Ce devait être une fête, la fin d'une hégémonie. Ce fut un cauchemar. Pour le record d'affluence de l'histoire du stade Vélodrome, l'OM s'est pris la fessée de sa vie contre le Paris Saint-Germain (1-5). Un score d'une rare violence qui ne fera peut-être autant mal au crâne que d'autres déconvenues à domicile face au même adversaire, en 2003 (0-3) ou 2014 (2-3), quand l'équipe marseillaise pouvait croire au titre avec une victoire. Là, l'OM joue la cinquième place du championnat alors que Paris navigue dans des eaux bien plus claires. A vrai dire, dès le début du match, même si les joueurs de Garcia ont pris le match par le bon bout, il était difficile de nier que les deux équipes n'avaient rien à voir : on avait même l'impression de revenir une quinzaine d'années en arrière, quand les Johansen, Sylvain N'Diaye et Vachousek devaient affronter Zidane, Figo et Roberto Carlos en Ligue des champions. Ce n'était qu'une question de temps. D'un côté il y avait de l'envie qui pouvait laisser penser que sur un malentendu... Mais le talent du PSG a rapidement mis tout le monde d'accord. Ils ont ensuite été sans pitié, ce qui change peut-être par rapport aux saisons précédentes, lorsque c'était l'équipe de Zlatan, un joueur qui aimait bien marcher.
Autre hypothèse, les joueurs du PSG se sont motivés (ou ont été motivés) pour appuyer là où ça fait mal, après une communication de l'état-major marseillais qui ambitionne de les challenger dans un futur proche. Paris s'est donc peut-être fait un plaisir de rappeler qu'il y avait du chemin à parcourir avant de les rattraper. Deux jours avant le match, Rudi Garcia avouait qu'il avait un mauvais pressentiment, qu'il avait trop d'incertains (Evra, Rolando, Sertic, Sanson, Payet) pour bien préparer cette rencontre. En face, Unai Emery a dû mettre sur le banc Di Maria et Draxler, par précautions. Personne ne l'a remarqué puisque le choix numéro 3, Javier Pastore, a sorti un sacré match. Mais le numéro 3 du PSG, à Marseille, ce serait encore le plus gros salaire et le plus gros transfert... Garcia n'a lui pas pu se passer de certains et on a vu le résultat. Finalement, la seule satisfaction de la soirée, c'est le public du Vélodrome, qui a donné de la voix jusqu'à la fin, montrant à ceux qui en doutaient encore ce que c'était un vrai public de foot.
Un public qui a été réceptif aux demandes de sa nouvelle direction : le projet ambitieux, le vrai, ce sera pour la saison prochaine, patience. D'accord, pourquoi pas. Après tout, l'opération au classement n'est pas catastrophique puisque Saint-Etienne, qui était au coude-à-coude avec l'OM au classement, a perdu à domicile contre Caen (0-1). Et puis la recrue phare du mercato, Dimitri Payet, a prouvé par séquences qu'elle était capable d'inquiéter cette équipe de Paris. Il suffit juste d'attendre d'avoir 11 Payet. Et si le mercato d'hiver était un marché d'opportunités, tout devrait être plus simple cet été. C'est là que la direction sera jugée. Aussi sur son aptitude à trancher. En trouvant un accord pour se séparer à l'amiable de Lassana Diarra, la direction a prouvé qu'elle pouvait hausser le ton. Il ne faut peut-être pas sortir de jugement définitif après deux mauvais matchs d'Evra, où il peut encore avoir l'excuse d'être diminué physiquement. Mais si cela perdure jusqu'en juin, il faudra peut-être en tirer les conclusions qui s'imposent. Pour être champion (project), il faut avoir l'exigence des champions.