonçant par là même à retrouver ses camarades, déjà appelés, eux, par Didier Deschamps dans l'année avec les A. Preuve que tout ne s'est pas passé comme prévu pour le milieu de terrain, recruté en septembre 2013 pour 5 millions d'euros tout de même. Mais la preuve aussi, peut-être, que Mario Lemina en a fini avec les rêves et les illusions. Il ne rattrapera peut-être jamais son ancien camarade dans l'entrejeu qui fait aujourd'hui les beaux jours de la Juventus. En attendant, il va remettre le bleu de chauffe pour reprendre le fil de sa progression avec un premier défi : s'imposer, enfin, dans cette équipe de l'OM.
Pour l'instant, à son poste de prédilection, les supporters rêvent de sang frais en provenance d'Amérique du Sud, ses dirigeants veulent satisfaire leur coach avec Kanté et Veretout. Il le sait et ne pipe mot, cela fait partie du jeu. Le mercato, Lemina connaît, il sait que si l'OM ne parvient pas à recruter en défense, on fera peut-être de lui la doublure de Brice Dja Djédjé, qui pourra lui-même aller suppléer Mendy sur le côté gauche. Mais il sait aussi qu'il y a peut-être un coup à jouer si Marseille ne parvient pas à signer deux joueurs au milieu, comme le souhaitait initialement Bielsa. L'été dernier, il avait l'occasion de prendre un rôle en défense aux côtés d'Nkoulou et Morel. Mais sa blessure lors d'un match de préparation à Bari l'a freiné, alors qu'il semblait en mesure de jouer ce rôle si particulier dans le système Bielsa de "voltigeur", entre la défense et le milieu de terrain, au gré de la tactique de l'adversaire. Il a finalement retrouvé du temps de jeu avec les suspensions, au coeur de l'automne, au Parc des Princes ou contre Bordeaux, puis il a profité de l'expulsion de Romao contre Lens, pas au goût de Bielsa. Sauf qu'en janvier, Lemina a récolté à son tour un carton rouge évitable, à Rennes, avec trois matchs de suspension en prime. Au final, le bilan est mitigé. Certains se demandent même s'il n'a pas été meilleur à droite qu'au milieu, où il a semblé parfois perdu, comme lors de la réception du PSG.
Il partirait même avec une longueur de retard sur Romao, qui a montré avec Imbula qu'il était capable de ne s'occuper que des basses manoeuvres pour mieux laisser son partenaire dans l'entrejeu briller, alors que Lemina est naturellement plus porté vers l'avant. Un constat juste, mais qui n'était peut-être d'actualité qu'avec le nouveau joueur de Porto. Arrivés presque en même temps, figures importantes tous les deux du fameux projet Dortmund, Lemina et Imbula ont souvent été associés, représentant sur le papier la doublette au milieu la plus prometteuse. La complémentarité n'a pourtant jamais été éclatante une fois le coup d'envoi sifflé sur le rectangle vert. Mais cela vient peut-être aussi du caractère de Giannelli Imbula, qui n'a jamais vraiment porté son camarade dans son coeur. Avec Kanté ou avec Veretout, la donne peut être différente pour Lemina. Il va de toute façon falloir en passer par là pour être indispensable.