L'OM est tombé dimanche soir dans un Parc des Princes qui s'éloigne de plus en plus de l'ambiance d'un sommet du championnat. Récit.
À la base, cela devait être un compte rendu de l'ambiance de ce Clasico. Comment un simple suiveur peut faire partager, par quelques lignes, ce qu'est vraiment un match au sommet PSG-OM, le vrai match de Ligue des Champions de la semaine pour le foot français. Mais à la lueur de l'avant-match, le papier a pris une autre forme, beaucoup moins conventionnelle. Parce que, finalement, l'herbe n'est pas plus verte ailleurs, malgré l'image que l'on veut renvoyer depuis la capitale. Elle vire carrément au doré.
Tout est différent. Jusqu'à notre étage, celui de la presse, où le pique-assiette venu encourager son club est fleurissant. Pour la neutralité, et surtout la retenue de rigueur, on repassera. Paris est grand, riche, clinquant, on le sait. Mais une tribune de presse n'est pas une annexe de la corbeille pour aspirants VIP en mal de pass du même nom. Des Clasicos plus ou moins bons, on en a suivi un paquet depuis quelques années maintenant, mais la part réservée au football, le vrai, celui qu'on aime, est en train de passer au deuxième plan. Désolant.
Finalement, il est là le Parc, que l'on vante à longueur de semaine, et qui reste, du moins de l'intérieur, une superbe arène. Mais au final, qu'est-il vraiment ? Siffleur souvent, insulteur à chaque occasion, même si le Vél' n'est pas en reste à ce niveau là, soyons honnêtes. Chanteur ? Rarement, et là, le public du boulevard Michelet prend plusieurs longueurs d'avance. Ce stade du XVIe arrondissement, l'une des plus grosses ambiances de France pendant des années - pas toujours très saine il est vrai - n'est plus qu'un parc d'attractions pour touristes aux poches pleines, ou presque. Mais sommes-nous protégés de tout ça à Marseille ? Pour l'instant, oui. En prend-on la direction ? Peut-être, car il faudra bien payer notre écrin, et les cracks que les supporters réclament sur la pelouse.
Nul n'est aujourd'hui à l'abri d'un lissage par l'argent. Ce dernier étant le rouage essentiel pour propulser le club parisien parmi les grands d'Europe. Mais les supporters sont-ils aujourd'hui plus heureux ? Faut-il passer par ces ambiances aseptisées à coup d'animations bling-bling et de drapeaux unis et distribués à l'entrée pour rejoindre les cadors européens ? N'y a-t-il pas d'autres voies que celle de la discrimination par l'euro qui empêche plusieurs centaines de supporters marseillais de faire le voyage tant attendu ? Il y a encore cinq ans, on pensait cela impensable à Paris, tant le club avait un noyau dur d'aficionados qui suivaient le club sur tous les continents. Pourtant, la réalité est là, même s'il est hors de question de dénoncer le nécessaire travail réalisé il y a quelques années pour nettoyer Boulogne et Auteuil des tâches qui n'avaient rien à y faire.
On parlait, il n'y a pas si longtemps, d'un rachat de l'OM. Aujourd'hui, est-il souhaitable ? Rien ne permet de répondre par l'affirmative. Le jour où QSI quittera la capitale, ce qui se passe déjà avec le mécène de Lens, que restera-t-il derrière ? Alors, certes, Paris gagne le championnat tous les ans, et ici, on ne cracherait pas sur une telle domination. Mais où est le mérite, la vibration, le vrai bonheur ? N'y a-t-il pas plus à envier à la situation de Lyon, qui cherche à faire éclore une jeune classe formée au club, ou à l'OM, dans un projet original dirigé par un chef d'orchestre charismatique aux méthodes nouvelles et inspirantes ?
OK, cette question, les autres et tout le reste ne sont pas dénués d'un zeste de mauvaise foi, mais ces constats restent d'actualité et ces questions méritent d'être posées, et ce, même si le résultat avait été inversé. Libre à vous de les commenter.