La recette magique de Villas-Boas avec l'OM

La réussite d'André Villas-Boas est insolente pour certains. Pour d'autres, elle est plutôt le fruit d'un travail de tous les instants, d'un respect immense pour ses joueurs et de choix tactiques de haut niveau. Focus sur la recette qui fait du technicien portugais un des cadors de la saison footballistique.

La hiérarchie à outrance

L'un des préceptes les plus importants dans la gestion d'André Villas-Boas cette saison, c'est la hiérarchie. Si elle peut se bouleverser comme a su le faire Duje Caleta-Car, elle reste très importante. Ainsi, à Lyon, avec les absences, AVB a fait sa compo en suivant l'ordre hiérarchique derrière le onze type. Pas de Marley Aké, pas de Saïf Khaoui, mais un Maxime Lopez, doublure des relayeurs et une des options prioritaires au poste d'ailier droit. Les remplaçants le savent, ils ne joueront que si une place se libère dans le onze. C'est le cas par exemple de Kevin Strootman, qui a compris qu'il ne jouerait que si Caleta-Car, Alvaro ou Kamara venait à manquer à l'appel. En installant ses titulaires et en responsabilisant ses remplaçants, des premiers aux derniers comme Perrin ou Aké, Villas-Boas ne frustre personne, car la hiérarchie est installée et les résultats sont là. Il existe même une hiérarchie dans la hiérarchie qui place Mandanda, Alvaro, Rongier, Payet et Benedetto en tauliers absolus du 4-3-3 d'AVB.

Le coach copain

L'une des recettes également, c'est le concept de coach copain, qui peut parfois faire penser à ce qu'avaient vécu les joueurs marseillais à l'époque d'Eric Gerets, mais à l'époque actuelle, ce mode de gestion est quasiment inédit : à base de sourires, de calins, d'explosions de joie partagées dans le vestiaire et affichée sur les réseaux sociaux, là où le coach n'hésite à pas à chambrer ses joueurs et à plaisanter avec eux sur leurs tenues vestimentaires ou leurs modes de vie. Finalement, en scrutant bien ce qui se passe ailleurs dans le monde du foot, il n'y a qu'un entraîneur qui est connu pour utiliser aussi cette gestion extrêmement proche de ses joueurs, Jurgen Klopp. Une attitude moderne et à la fois très décalée avec ce qui se fait ailleurs. Les joueurs apprécient, les supporters aussi.

La maîtrise tactique

Mais le Portugais n'est pas que qu'un bon copain, il est aussi un tacticien hors pair, qui calcule tout, comme lorsqu'il évoque les écarts au classement en se projetant sur tel ou tel résultat, n'hésitant pas à dire qu'il aurait signé pour un nul à Lille par exemple. Le coach phocéen est en confiance et du coup ses coachings sont en réussite. Son style est indescriptible. Capable de pratiquer le pressing à outrance comme contre Brest ou Bordeaux à domicile, mais capable aussi de jouer très bas et de se projeter en contre en s'appuyant sur une base défensive extrèmement solide, comme à Angers ou à Saint-Etienne, l'équipe de Villas-Boas est un caméléon qui s'adapte à tout cette saison.

La communication osée

Enfin, comment ne pas parler de sa communication. Capable de critiquer tout ce qui ne lui plait pas et d'encenser tout ce qui lui sied, AVB est un OVNI dans ce monde où le contrôle de la communication est de rigueur, à l'image de Thomas Tuchel qui n'a aucun regret après s'être fait maîtriser à Dortmund ou de Rudi Garcia qui à chaque fois a presque gagné un match qu'il a finalement perdu. Et cette parole libre plait aux médias, comme aux supporters. D'ailleurs, André Villas-Boas n'a pas hésité à égratigner sévèrement les Marseillais parce qu'ils sifflaient Jordan Amavi ou pour leur propension à toujours avoir quelqu'un dans le viseur. Il n'empêche que les conférences de presse sous Garcia, devenues aussi pénibles que trois heures d'attente chez le médecin, sont redevenues un rendez-vous incontournable et attendu, comme à l'époque d'un certain Marcelo Bielsa.

Pourvu que cette recette parfaite continue de donner du gout à l'OM, le plus longtemps possible...