Fidèle à son habitude, Vincent Labrune n'a pas organisé une conférence de presse pour communiquer sur la situation de l'OM avant son passage devant la DNCG. Mais dans la soirée de lundi, "un proche du club" a détaillé à RMC Sport la situation phocéenne avant le grand oral devant le gendarme financier. Une explication partagée par les relais habituels du président sur les réseaux sociaux. Un plan bien huilé auquel le microcosme olympien est habitué. La teneur du message ? Un présent nuageux, mais les beaux jours arrivent, promis. Le club, qui va être déficitaire, veut vendre pour se renflouer à hauteur de 15 ou 20 millions d'euros avant le 30 juin. La vente d'Imbula apparaît donc comme primordiale, et il faudra envisager les départs d'Nkoulou, Mandanda ou Romao avant même la reprise le cas échéant. C'est que le club veut s'en sortir sans son actionnaire, et pourra compter sur des dynamiques en hausse de la billetterie, du sponsoring et des droits TV pour y parvenir dans les années à venir. Le budget du club devrait passer à 120 millions d'euros, ce qui est présenté comme une sacrée bonne nouvelle.
Sauf qu'il y a deux ans, il était de 125 millions. Qu'il était déjà question d'assainissement des finances, avec une réduction de la masse salariale en ligne de mire et d'un mercato où il allait falloir vendre avant d'acheter. Et si l'on remonte à la prise de fonction présidentielle de Vincent Labrune, en juin 2011, le discours n'était pas si éloigné. Au final, le montant des ventes estivales sur les quatre années de sa présidence est nettement inférieur aux seuls investissements de l'été 2013. En ce qui concerne les salaires, Nkoulou, Mandanda et Payet, comme André Ayew et Valbuena avant eux, ont signé leurs contrats ou leurs prolongations dans le bureau de l'ancien attaché de presse de France Télévision. Labrune est-il dans une spirale infernale, tel un pompier pyromane, assurant à tous vouloir combattre un incendie qu'il a lui-même causé ? La réalité pourrait être bien plus subtile.
En avril dernier, Christophe Bouchet nous livrait son point de vue sur la stratégie de communication de son successeur. Si la question portait sur sa sortie contre l'arbitrage après le match de Bordeaux, l'analyse était elle plus globale, avec un bel écho pour les évènements actuels : "Sa communication extérieure fait porter à tous les acteurs extérieurs les problèmes actuels de l'Olympique de Marseille. Les messages qu'il envoie, ils ne sont pas pour les supporters, au monde du football ou à Jean-Claude Gaudin, ils sont pour Margarita Louis-Dreyfus, sur le thème 'Si nous avons échoué, c'est que des gens se sont mis en travers de notre route'. Quand, après Bordeaux, il déclare que l'actionnaire a pu voir d'elle même ce qu'il se passait, il avait gagné son match personnel. Il a besoin de se justifier auprès de son actionnaire, car, vraisemblablement, les résultats sportifs de cette saison vont la contraindre à injecter de l'argent à l'intersaison, une nouvelle fois".
L'an dernier, l'OM jurait ses grands dieux qu'il fallait vendre avant d'acheter après une saison terminée à la première place non européenne du championnat. Mais Romain Alessandrini et Michy Batshuayi ont signé dès le mois de juin. Les annonces 2015 ne sont donc peut-être destinées qu'à rassurer l'actionnaire, à lui prouver l'envie de ne pas la prendre pour une vache à lait. Le meilleur moyen, in fine, de voir inscrit un beau montant sur le chèque d'MLD au moment de passer devant la DNCG. Car si l'envie est de faire sans son pouvoir financier, la tsarine sera à Paris vendredi pour défendre le bilan financier du club aux côtés de l'état-major olympien. C'est à croire qu'il faut en passer par là pour faire un mercato digne des ambitions de l'OM. Mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter, c'est peut-être l'exercice que Vincent Labrune maîtrise le mieux.
> L'interview de Christophe Bouchet sur la stratégie de Vincent Labrune en vidéo.