Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres, c'est peut-être ce que doit se dire en ce moment Vincent Labrune, emmuré dans sa retraite médiatique depuis son "putsch" raté contre son entraîneur. Sonné et affaibli par le communiqué de sa patronne en début de semaine, le président marseillais compte aujourd'hui les rares soutiens qu'il lui reste en attendant, peut-être, des jours meilleurs. L'homme de communication sait que l'actualité d'un jour n'est pas celle du lendemain et qu'il suffit, parfois, d'allumer les bons contre-feux pour éloigner les mauvais esprits. En attendant, Vincent Labrune nettoie ses plaies et mesure combien il est douloureux de se retrouver dans le camp de la disgrâce, lui qui, jusqu'à présent, a toujours fréquenté le camp adverse.
De l'autre côté, il y en a un qui semble revenir des royaumes des ténèbres et se pince de se voir toujours debout. Pour être franc, personne, lui compris, ne voyait Michel revenir entier du conciliabule de Zurich. Sa convocation express en jet offrait aux éditorialistes une formidable occasion d'illustrer la parabole du siège éjectable, mais il n'en fut rien. Au contraire, le Madrilène a non seulement sauvé sa peau, mais il a récolté au passage plusieurs lignes de louanges pour le moins inattendues. Certes, personne n'est dupe sur les raisons de ce maintien, mais si on pouvait anticiper l'aspect économique et le refus de MLD de débourser les 2,5M€ nécessaires au divorce, il était difficile de le voir survivre au détriment de son président.
Revigoré par cet aller-retour sans casse au-dessus des Alpes, Michel s'est même offert un deuxième bol d'oxygène dans la foulée, cette fois-ci avec les supporters. Non convié au départ, Michel a eu le nez creux en s'invitant jeudi à la réunion joueurs-supporters. Et ce qui pouvait ressembler à un deuxième traquenard pour lui s'est, une nouvelle fois, avéré être un succès. "Je n'ai pas été invité à la réunion, mais je voulais être aux côtés de mes joueurs. C'était important, expliquait-il vendredi en conférence de presse. Les supporters nous ont fait comprendre les choses, et quand les gens parlent avec le coeur...". Son coeur, Michel l'a visiblement laissé parler, lui aussi, devant ce parterre de fans pas vraiment acquis à sa cause au départ. Un courage et une sincérité qui n'ont pas échappé à ses interlocuteurs. "Il a pris longuement la parole et il a bien parlé, explique le président des Dodger's, Christian Cataldo. De toute façon, on a toujours dit que la cause des problèmes était la direction et l'actionnaire. Les joueurs et l'entraîneur ne sont que les effets. Personnellement, j'ai senti que Michel était investi et qu'il donnait son maximum. On a compris qu'il ne pouvait pas faire mieux avec ce qu'il avait sous la main".
On peut évidemment penser que l'Espagnol a une nouvelle fois fait étalage de sa grande dextérité dans l'art d'ouvrir un parapluie, mais ce face-à-face qu'il a lui-même provoqué a eu le mérite de briser l'armure. De montrer aux supporters qu'il y avait une personne en chair et en os derrière le sourire Ultra-Brite des conférences de presse et qu'il y avait une souffrance commune qu'il est toujours plus utile de partager. Ce faisant, Michel s'est offert un minuscule répit tout en aidant, peut-être, ses joueurs à prendre conscience de la situation. Dimanche, ils auront les cartes en main pour prolonger, ou pas, le sursis de leur entraîneur. Car, encore une fois, l'actualité du jour...